En aguas quietas, court métrage de Astrid Rondero publié le 22/02/2012  - mis à jour le 24/04/2019

“In still waters”

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Analyse des noms propres et du titre.

Aucun lieu n’est mentionné dans ce court métrage. Cela renforce l’impression de mystère. Même si la « mexicanité » est évidente et omniprésente, on peut y voir une volonté d’universaliser le message du court métrage.

Les prénoms, quant à eux, sont peut être chargés de sens. Ana, prénom conventionnel et classique pour un pays hispanique, évoque très bien la jeune femme fragile, soumise du début qui ne peut pas partir. « Te vi cuando te marchabas, quería irme contigo ».

Le prénom de Mar, en revanche, est différent. Il évoque l’infini, ce n’est pas un prénom, c’est un nom qui suggère l’immensité, l’ailleurs, le départ et le voyage. Mar incarne la liberté : “en un año mi vida era mía y de nadie más”. Il représente l’antithèse du terruño qu’abandonne Ana. Il peut évoquer, aussi, la sérénité d’une femme qui a accepté son identité ; elle se retrouve maintenant « en aguas quietas » au-delà de la tempête identitaire que vient de traverser Ana.

Les regards

Le court métrage est construit autour des regards, tout se dit et tout se comprend à travers le regard de l’autre, par exemple le regard d’Ana, surprise de voir une voiture s’arrêter devant elle alors qu’elle est assise par terre, près de sa valise et ne sollicite aucun conducteur et ne fait pas « d’auto-stop ».

Ses yeux s’agrandissent lorsqu’elle reconnaît la personne qui s’arrête mais le spectateur ne comprend pas car aucun mot ne vient justifier l’intensité du regard. Le regard d’Ana encore à la fin du court métrage qui marque intensément son indécision près de la voiture de Mar. Va-t-elle partir comme le lui suggère Mar raisonnablement en lui approchant sa valise ? Va-t-elle écouter son cœur et rester ? Aucun dialogue et pourtant le spectateur suit à la seconde la pensée d’Ana sur son visage et le courage de Mar qui accepte qu’Ana puisse s’éloigner mais dont le regard s’illumine lorsque, sans un mot, elle monte dans la voiture.

Tout est dit également dans le regard de Mar qui, après avoir fui, revient libérée et forte vers son village et découvre en se regardant dans les toilettes qu’elle peut encore aimer et s’adresse alors, dans le miroir, un regard de pur bonheur.

Message du court-métrage.

Le langage cinématographique dans ce court métrage est d’une grande richesse. Ce n’est pas un hasard s’il a été réalisé en collaboration avec la UNAM et son « centro universario de estudios cinematográficos ».
Il semble, également, que le film se présente comme un plaidoyer. La réalisatrice Astrid Rondero porte un message de tolérance et fustige un certain Mexique rural, délabré comme la gasolinera du début.

Niveau souhaité.

B2 Classes de terminales. Travail de réception assez difficile dû à une diction parfois rapide et à un accent mexicain authentique.
Par ailleurs le sens du film requière la maturité d’élèves presque adultes et ne s’adresse pas à de jeunes adolescents.

Compétences linguistiques.

  • Le dialogue. Le tutoiement.
  • Les temps du passé.
  • L’aspect de l’action au passé, (prétérit et imparfait) La última vez que te vi, tenías como catorce años.
  • L’imparfait du subjonctif au lieu du conditionnel. No sé lo que me hubiera pasado si no te hubieras detenido.
  • L’emploi du subjonctif présent dans la proposition complétive : es una concidencia que nos hayamos encontrado, lo importante, es lo que creas tú.
  • Les rappels d’une rencontre passée : cuando te fuiste, creo que era más chiquita que tú cuando me fui.
  • La négation : no sé, no te preocupes, no me tienes que decir nada, no hay nada que hacer aquí, no era de nadie más.
  • Le qu’en dira-t-on : ¿ es verdad lo que dicen ?,la gente dice muchas cosas, otras son ciertas, otras no tanto.
  • L’inquiètude / l’apaisement : no sé / no te preocupes, no me tienes que decir nada / te juro que te entiendo, lo que importa es lo que creas tú.

Mexicanismes à élucider : “Pos”, "Estabas bien chiquita”, “Quieres una chela” (una cerveza).