Séance pédagogique incluant du numérique en arts plastiques : intégrer une composante numérique dans son travail plastique publié le 12/03/2024

Contexte et objectif de la séance

Quoi de plus banal que de dire que "le numérique est partout" bien qu’il serait plus juste de dire "le numérique est partout sauf…” et de citer, en exemple, un certain nombre de productions d’élèves.
Mais comme toute généralisation, celle-ci n’est que partiellement juste. Toutefois, elle ne doit pas nous dispenser de nous interroger sur les raisons qui font que, pour certain·e·s élèves, "le numérique" (encore faudrait-il le qualifier précisément) est un moyen peu convoqué dans leur pratique.
Afin d’inviter les élèves à considérer l’emploi du numérique dans leurs pratiques, une proposition de travail leur est formulée et intègre une demande aussi précise que vaste : “votre travail contiendra une composante numérique”.
Les réactions des élèves face à cette formulation arrivent rapidement. Elles seront abordées infra dans cet article.
Pour en revenir aux objectifs : dans cette séance, on cherche à ouvrir les élèves aux occurrences du numérique et donc à les faire réfléchir à la multiplicité de ses acceptions. La demande d’intégration d’une composante numérique vient donc perturber pour certain·e·s élèves leurs habitudes et leurs facilités quand elle vient, pour d’autres, seulement conforter une pratique qui en intègre déjà certains aspects et pour qui il s’agira de prolonger et de varier son emploi.
Lors de la séance, des références sont proposées et montrent quelques facettes (seulement) de la variété de l’emploi du numérique dans des productions contemporaines de toutes natures. En effet, la “composante numérique” se trouve autant dans les shows animés de Refik Anadol, dans les objets chorégraphiques motorisés de William Forsythe que dans les peintures à l’huile de Mireille Blanc ou d’Amélie Bertrand.

Mireille Blanc, Idole, 2023, huile sur toile, 150 x 117 cm

Mireille Blanc : “J’aime travailler sur les limites de l’identifiable” (HTML de 226 ko)

Emission de France Inter - Interview de Mireille Blanc par Eva Besther

Plus-value du numérique dans cette séance

La séance permet d’abord aux élèves de s’interroger sur le terme de numérique (les outils, les contenus et les usages qui utilisent un langage binaire) et sur le terme de composante (élément d’un ensemble complexe).
Mais surtout, la séance permet de chercher à tirer parti des outils, des contenus et des usages du numérique pour créer de la valeur plastique, artistique et sémantique.

Travail d’élève (phase préparatoire - éléments 3D)

Travail d’élève (phase d’essai) - environnement VR

Travail d’élève (compositions de photographies numériques)

Processus de travail d’un élève faisant intervenir des IA génératives.

Note de l'élève pour préciser la démarche utilisée. (PDF de 12.8 Mo)

Note de l’élève pour préciser la démarche utilisée.

Photo d’une performance où les participants reçoivent des consignes de l’élève-auteur dans leurs oreillettes via une connexion audio (bluetooth).

Instructions lors de la performance (voix du performeur) (MP3 de 3.7 Mo)

Instructions lors de la performance (voix du performeur)

Modalités de mise en œuvre

• Niveau éducatif : Terminale
• Durée : 1 séance de deux heures
• Applications numériques utilisées : au choix des élèves
• Pré-requis : aucun

Déroulement de la séance

La séance s’intègre dans une séquence qui travaille le champ d’investigation portant sur “La représentation, ses langages, moyens plastiques et enjeux artistiques” et qui propose une situation de pratique qui travaillera le rapport au réel. Le questionnement portera, lui, sur la représentation et la création (différences et points communs).

Dossier de projet "IRL & irréel"

L’ensemble du dossier de projet est présenté aux élèves. Associant questions, représentations, débats, exemples et présentation de références, cette première séance permet aux élèves de situer les enjeux du questionnement à travailler au regard de leur propre pratique, de leurs habiletés et de leurs désirs d’exploration de nouveaux champs de pratique. Ainsi, la demande d’intégrer une composante numérique dans leur production vient interroger non seulement les moyens plastiques qu’ils vont convoquer pour réaliser leur production mais aussi les compétences de mise en œuvre d’un projet artistique.
S’il faut le préciser une nouvelle fois, l’objectif n’est pas d’orienter les élèves vers la réalisation de productions numériques mais bien d’intégrer le numérique dans une ou plusieurs phases de la conception et de la réalisation de la production plastique. Ainsi, en principe au moins, la variété des réponses doit être préservée.
Cette demande — qui peut aussi être qualifiée de “contrainte” — offre en tout état de cause une situation-problème que chaque élève devra relever en présentant, dans une note d’intention et dans une présentation orale, comment il s’en est emparé.

Compétences travaillées

Bilan critique de la séance

• La séance permet de susciter une forte motivation et une vraie curiosité des élèves pour intégrer "une composante numérique" dans leur pratique au service d’un projet de création. Cette motivation et cette curiosité naît de ce que la demande relève, pour nombre d’entre eux, d’un véritable défi et d’une nouveauté dans leur pratique (à ce niveau d’exigence).
  La demande, à l’intérieur du projet proposé, permet, pour chaque élève, de se situer dans sa pratique et dans les moyens habituellement convoqués. Elle offre enfin — par la présentation de références et le questionnement collectif du groupe qui en ressort — de regarder avec attention “la part de numérique” contenue dans nombre de productions actuelles.
  Certaines références étonnent et surprennent tant elles réussissent, avec plus ou moins de subtilités, à associer “composante numérique” et médiums traditionnels (huile sur toile, dessin au fusain, etc.).
• La difficulté relevée par les élèves consiste à définir leur projet final et à placer — dans la chaîne de production du travail — la composante numérique. Étonnés par l’ampleur que recouvre le champ du numérique, les élèves se demandent souvent si ce qu’ils réalisent comporte bien cette composante. Au fil du dialogue, dans un entretien d’explicitation, les élèves perçoivent le degré de pertinence de leur intégration de la composante. Enfin, souvent de peur que la composante numérique ne soit pas assez explicite, ils l’affirment tout au long du processus de réalisation et rendent, in fine, des productions numériques (VR, vidéos, photo numérique, etc.). Quelques élèves produisent toutefois des réalisations non numériques : installations, performance, volumes composés, etc.