Frida Kahlo « Autorretrato en la frontera » : Espagnol (A2 / B1)) / Histoire des Arts publié le 02/04/2015  - mis à jour le 23/06/2017

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B) Étude du tableau en classe avec les élèves :
On attirera l’attention des élèves sur la binarité du tableau en zoomant sur deux objets très différents : pyramides et fumées des tuyaux, pour montrer l’opposition entre le passé et tradition, avec le présent ou l’avenir et le modernisme.
Les deux drapeaux mexicain et américain pourront apporter la lumière sur les deux pays qui sont évoqués et s’opposent : le Mexique et les USA.
Les élèves décriront la partie gauche (Mexique) en l’opposant à celle de droite (Amérique du nord).
On fournira le lexique nécessaire que les élèves demanderont, pour les aider à décrire le tableau :

  • Las estatuas - Las muñecas - La pirámide azteca - Las plantas - La calavera - La naturaleza - El pasado antiguo
  • Los rascacielos - Las máquinas - Los cables - El humo - La contaminación - La bandera - El modernismo

Ils auront besoin aussi de la langue pour le commentaire analytique : «  sugerir, aludir, simbolizar, yuxtaponer, oponer  ».
Puis les élèves en viendront à se centrer sur la protagoniste en position centrale (ses vêtements, son attitude, son visage, le drapeau qu’elle tient d’une main, et de l’autre la cigarette).
On complètera le lexique au fur et à mesure : una mujer, vestir guantes, lucir un traje de gala rosa, tener un cigarillo et en zoomant sur le socle avec l’inscription gravée « Carmen Rivera pintó su retrato, el año 1931 ». On amènera les élèves à commenter la différence entre l’artiste-peintre Frida Kahlo et la femme Carmen Rivera du peintre Diego Rivera.

La position centrale de la protagoniste sera à mettre en relation avec le titre « En la frontera », située entre deux pays, deux civilisations et on induira son origine mexicaine, espagnole, juive allemande, en somme sa multi culturalité.
L’air pensif de la protagoniste « parecer meditativa, pensativa », sa position statique « estar de pie » suggèrent le déchirement auquel est soumise la femme (doit-elle renoncer au Mexique, son passé et se tourner vers l’avenir : l’Amérique du Nord ?).

Et c’est son histoire personnelle puisqu’elle a émigré avec Diego Rivera temporairement aux USA, d’où le titre de « Autorretrato en la frontera ». Cette femme « en la frontera » n’est-elle pas le symbole de tous les postulants à l’émigration des pays d’Amérique Latine vers les USA ? (cf. les films « Sin nombre », « Los Mojados »…).
On aidera à l’expression : la emigración a / dejar a/soñar con/ anunciar/ no sólo… sino también/ la historia de …/ Latinoamericanos…

On conclura sur la dénonciation portant sur plusieurs niveaux : social/ historique/ personnel/ culturel.

  • Le déchirement personnel de l’artiste entre deux cultures (celle du Mexique ou celle des Etats-Unis).
  • Le déchirement culturel entre un passé glorieux et un présent ou avenir plus sombre.
  • Le déchirement entre un milieu naturel authentique et un environnement moderne, sculpté par le progrès technique aux dépens du milieu naturel (dimension écologique).
  • Le déchirement entre un monde authentique, basé sur des valeurs simples et traditionnelles, et un monde basé sur le développement de l’industrie, comme le symbolise le métal, matière sur laquelle cet autoportrait a été peint (denunciar el desgarro/ un mundo auténtico/ moderno).

On abordera la distanciation de la peintre Frida Kahlo par rapport à la femme Carmen Rivera. Est-ce un autoportrait de la femme de Diego Rivera ou de la femme devenue peintre ? (ser la mujer de… o la pintora/ un pasado histórico/ un pasado bonito, sencillo, auténtico/ un porvenir moderno, contaminado/ el progreso/ el metal/ distanciarse de…).

Et l’on terminera sur l’engagement polymorphe du tableau peint par l’artiste : expliquer en quoi cette peinture est une œuvre engagée :

  • au niveau personnel : la femme qui s’affirme comme artiste autonome et non pas comme seulement la femme d’un artiste (cf. le socle différent du titre du tableau).
  • au niveau artistique : le choix d’une peinture sur métal, dépouillée et naïve renvoyant à une tradition préhispanique, avec des référents indigènes.
  • au niveau politique, économique et culturel : l’opposition de deux mondes, l’un tourné vers un passé mythique idéalisé, l’autre représentant le progrès d’un monde libéral, industriel et capitaliste, qui symbolise l’avenir.