Le texte long publié le 08/07/2010  - mis à jour le 24/04/2019

Compte rendu d'une journée de formation

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La mudanza de Adán

La mudanza de Adán, Luis GARCIA MONTERO, Anaya, 2002, serie Sopa de libros.


La mudanza de Adán : lecture individuelle du texte

  • Réactions, échanges, sur l’intérêt du livre et la classe destinataire pressentie ou le niveau.
  • Documents complémentaires pour accompagner, préparer et enrichir la lecture du texte long.
  • Tâches de ‘fin de séquence’ ou prolongements à cette lecture.

1. Dégager la composition du texte de LGM, en faisant apparaître son fil directeur et sa dynamique. (base d’un découpage en ‘étapes’ pour la classe ?)
Etablir le parallélisme entre la fable du déménagement et le parcours mental du protagoniste :
du refus initial de toute communication avec la réalité (refus de discuter avec le déménageur, incapacité à préparer son déménagement) à l’acceptation de la nouvelle maison, de se mettre à réorganiser sa bibliothèque, à ouvrir une nouvelle page de sa vie…
Réfléchir sur le titre du livre :

  • La mudanza à double sens ? Quel Eden pour Adán ?
    Cf. doc. complémentaires :
    • texte de Gioconda Belli « Adán y el Edén ».
    • dessin de Mingote « La mudanza de los tiempos »

2. Le narrateur et le point de vue narratif dans La mudanza.
LGM définit son livre comme une «  fábula moral  », autrement dit un petit récit, (en vers ou en prose) destiné à illustrer un précepte : il s’agit donc de réfléchir, à partir d’événements ou de situations quotidiennes, sur les actes et la conduite, ou sur ‘l’ordre idéal de la vie’, cela dans une langue coloquiale. Ce parallélisme est clair et permanent entre le récit du déménagement et le parcours mental du protagoniste.
Le narrateur, celui qui raconte, est extérieur à l’histoire, il parle à la 3° personne, en témoin, des événements qu’il observe, des conversations qu’il entend, de ce que vit son personnage, Adán.

  • Le point de vue choisi par l’auteur pour la narration est alternativement externe et interne, glissement régulier et systématique de l’un à l’autre pour énoncer des réflexions et des préceptes à partir de faits concrets vécus par Adán.
    • l.10, 11 : Los tonos neutros sirven para…
    • l.42 : La desordenada avalancha de las rutinas…

Les outils syntaxiques de ces glissements :

  • le passage du singulier au pluriel :
    • l 7 la neutralidad
    • l 11 los tonos neutros
    • l 257 la casa vacía,
    • l.260 las casas vacías,
    • l.268 en las bibliotecas
  • le passage à une implication du narrateur ou généralisation, avec l’indéfini « uno » ou la 1°p. pl :
    • l 183 Uno puede cambiar de casa, de vida
    • l 27 porque uno necesita vivir cerca de ellos
    • l 50 los libros que uno quiere cazar
    • l 201 202 somos los libros que hemos leído
  • Réflexions et préceptes qui sont peut-être ceux de l’auteur lui-même, et l’on peut illustrer aisément cette tonalité autobiographique :
    Au début : l.5 : le pagaban por eso…. la neutralidad irónica de los profesionales…
    A la fin surtout :
    • l.227 : unos versos subrayados, una mancha de café sobre un poema…
    • l.245 : el primer día de trabajo en un aula de caras atónitas…
    • l.275 : le rapide ‘résumé biographique niño-adolescente-hombre’…
  • Les passages au style direct :
    Avec qui dialogue Adán, fonction et sens de ces interventions dans le récit.

3. La rhétorique de LGM, ou le pouvoir des mots dans La mudanza.
Angel González parle de ‘narrativismo histórico-biográfico’ à propos de l’écriture poétique de LGM. Il montre que le poème est souvent construit sur une structure théâtrale ou narrative , autour d’un personnage qui raconte ou vit son histoire à travers la mémoire, le souvenir ou le souhait.
Il s’agit de développer une réflexion à partir du quotidien : événements,situations, objets, et la langue qui créée les liens ou les oppositions procède par des figures syntaxiques et stylistiques déterminées.

Parmi les figures les plus récurrentes, on observe particulièrement dans La mudanza

  • métaphores et comparaisons
    • l 47 a 50 la biblioteca/selva… para cazar..
    • l 51 a 54 el alma/botella vacía o biblioteca desordenada.
    • l 172 a 182 el vacío… como… igual que
  • personnifications :
    • l 146 la casa tomó conciencia de su desnudez…
    • l 195 los libros también saben morder, herir, volvernos la espalda..
    • + Zeugma : l 198 los libros se amontonan en las estanterías y en la memoria…
    • l 223 los objetos se callan para meditar exactamente lo que deben decir
  • l’énumération et l’accumulation , aux effets multiples :
    • l 129 a 136 désir de rupture avec le contexte familial…
    • l 151 a 160 le poids de la pluie sur la ville…
    • l 236 a 253 chronologie des souvenirs
    • l 226 a 235 multiplicité, diversité, richesse des souvenirs
    • l 195 196 le pouvoir, la puissance, la violence des livres
    • l 183 a 186 uniformisation et banalisation… pour mieux rompre et détacher l’exception biblio.
    • l 160 a 169 accumulation renforcée par un jeu de kyrielle, pour ‘mettre tout le monde à égalité devant la pluie’.

La fonction de ces procédés consiste souvent à distribuer le pouvoir, ce qui nous interroge sur le statut des objets et en particulier des livres.
_ On voit bien qu’au début du roman les livres ont le pouvoir, (l 201 hasta tomar posesión de nosotros.. ) ils sont d’ailleurs grammaticalement sujets dans la phrase, ce qui renforce l’effet de la personnification, tandis qu’à la fin du roman Adán reprend le pouvoir, redevient acteur, sujet grammatical, qui choisit, et replace les livres redevenus objets (c.o.d) dans la nouvelle bibliothèque !
Cf. le poème Completamente viernes.

Completamente viernes (Word de 31 ko)

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