Formation "Inégalités de genre en Mathématiques" publié le 20/01/2022

Cette journée de formation sous le signe de l’égalité entre les filles et les garçons en classe de Mathématiques a été organisée par l’inspection pédagogique régionale, en présence de MM. Durand et Peyrot, IA-IPR de Mathématiques, avec l’aimable introduction de M. Hervé Fraile IA-IPR EVS et référent égalité filles-garçons pour l’académie de Poitiers.
Elle a été conçue et animée par Claudia Grillet, Sophie Nizet et Xavier Garnier, formatrices et formateur académiques. Une cinquantaine de collègues étaient réunis au lycée Marguerite de Valois, à Angoulême (16).

Objectifs de la journée

  • Comprendre l’influence des situations scolaires sur la construction des inégalités de genre en mathématiques (et sciences plus généralement).
  • Présenter des pistes d’intervention possibles pour lutter contre les inégalités de genre et favoriser l’engagement des filles dans les mathématiques (et les sciences plus généralement).
  • Mettre en œuvre les pistes d’intervention évoquées le matin.
  • Construire un espace de mutualisation des expérimentations.

Conférence de Sébastien Goudeau1, Maître de Conférences en psychologie sociale à l’Université de Poitiers

Résumé de la Conférence "La construction des inégalités de genre en Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques" par Sébastien Goudeau

Si les filles se montrent généralement plus performantes que les garçons à l’école, elles le sont moins en mathématiques et dans les matières scientifiques. Elles tendent également à avoir moins confiance en elles dans ces domaines et s’engagent moins dans des études en mathématiques et en sciences.
Ces écarts sont souvent perçus comme le reflet de différences de capacités et de motivation en raison des stéréotypes de genre (par ex., bosse des maths).
L’objectif de cette conférence sera de questionner cette conception de la réussite en mathématiques. Nous présenterons des résultats scientifiques qui montrent à quel point les performances et l’engagement en mathématiques peuvent être influencées par les croyances culturelles (stéréotypes) et plus généralement les situations scolaires (par ex., différentes formes d’évaluation).

La conférence en vidéo

Vidéo conférence Inégalités de genre en Mathématiques - Sébastien Goudeau (durée 1:23:06) (MPEG4 de 220.2 Mo)

Diaporama de la conférence

Diaporama de la conférence (PDF de 4.5 Mo)

Conférence "La construction des inégalités de genre en Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques" par Sébastien Goudeau - Décembre 2021.

Conclusions et synthèse des pistes d’actions retenues

Après avoir rappelé qu’une enseignante seule ou un enseignant seul ne peut pas déconstruire des stéréotypes fortement ancrés dans notre société (et doit donc relativiser, se défaire de toute culpabilité individuelle à ce titre), Sébastien Goudeau donne quatre pistes pour agir en classe en faveur de l’égalité filles-garçons :

  • Déconstruire les stéréotypes.
  • Donner à voir/étudier des « rôles modèles » (contre-stéréotypiques).
  • Développer une conception malléable de l’intelligence.
  • Développer une conception universelle de l’intelligence.

De plus, Sébastien Goudeau présente dans sa conférence la "menace du stéréotype". Il s’agit de l’effet négatif qu’un stéréotype peut avoir sur une personne appartenant à la catégorie d’individus visée par ce stéréotype. Rapportée à la salle de classe, s’il est admis inconsciemment par exemple que les filles réussissent moins bien en mathématiques que les garçons, le contexte de compétition (tel l’oral d’un concours par exemple) sera défavorable aux filles dont la charge mentale sera en partie mobilisée par la peur de confirmer ce stéréotype qui pèse sur elles.

Cela invite les enseignantes et enseignants à poursuivre deux types d’actions  :

  • Des actions principalement externes à la pédagogie : événements scientifiques ciblés pour les filles, interventions de "role-models" féminins, débats, etc.
  • Des actions principalement internes à la pédagogie, au cœur de la relation entre professeurs et élèves. Ce que nous apprend le concept de menace du stéréotype, c’est que ces actions pédagogiques n’ont pas à viser spécifiquement les filles. En effet, tout geste pédagogique qui évite de mobiliser la confrontation aux stéréotypes du type "les mathématiques, ce n’est pas fait pour moi" ou encore "on est tous nul dans la famille", etc ; tout geste qui sert en fait les élèves les plus fragiles, sert également à poser un contexte dans lequel les cibles de stéréotypes n’y sont pas renvoyées. Concrètement, il s’agit donc de favoriser  :
  • la coopération en classe plus que la compétition,
  • l’évaluation de type formatif comme étape indispensable avant le sommatif2,
  • l’explicitation des attendus, des objectifs et des méthodes d’enseignement et d’apprentissages,
  • l’empathie cognitive,
  • la bienveillance,
  • etc.

Production des stagiaires

  • Piste d’action : Organiser un événement
  • Piste d’action : Développer la confiance en soi
  • Piste d’action : Favoriser la coopération plutôt que la compétition
  • Piste d’action : Sensibiliser aux stéréotypes de genre
  • Piste d’action : Favoriser l’étude de "role-models" aussi féminin
  • Tableau récapitulatif des actions
Tableau récapitulatif des actions (PDF de 71.9 ko)

Formation "Inégalités de genre en Mathématiques" - Académie de Poitiers - Décembre 2021.

Autres ressources sur l’égalité filles-garçon en mathématiques

  • Femmes et mathématiques : l’association organise le mercredi 2 février 2022 de 17h à 18h30 un speed-meeting en ligne pour les lycéennes de la seconde à la terminale intéressées par les débouchés après des études à forte composante mathématique. S’inscrire.

(1) Après avoir exercé plusieurs années le métier de professeur des écoles, Sébastien Goudeau a réalisé une thèse en psychologie à l’Université de Poitiers. A l’issue de sa thèse, il a été plusieurs années Maître de Conférences en psychologie sociale à l’Université Paris Descartes, et est aujourd’hui Maître de Conférences en psychologie sociale à l’Université de Poitiers. Il est rattaché au Centre de Recherches sur la Cognition et l’Apprentissage (UMR CNRS 7295) où il effectue ses recherches qui portent sur l’influence du contexte (croyances culturelles, organisation du système éducatif et situations scolaires) sur l’apprentissage et les performances des élèves. Ses recherches sont réalisées sur le terrain, en contexte de classe, de la maternelle à l’université. Il a publié en 2020 l’ouvrage « Comment l’école reproduit-elle les inégalités scolaires ? » aux éditions Grenoble Alpes Université/ Presses Universitaires de Grenoble.

(2) On pourra consulter à ce titre le Vademecum de l’évaluation en Mathématiques réalisé dans le cadre d’une formation dédiée.