Construire le musée imaginaire d’une œuvre littéraire publié le 05/05/2019

Quels "écrits d’appropriation" dans le cadre de l'étude d'un roman ? Exemple d’une activité menée en classe de première.

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Un projet d’écriture en lien avec la lecture d’un roman…

Dans le cadre de l’étude du roman Eldorado de Laurent Gaudé, qui retrace le parcours croisé de Souleiman, jeune Soudanais qui quitte sa terre natale en quête d’un « eldorado » incertain, et de Piracci, garde-côtes italien qui choisit de se déposséder de sa propre existence, les élèves d’une classe de Première S ont été invités à construire le « musée imaginaire » de l’œuvre.

Il s’agissait, pour donner vie aux personnages et s’approprier les grandes questions qui parcourent le texte, de produire des documents fictifs et des artefacts qui feraient ensuite l’objet d’une exposition.

Les productions présentées dans le cadre de ce travail de groupe, devaient comporter quatre types d’éléments, pouvant prendre des formes variées ; des écrits d’invention (extraits de lettres, de journal intime, d’articles de presse), des documents fictifs en lien avec le thème du voyage, essentiel dans l’œuvre (passeports, cartes, titres de transports…), des images (dessins, portraits, photographies), et des objets, réels ou symboliques, en lien avec les personnages du roman ou les thématiques abordées au cours de l’étude.

Comme dans un véritable musée, les pièces étaient accompagnées d’un cartel en vue de l’exposition ainsi que d’une notice explicative, destinée au « catalogue » de la collection, par laquelle les élèves justifiaient leurs choix dans une démarche réflexive.

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…Pouvant s’inscrire dans les "écrits d’appropriation" prescrits par les nouveaux programmes

Les nouveaux programmes qui entreront en vigueur à la rentrée 2018, stipulent que si "l’orientation générale du travail en première est liée à la préparation des élèves aux épreuves anticipées de français", "[…] l’acquisition des compétences d’expression, d’analyse et d’interprétation, le développement d’une réflexion autonome et l’appropriation des connaissances que vise l’enseignement du français en première passent par la pratique d’exercices divers, qui ne se limitent pas à ceux figurant à l’examen" ; parmi ces exercices, figurent les "écrits d’appropriation" que "le professeur […] veille à faire pratiquer le plus régulièrement possible."

Ce projet combine trois des formes d’écrits d’appropriation proposées par les nouveaux programmes, dans le cadre de l’étude d’une œuvre romanesque ; celle d’un "exposé sur une question transversale, sur une partie du récit, un personnage ou un groupe de personnages", celle d’une « écriture d’intervention […] (changement d’un possible narratif, insertion d’éléments complémentaires dans le texte », celle, enfin, « de l’association au texte, justifiée par l’élève, d’une œuvre iconographique, d’une séquence filmique ou vidéo »

En proposant aux élèves de créer des « extensions » du roman lu en classe, ce travail permet d’approfondir leur réflexion sur les questions qu’il soulève (celles de l’exil et de l’immigration, et celle de la quête intérieure des personnages, dans le roman de Laurent Gaudé), mais aussi de mettre en œuvre leur créativité, et de développer leurs aptitudes à l’argumentation et à l’interprétation. La constitution d’un "catalogue" de la collection proposée par le groupe, vise en outre à "gard[er] la trace du travail et des activités menées" en vue de l’épreuve orale de l’EAF.

L’activité, peut, par ailleurs, s’appliquer à de nombreuses œuvres littéraires, romanesques, théâtrales ou poétiques, dans le cadre d’une étude en classe, ou d’une lecture cursive.


Déroulement

Les élèves se sont familiarisés avec les personnages du roman tout au long de l’étude, qui a également permis d’ouvrir une réflexion sur les grandes questions qui traversent l’œuvre. Le projet leur a été présenté au début de la séquence, de manière à rendre possible un véritable travail collectif et à permettre aux groupes d’enrichir et d’affiner leurs productions au fil des parcours de lecture.

Les élèves bénéficient en outre de l’accompagnement d’une artiste plasticienne, Florence Laspada, dans le cadre d’un projet interdisciplinaire mené au niveau de l’établissement ; chaque groupe détache un ou deux « artistes » qui créeront avec elle – au cours de quatre séances d’AP – des silhouettes grandeur nature représentant de façon symbolique chacun des personnages choisis.

Semaine 1 – Lancement du projet

On projette d’abord des images, en demandant aux élèves de retrouver à quel personnage, épisode ou thème du roman elles font allusion. Cette activité inaugurale qui vise à recueillir leurs premières impressions de lecture, permet également de nourrir d’emblée la réflexion sur le projet qui leur est présenté. On constitue les groupes, auxquels on propose de choisir l’un des personnages du roman. On définit avec les élèves les différents éléments à produire (voir en pièce jointe) ; on explicite ce que sont le « cartel » d’une part, et la notice destinée au « catalogue » d’autre part.

Lancement du projet (PDF de 660.3 ko)

Construire le musée imaginaire d’une œuvre littéraire - Activité en première - Académie de Poitiers.

Semaine 2 – Recherches et travaux de groupes sur les personnages

On propose aux élèves, dans le cadre de l’étude de l’œuvre, un travail de recherches sur le personnage choisi. Ils construisent ainsi une « carte » reprenant des éléments de réponse aux questions suivantes ; qui est-il ? Que fait-il ? Que veut-il ? et réfléchissent à la manière dont se construit le personnage de fiction. Après une séance de restitution collective de leurs travaux, ils s’interrogent sur la manière dont les personnages s’inscrivent dans une « constellation », un système qui fait sens. Ils entrent alors dans une phase d’interprétation plus poussée, qui permet de dégager la vision de l’homme et du monde que porte le roman.

Travail de recherches sur le personnage choisi (PDF de 666.4 ko)

Construire le musée imaginaire d’une œuvre littéraire - Activité en première - Académie de Poitiers.

Semaine 3 - Rencontre avec l’artiste plasticienne

Au cours de cette séance d’échange en classe entière, les élèves réinvestissent leurs acquis en évoquant oralement les caractéristiques qui leur semblent essentielles pour chaque personnage ; l’intervenante leur propose, de son côté, différentes sources d’inspiration, puisées dans les travaux d’artistes contemporains.

Elle leur présente également les matériaux à partir desquels ils pourront travailler. La séance aboutit, pour chacun des groupes, à la formulation d’un « cahier des charges » pour la réalisation plastique de chaque silhouette.


Semaines 4 à 6 – Réalisation des pièces de la collection

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Au cours de cette période, les élèves rédigent les « écrits d’intervention » qui peuvent prendre des formes variées (journal intime, lettre, interview).

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Ils font œuvre de « faussaires » en produisant des documents fictifs (passeports, titres de transport, articles de presse, cartes postales…)

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Ils créent et/ou mettent en scène des objets réels (censés appartenir au personnage choisi) ou symboliques (permettant de le représenter).

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Ils présentent enfin leur collection sous la forme d’un mini-catalogue, qui donne à voir les différents éléments, en les accompagnant d’une notice explicative. Ce document, qui permet de conserver une trace de l’activité, peut ainsi s’inscrire dans un « carnet de lecteur ». Au cours de cette période, les heures d’AP sont mobilisées pour permettre aux « artistes » de construire les silhouettes.

Exemple de catalogue réalisé par des élèves sur Salvatore Piracci (PDF de 780.7 ko)

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Exemple de catalogue réalisé par des élèves sur Soleiman (PDF de 1.2 Mo)

Construire le musée imaginaire d’une œuvre littéraire - Activité en première - Académie de Poitiers.

Semaine 7 – Exposition des « collections » du « musée imaginaire »

L’exposition a lieu lors de la clôture du projet MIC (Media Immigration Communication), mené par l’établissement, à l’espace culturel de la Ferme Saint Michel :

Présentation Projet MIC_Lycée Emile Roux (Confolens)

Les élèves installent leurs productions dans un "mini-musée éphémère", construit à partir de matériaux de récupération. Les compositions et les objets de la collection sont accompagnés d’un « cartel » standardisé, qui donne des explications sur les choix des différents groupes. Pour ajouter une dimension sonore à l’exposition et s’exercer à la lecture à voix haute, certains élèves ont en outre choisi et interprété des extraits du roman, qui sont diffusés sur un magnétophone.

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Document joint
un document Critères d’évaluation… (Word de 11.4 ko)

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