Randonnée « Biodiversité » 2009-2010 publié le 08/05/2016

Randonner 5 jours dans le Poitou-Charentes et conserver la biodiversité

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Conclusion

Biodiversité Berthelot 13 René Gastinel

Finalement, pour conserver la biodiversité, cette expérience pédagogique nous a appris d’une part que des actions concrètes à notre niveau sont réalisables tant dans la préservation que sur la protection. Ainsi, il est possible de préserver la biodiversité, en amont, en gérant les ressources forestières et halieutiques, combattant les espèces invasives et limitant nos émissions de CO2 par le co-voiturage, des déplacements à pieds, une alimentation locale et si possible issue d’une agriculture biologique, le tri et le recyclage des déchets.
Concernant plus particulièrement le bilan carbone final il montre que nous avons dépassé le seuil des 5 kg de CO2/personne/jour avec un total d’émission de 5.47 kg de CO2/personne/jour si l’on prend en compte les voyages aller-retour et le camion qui achemina les VTT. Par contre, le bilan est nettement plus favorable si l’on ne prend en compte que nos émissions lors du séjour avec 2.15 kg de CO2/personne/jour voire 1.97 kg de CO2/personne/jour seulement si on enlève le transport des VTT. Ces calculs montrent très clairement que le poste le plus émissif reste le transport (auquel il faudrait ajouter le chauffage si nous avions fait cette sortie en hiver !).

Préserver la biodiversité
Origine de la disparition de la biodiversitéSolutions-actions locales envisagées
Destruction des habitats

Émissions de gaz à effet de serre liées :

  • au transport ;
  • au logement ;
  • à l’alimentation ;
  • aux déchets ;
Construire des bâtiments bioclimatiques.

Limiter les émissions de gaz à effet de serre via :

  • le co-voiturage, la marche, le VTT et le kayak ;
  • le couchage sous la tente ;
  • l’alimentation biologique et/ou locale de saison ;
  • l’utilisation d’un minimum d’emballages, le tri et le recyclage des déchets.

    Collecter, trier et valoriser les déchets par le recyclage et le compostage aussi souvent que possible permet de préserver les ressources en matières premières et eau et diminuer la consommation énergétique et les pollutions associées.

    Se déplacer à pieds (à kayak ou en VTT) ou en co-voiturage.
    Manger « bio » et/ou local de saison diminue la consommation d’énergie liées aux pratiques agricoles et au transport et les pollutions des sols, de l’eau et de l’air (via les pesticides, engrais et émissions de CO2).

    Mettre en place et appliquer un règlement de pêche avec une période d’ouverture et de fermeture de la pêche, une taille minimale des prises pour permettre aux poissons les plus petits d’atteindre la maturité sexuelle indispensable au renouvellement des populations piscicoles, la délimitation de zone de pêches ou encore la mise en place de passe à poissons facilitent le maintien d’une biodiversité spécifique dans nos rivières.

    Limiter le transport entre le lieu de production du lait et sa transformation en fromage puis sa distribution essentiellement locale.

    Produire une partie de consommation électrique sur place grâce à des panneaux photovoltaïques.

    Produire une partie de production d’eau chaude grâce à des panneaux solaires.

    Isoler sa maison avec des produits vertueux comme le chanvre.

    Utiliser une source de chaleur renouvelable comme le bois dans un poêle de masse.

    Valoriser la haie avec la fabrication de bois déchiqueté pour le chauffage.

  • Introduction d’espèces invasives

    (Ragondins d’Amérique du Sud, la Renouée du Japon, Le Xénope du Cap…)

    Mettre en place des campagnes d’arrachage de la Renouée du Japon, d’éradication des Ragondins d’Amérique du sud et Xénopes du Cap…
    Surexploitation des ressources Gestion des ressources forestières (Forêt de Brignon avec plantation de deux arbres pour un arraché) et halieutique dans les rivières et les étangs (mise en place et application d’un règlement de pêche avec achat d’une carte de pêche, délimitation d’une zone de pêche, période de pêche, maillage des prises, mise en place de passe à poissons ou encore vidange annuelle ou bisannuelle des étangs dont 30% des prises servent à l’alevinage de l’étang)

     

    Quant à la protection, en aval, qu’elle soit in-situ avec des zones sanctuaires comme une Réserve Naturelle, un Espace Naturel Sensible, une zone Natura 2000, ou bien qu’elle soit ex-situ comme dans un zoo, elle constitue le dernier rempart avant la disparition définitive d’une biodiversité qui nous rend pourtant de nombreux biens et services.

    Protéger la biodiversité
    Protection Solutions-actions locales envisagées
    Création de zones sanctuaires pour la protection in-situ L’Espace Naturel Sensible de la Vallée du Pressoir de Thouars protège une biodiversité écosystémique (prairies calcaires sèches), spécifique (Gagée de Bohème, Ophioglosse des Açores ou encore 23 espèces d’Orchidées dont l’Orchis singe sur les 46 recensées dans le Poitou-Charentes et la Vendée) et génétique (espèces rustiques comme la Chèvre poitevine et le Baudet du Poitou).

    Le pied des terrils de la Gouraudière protège une biodiversité écosystémique et spécifique remarquables à travers des mares temporaires et permanentes : 11 crapauds, grenouilles, salamandres et tritons sur les 14 espèces recensées dans le Poitou-Charentes.

    La zone Natura 2000 d’Argenton les Vallées protège une biodiversité écosystémique (mares temporaires méditerranéennes, formation herbeuse sur substrat siliceux des zones montagneuses, pelouse pionnière sur dôme rocheux, landes sèches, forêts alluviales résiduelles), et spécifique (Orpin d’Angers, Trèfle de bocone, Sérapia en cœur, Gagée de Bohème, Ophioglosse des Açores… Triton crêté, Lucane cerf-volant, Loutre d’Europe, Chabot).

    Création de zoo pour la protection ex-situ Zoo de Doué-La-Fontaine permet la conservation d’espèces en voie de disparition et participe à des campagnes de réintroduction d’espèces (Vautours fauves, Tamarin lion) et de renforcement de populations (Grue de Mandchourie).

     

    Gagée de Bohême

    Pour terminer sur une note optimiste, rappelons que l’homme ne fait pas que détruire la biodiversité, il est capable de créer de la diversité génétique, spécifique et écosystémique.L’Homme a crée de la biodiversité génétique à travers des races comme les chèvres poitevines ou encore les baudets.
    La réhabilitation de sites industriels comme le terril du Parut dans l’ENS de la vallée du Pressoir ou les mares de la Gouraudière permettent également le retour d’une biodiversité spécifique. Enfin, l’homme a construit de la biodiversité écosystémique à travers des paysages et des écosystèmes, véritables systèmes hydrides composés de vestiges d’espaces naturels et de zones artificielles ou modifiés par sa main. Certains de ces paysages sont même considérés maintenant comme un patrimoine : les prairies sèches de la Vallée du Pressoir de Thouars, le bocage argentonnais, les landes sèches et forêts alluviales résiduelles de la zone Natura 2000 d’Argenton-les-Vallées font partie de ces patrimoines écosystémiques artificialisés.

    Une dernière remarque concernant la randonnée et plus particulièrement l’empreinte carbone : l’essentiel dans la démarche n’était pas la mise en place d’un calcul rigoureux, impossible à notre niveau et surtout irréalisable tant le nombre de facteurs à prendre en compte est important. En effet, d’une part les coefficients d’émission extrait d’un travail de David Jadaud, enseignant en Science de l’Ingénieur du lycée E. Pérochon et expert de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie sont justes à plus ou moins 30% voire 50% près mais surtout l’ensemble des activités émettrices de CO2 n’ont pas été relevées comme le gaz utilisé pour faire cuire les aliments ou chauffer l’eau des douches, l’énergie nécessaire à l’éclairage des lampes frontales, la fabrication des différents produits utilisés lors du séjour : vêtements, matériel de randonnée… routes, bâtiments… Le but de ce calcul était donc ailleurs, dans l’éducation à la complexité, la sensibilisation aux postes les plus émissifs et ainsi flécher les comportements les plus adéquats si l’on veut freiner la dégradation des milieux. Car, plutôt que de se focaliser une nouvelle fois, uniquement sur les raisons de l’érosion de la biodiversité qui restent évidemment clairement à identifier pour mieux les combattre, j’ai résolument voulu montrer les actions menées, localement, en faveur de la conservation de la biodiversité afin de permettre à nos enfants de comprendre que des actions concrètes et à notre portée sont réalisables dès aujourd’hui pour sauvegarder cette biodiversité qui nous rend tant de biens et de services.

    Ainsi, loin de tout catastrophisme, toute morale, sensiblerie et autre culpabilisation, cette modeste expérience pédagogique devait montrer que des solutions existent et sont viables comme l’on démontrer les intervenants passionnés que nous avons pu rencontrer.
    Aussi, l’homme sait conserver la biodiversité et même créer de la biodiversité parfois, j’espère que nos élèves s’imprégneront de ces exemples. Sans être naïf, je pense que c’est à nous, enseignants, d’éduquer nos élèves en ce sens et de leur permettre de faire des choix raisonnés à défaut d’être, comme tout à chacun, parfois, raisonnable.

    Biodiversité Berthelot 18 René Gastinel