La bande dessinée au service des compétences psychosociales (CPS) publié le 20/06/2023  - mis à jour le 21/06/2023

Présentation de l’établissement

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Le collège Marguerite de Valoisse situe à Angoulême, tout près du quartier Bel Air – La Grand Font, quartier politique de la ville. Le collège accueille principalement en 6ème les élèves des deux écoles du quartier (public socialement défavorisé), mais également un petit nombre d’élèves venant de l’école Victor Hugo (public plus aisé), de l’école Corset Carpentier, et une dizaine d’élève hors secteur par le biais d’une section sportive football.
L’indicateur de catégories sociaux professionnelles montrent un public relativement défavorisé.
Les élèves de 6ème arrivent au collège avec des difficultés certaines (au vu des résultats des évaluation en maths français Fluence).

Le climat scolaire est fragile. Un nombre relativement important de situation est prise en charge de façon régulière et une présence renforcée de l’adulte est essentielle.

Le niveau 6ème accueille 81 élèves répartis sur 3 classes.

L’effectif tout niveau confondu est de 340 élèves.

(Présentation réalisée par M François Lalanne, Principal adjoint du collège)


La situation de départ, le contexte et la mise en oeuvre du projet

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Le projet «  La bande dessinée au service des CPS » est le résultat de la mise en cohérence de deux projets : la résidence d’artiste d’auteur de BD et le programme de développement des compétences psychosociales.

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Il a vu le jour en septembre 2019 sous l’impulsion du Département de la Charente qui a œuvré à la mise en place d’une résidence d’artiste d’un auteur de BD angoumoisin Tristan Lagrange dit « Tristoon  ».

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Le choix s’est porté sur le collège Marguerite de Valois, situé en quartier politique de la ville et accueillant principalement les élèves des écoles du quartier Bel Air – Grand Font
Ce projet débouche sur la réalisation d’un ouvrage annuel regroupant les planches réalisées par les équipes d’élèves de 6ème et de CM2 (2 écoles du quartier).

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Au fil des années, différentes thématiques ont été traitées par les élèves dont notamment le thème « Le carnaval des monstres », puis la coopération dans l’ouvrage « Tous ensemble  ».


Malgré la réussite des élèves par leur implication à l’ouvrage collectif, la cohabitation en équipe de projet reste un problème. Les élèves ne trouvent pas toujours les leviers pour « s’entendre » dans le travail collectif.

Parallèlement, un programme de développement des compétences psychosociales pour les élèves de 6ème a débuté en septembre 2021. Ce programme émerge d’une proposition de l’association Addiction France déjà partenaire du collège dans le cadre des actions du CECS et a pour but de faire évoluer les postures des jeunes en prévention de situations amenant à la consommation de produits. Pour le collège, il s’agit également d’accompagner le collégien dans une évolution de posture permettant de mieux gérer les situations scolaires d’apprentissages et relationnelles et par conséquent agir sur le climat scolaire.

Le programme de développement des compétences psychosociales se décline en 6 séances d’atelier avec une moitié de classe, une intervenante de l’association et un personnel du collège. Les personnels du collège (enseignants, CPE, AED, personnel administratif) ont été formés par l’intervenante pour coanimer les ateliers.

Le programme permet notamment aux élèves de reconnaitre les émotions, de mieux les appréhender et mieux les gérer, afin de mieux communiquer avec les autres et de mieux se positionner face à diverses situations.

Dans le cadre de l’année 2021/2022 du projet BD, un lien s’est naturellement établi entre projet BD et programme de développement des CPS, tout particulièrement, par le choix du thème pour l’ouvrage de l’année : « Les émotions  ». Les élèves ont raconté des histoires de vie de leur quotidien au collège, dans le quartier, ou des expériences personnelles de vie, en faisant intervenir les émotions dans leur récit.

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Pour cette dernière année de résidence, suite à une évaluation externe (Philippe Baryga, MCF en didactique de l’Art – INSPE Bordeaux), la thématique des « Emotions » a été conservée et un renforcement de la cohérence entre les deux projets s’est opéré conduisant à une déclaration de mise en place d’une démarche d’innovation.

La question des émotions s’est révélée très motivante dans le cadre de l’atelier BD : d’abord parce qu’un enjeu graphique fort de la BD est l’expression des états émotionnels des personnages ; ensuite parce que tout scénario de fiction se bâtit sur des enjeux d’ordre relationnel et émotionnel ; enfin parce que les élèves ont trouvé dans cette thématique un écho direct des efforts d’accommodation que nécessite le travail en équipe dans le cadre du projet BD. C’est par ailleurs un thème particulièrement adapté pour accompagner l’entrée au collège et le début de l’adolescence, période clé pour le développement de la régulation émotionnelle et de la cognition sociale.


Les objectifs du projet

L’objectif principal est de construire les compétences psychosociales en 6ème par la bande dessinée.
Les autres objectifs envisagés sont :
  Développer l’estime de soi et nourrir le savoir vivre-ensemble.
  Connecter les élèves à la culture et en particulier à celle de la BD, emblématique de la ville d’Angoulême (inscription dans le PEAC) : lecture et fréquentation des lieux.
  Générer des attitudes tournées vers l’effort, la persévérance, la coopération (attitudes nécessaires au travail personnel de l’élève).
  Améliorer le sentiment d’efficacité individuelle des élèves en les rendant acteurs d’un projet éditorial ambitieux.

Zoom sur une séance de travail avec les élèves : atelier BD et CPS

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La classe est divisée en 2 groupes, 2 ateliers de 2 heures sont animés en parallèle.
L’artiste -Tristan Lagrange « Tristoon » coanime un atelier avec Mme Gabarrou (professeur de Lettres) pendant que l’autre moitié de la classe est prise en charge par Mme Javelas (professeure documentaliste et référente du projet) qui réalise avec les élèves des activités autour de la BD et des CPS. Les enseignantes font le lien entre les ateliers BD et les apports des ateliers CPS.

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Pour commencer Tristoon et Mme Gabarrou présentent le travail qui sera réalisé pendant la séance : un travail sur la matrice, une explication des planches. L’objectif est de donner tous les éléments techniques aux élèves afin qu’ils réalisent leurs propres planches.

Tous les élèves ont travaillé sur le roman Le garçon rose malabar de Claudine Aubrun. Ils ont choisi un passage en fonction des émotions exprimées et réalisé une planche de BD.
En amont, ils ont travaillé les techniques de la BD, ils connaissent le lexique.
Ensuite , a lieu le tirage au sort d’une technique de BD à la manière de Matt Madden


Les effets du projets, les premiers bilans

Témoignage et avis d’Hélène Lelaider, chargée de prévention -Association Addictions France

Pourquoi développer les CPS ?
Il est important de développer les CPS car ceci permet de reculer l’âge de la 1ère consommation (écran, tabac, alcool, etc.) et aussi de diminuer le nombre de consommateurs.
Pour la première fois, on constate qu’en développant les CPS, cet indicateur recule.
Les produits et les comportements ne sont pas abordés pendant le programme « Comme je suis » : un programme de 6 séances en demi-classe (maximum 15 élèves). Je coanime les séances avec des enseignants volontaires formés. Tout personnel, adulte de la communauté éducative peut y participer, être formé.
12 adultes de la communauté éducative sont impliqués de façon active  : 1 adulte référent avec le même groupe.
Un quiz est réalisé au début et à la fin du programme.

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Quel est le lien avec la BD ?
En fonction des endroits où les élèves vont, ils doivent trouver les CPS :
 les élèves apprennent à s’interroger sur la posture qu’ils ont envers leurs camarades, à transposer, faire sortir les compétences, les extraire en dehors des ateliers.
 Il y a un ancrage grâce aux ateliers BD étant donné qu’ils travaillent sur les émotions.
 Il apprennent aussi à nommer correctement le ressenti afin d’être mieux compris.

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Quels sont les objectifs ?
 Développer cette culture dans l’établissement,
 faciliter le travail des enseignants,
 améliorer le climat scolaire,
 l’élargir aux parents, centre de loisirs, l’étendre à l’IREPS.


Témoignage de Mme Gabarrou (professeure de Lettres)

Au début, les élèves de 6ème ont du mal à parler d’eux-mêmes, tout est mélangé (émotions, caractère, etc.), c’est pour cela que nous avons besoin d’expliciter les CPS à chaque fois. Ce travail les aide a formuler, expliciter leurs émotions.
Chaque séance commence par l’appel des émotions, un travail de vocabulaire : un réel besoin d’identifier les émotions.
Le fait d’avoir travaillé les techniques de la BD en amont, a facilité la mise au travail (connaissances, images..)
Pour moi, la co-animation avec Tristoon est très enrichissante car il y a échanges de pratiques.

Témoignage de l’artiste TRISTOON

C’est ma 4ème année d’intervention, chaque année le principe d’intervention est différent.
Cette année le travail est plus dirigé : nous travaillons collectivement pour arriver à des objectifs précis : travailler sur les émotions qui est le fil rouge du projet.
Auparavant, les élèves travaillaient à partir de leur propre histoire, ils inventaient une histoire, cette année ils partent d’une histoire déjà créée : le roman Le garçon rose malabar

J’interviens aussi dans les écoles du secteur, en CM2, je connaissais déjà une partie des élèves du projet de 6ème

Témoignage de Mme Javelas-professeur documentaliste

Mme Javelas est la référente et coordinatrice du projet, elle fait le lien avec les différents partenaires, elle s’occupe aussi de l’animation des formations BD, du déroulé du projet.

Pour moi, il s’agit d’un projet ambitieux mais très bénéfique pour les élèves. Il a été lourd à mettre en place, difficile également de motiver les enseignants car il s’agit d’un projet qui a été imposé au départ. Au fil du temps, nous avons acquis une certaine autonomie pour réaliser le projet et le nombre de disciplines concernées a été réduit.
Cette année les disciplines concernées sont : arts plastiques, français, la prof documentaliste, technologie (numérique BDnF) et anglais
Au départ, toutes les disciplines étaient concernées mais de façon contrainte, aujourd’hui seulement les collègues qui sont partie prenante s’impliquent sur le projet, ce qui permet de donner davantage de sens.
Ce projet suppose un investissement horaire important chez les élèves : plus de 35 heures par élève.

Film témoignage d’un élève participant au projet

La bande dessinée au service des CPS

Le projet « La bande dessinée au service des CPS » est le résultat de la mise en cohérence de deux projets : la résidence d’artiste d’auteur de BD et le programme de développement des compétences psychosociales.

Les effets positifs

Côté élèves  :
 une augmentation du nombre de BD empruntées par les élèves,
 beaucoup d’élèves viennent dessiner au CDI (tablettes, ardoises, papier, …),
 la fierté de voir leur travail exposé, publié (valorisant pour les élèves).

Côté enseignants  :
 la motivation car nous travaillons autour du projet en équipe,
 la satisfaction de participer à un projet collaboratif,
 la découverte d’outils enrichissants.

Projets à venir

 Langues option numérique : option avec laquelle il est notamment prévu que les élèves présentent des lieux d’Angoulême sous forme de BD numériques en partenariat avec l’office du tourisme et l’accompagnement sur quelques heures de l’artiste en résidence.
 Ouverture d’une classe BD à horaires aménagés.

Portfolio