Projet Colibri: la classe flexible au service des sciences de l'apprentissage publié le 02/02/2023

Au Collège d’Aigrefeuille, un projet innovant a vu le jour en 2018, avec pour objectif de repenser l’espace classe en prenant appui sur les sciences cognitives.

Il s’agit de mettre en place les aménagements - adapter le mobilier et l’architecture de la classe - pour favoriser des pratiques pédagogiques en lien avec les sciences de l’apprentissage, renforcant ainsi la motivation et l’autonomie des élèves.

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A l’origine du projet

Suite à la mise en place d’une cogni’classe au collège André Dulin d’Aigrefeuille d’Aunis, puis d’une formation proposée en 2017 par Xavier Garnier, l’équipe du projet est arrivée à la conclusion que l’organisation de la salle de classe pouvait faire obstacle aux objectifs liés aux sciences de l’apprentissage.

D’autres constats, observés par Anne Lecorguillé, Professeure d’Histoire- Géographie, et porteuse du projet,ont présidé à la mise en œuvre du projet :

 Le manque de motivation des élèves, "d’appétence pour les apprentissages" ;

 La nécessité de mieux prendre en compte les besoins éducatifs particuliers des élèves ;

 L’aménagement inadapté des salles de classe : par exemple un mobilier ne facilitant pas la pédagogie active et la prise en compte les besoins spécifiques des élèves, parce que trop peu mobile ;

 La superficie des salles de classe trop restrictive pour la mise en place des ’pôles de travail’.

Présentation de la salle Colibri (durée 05:19) (MPEG4 de 167.4 Mo)

Présentation de la classe colibri

- Les objectifs du projet

L’idée de ce projet est de « repenser l’espace classe » pour mettre celui-ci au service d’une pédagogie s’appuyant sur les sciences cognitives, en particulier :

Privilégier les aménagements favorisant l’attention, la motivation des élèves, et un climat de classe favorable aux apprentissages ;

Optimiser les espaces ;

• Créer des espaces ou pôles de travail favorisant la différenciation, c’est-à-dire la diversité des situations d’apprentissage, des lieux d’apprentissage, et des possibilités offertes aux élèves ;

La création de ces espaces permet de favoriser : la recherche en autonomie d’information, l’attention, la coopération, la mutualisation des travaux réalisés, et la mémorisation active.


La mise en œuvre du projet

Le projet est rédigé par Anne Lecorguillé et soumis au CARDIE de l’Académie de Poitiers en 2017, puis, une fois le financement validé par le département, une première commande de matériel est effectuée.
A la suite de la réception du matériel et du mobilier en 2018, une première salle de classe de plus de 90m² est aménagée, et plusieurs espaces sont mis en place. Cette salle de classe est partagée.

Dans un deuxième temps, une salle plus grande, environ 130 m², est aménagée et réservée aux enseignants utilisant la classe flexible. En 2021, une commande complémentaire de matériel est effectuée : canapés, poufs, paravents de concentration, etc...

Les enseignants ont par ailleurs suivi des formations – en lien avec les sciences cognitives - et ont pris contact avec des enseignants du premier degré pour obtenir des conseils sur la mise en œuvre des espaces de travail. De plus, la pédagogie est adaptée, avec la mise en place de la pédagogie active et de plans de travail.

Les élèves sont aussi formés pour connaître les fonctions de chacun de ces ’espaces de travail’ dans la salle de classe. De plus, ce dispositif nécessite la mise en place d’un cadre explicite avec les élèves pour la gestion et l’utilisation du matériel, ce qui nécessite la responsabilisation des élèves, mais aussi des règles d’installation, de circulation ou de changement de place selon les besoins.

Ce cadre, ainsi que le matériel et les outils pédagogiques sont introduits progressivement en classe de 6ème.

Les aménagements

Les aménagements et les équipements sont ’pensés’ en fonction des objectifs et des espaces de ‘travail’ dans la salle de classe :

Favoriser l’attention et la concentration :

o Coussins dynamiques et vélos-bureau ( pour élèves qui ont un trouble de l’attention)
o Casques anti-bruit
o Paravents de concentration
o Tapis de sol
o Canapés

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Favoriser le travail collaboratif :

o Tables hautes et chaises hautes (4 places)
o Tableaux blancs mobiles, ou fixes destinés aux élèves
Favoriser la recherche d’information en autonomie :
o Mise à disposition d’ordinateurs et tablettes connectées

Favoriser la ‘mémorisation active’ :

o Tables basses et poufs,

Favoriser un climat serein et le bien-être :

o Espaces accueillants et diversifiés

L’aménagement de la salle flexible utilise aussi un jeu de couleurs stimulantes ou apaisantes, ainsi que de la musique, ce qui constitue un levier utile pour améliorer le sentiment de bien-être et le climat de classe.

Les outils

Dans le cadre de la prise en compte des besoins éducatifs particuliers des élèves, des outils spécifiques sont mis à disposition des élèves, suivant les objectifs recherchés :
Par exemple, un mur collaboratif est utilisé pour donner un accès libre, notamment pour les élèves dys, aux diverses ressources complémentaires pouvant être adaptées - taille, police de caractère)
Pour chaque séquence, les cartes mémo et une application dédiée sont utilisées pour aider les élèves à mieux comprendre et mémoriser en autonomie.
Lors des temps de mutualisation, ou de réactivation, des QCM interactifs avec feedback immédiat sont utilisés pour favoriser la mémorisation ou la structuration.


Les effets du projet

La mise en œuvre du projet a nécessité de surmonter les difficultés liées aux emplois du temps et aux espaces classe. Cependant, la mise en place de ce projet a permis aux élèves d’apprendre à travailler autrement.

Les effets sur les élèves

Un sondage réalisé sur plus de 150 élèves a permis de mieux comprendre les effets du dispositif sur les élèves, et en particulier la motivation.

Les indicateurs mis en place ont permis d’évaluer de façon factuelle les résultats attendus :

 Les rapports d’incidents / exclusion cours / décrochage scolaire sont devenus très rares.
 Les résultats scolaires font apparaître des progrès, ce qui peut être dû à l’utilisation de plans de travail, où l’évaluation formative est privilégiée, ce qui permet de s’adapter aux besoins de l’élève.

De plus, l’équipe du projet a noté des effets importants :

• Des élèves plus autonomes ;
• Des élèves plus motivés : les élèves semblent apprécier les cours dans la salle aménagée, et en particulier la possibilité offerte de choisir les espaces de travail en fonction de la tâche et des besoins des élèves ;
• Des élèves qui collaborent mieux ;
• Des élèves plus attentifs, et plus actifs.

Enfin, il semble que l’utilisation d’une salle flexible permettrait de mieux connaître les élèves car :

 Ils sont en mouvement, prennent des initiatives, élaborent des stratégies de travail, collaborent avec les autres beaucoup plus souvent.
 Les évaluations plus fréquentes permettent d’évaluer les compétences transversales et les compétences psychosociales ;
 L’utilisation du sas de remédiation permet de facilement mettre en oeuvre la remédiation, et facilite la différenciation pédagogique.

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Le projet, a permis, en outre, à certains élèves de retrouver la confiance en soi, et de s’ouvrir aux autres.
Il a aussi permis de redonner de la motivation à certains élèves.

Les effets sur les pratiques pédagogiques

Ce projet, qui trouve toute sa place dans le projet d’établissement et les axes du projet académique, a permis aux enseignants de développer des pratiques pédagogiques différenciées, aidés en cela par la mise en place des espaces et les équipements choisis.

L’enseignant adapte sa posture et assume une ’certaine prise de risque’ dans la conduite de classe, ce qui permet à l’élève d’évoluer différemment dans le nouveau cadre fixé, d’entrer plus facilement dans les apprentissages, et de réaliser des productions avec plus de motivation. En retour, l’enseignant se sent mieux, moins fatigué, et retrouve aussi de la motivation dans sa pratique.

Effets de la classe Colibri (durée 05:38) (MPEG4 de 163.5 Mo)

Effets de la classe Colibri


Pour aller plus loin...

Les contraintes :

 La mise en place des espaces différenciés nécessite une surface minimale de plus de 60m² ;
 Il est nécessaire aussi de surmonter les contraintes liées aux emplois du temps et aux disponibilités des salles de classe ;
 Le coût : le coût du mobilier est assez important, ce qui nécessite la plupart du temps un financement, dans le cas précis un financement du département.

Quelques liens...

Archiclasse
Flexiclasses
Dispositif Eclad
Autres projets en lien avec la classe flexible dans l’académie
Sciences cognitives : qu’est-ce qu’une cogni’classe ?
Prochainement sera mis en ligne un blog ’classe flexible en Charente Maritime’.