Aborder le thème des enfants en temps de guerre publié le 21/03/2022

Si vous souhaitez vous informer ou travailler sur le thème des enfants face à la guerre, le Centre National de la Littérature Jeunesse nous permet d’accéder librement, en ligne, à un texte de Elzbieta Violet, artiste d’origine franco-polonaise née en 1936 en Pologne, qui a connu, enfant, la guerre, la mort de ses proches et l’exil (à Mulhouse sous l’Occupation occupée, puis dans le Kent). Connue comme « autrice jeunesse », en particulier de l’album Flon-Flon et Musette qui explore les visages de la guerre à travers le regard de deux lapereaux, elle est décédée en 2018 .

ENFANTS EN TEMPS DE GUERRE

BNF- CNLJ

Lors d’un colloque sur Enfants en temps de guerre et littératures de jeunesse (XXe-XXIe siècles), dont les actes ont été publiés en 2013, elle a donné une conférence inaugurale dont les mots résonnent avec une ardeur et une intelligence exceptionnelles en notre époque. Alors qu’aujourd’hui, en mars 2022, les enfants représentent la moitié des réfugiés ukrainiens, il n’est pas vain, en effet, d’écouter le message qu’Elzbieta nous lance : message d’espoir pour les enfants, mais aussi, face aux périls qui les menacent, appel à la responsabilité des adultes.

« La guerre m’a coupée, dès la petite enfance et pour toujours, de tout ce qui devait être mon héritage naturel, ma dotation sociale : langue, pays, parents, famille, milieu. […] Cela dit, et contrairement à ce que l’on imagine volontiers, mes souvenirs à propos de ces aventures difficiles, ne sont pas uniquement négatifs et pénibles, et c’est sur cet aspect-là que j’aimerais, aussi, pour une fois, attirer l’attention.
Un enfant en difficulté n’est pas, sauf cas extrêmes, définissable uniquement par ce seul aspect de sa personne. Il n’est pas uniquement un orphelin de guerre, un exilé, etc. »

« Comme tout être humain, chaque enfant recèle une pensée personnelle. Une conscience. Il a pour tâche de se construire une vie privée. Une pensée sur le monde. Cela fait partie de ses devoirs. La manière dont les enfants se débrouillent face aux accidents de la vie, aux guerres et à l’exil, est leur affaire. Et, sans doute, y en a-t-il qui s’en sortent. Leurs ressources sont des secrets que nous ne connaissons pas.
En revanche, ce que leur font les adultes dans ces circonstance, est une toute autre question.
La représentation stéréotypée et figée que nous nous faisons de l’adversité d’autrui et de notre façon d’y répondre est, me semble-t-il, ce qui menace le plus gravement les enfants. Leur autonomie subjective, leur représentation d’eux-mêmes, se voit dissoute, niée, refusée au profit d’un classement collectif dans une catégorie sur laquelle ils n’ont, bien souvent, aucune prise. »

Parce que le regard que nous portons sur les enfants peut aussi constituer un piège qui les enferme du dedans, ce texte nous invite à réfléchir et à interroger notre posture d’adulte, d’enseignant, de citoyen.