Responsive Classroom : une approche pédagogique qui développe les compétences socio-émotionnelles publié le 04/05/2021

Voici sa présentation :

Depuis plus de 40 ans, Responsive Classroom forme des enseignants, essentiellement aux États-Unis. Il s’agit d’une approche pédagogique qui prend appui sur des études montrant le lien étroit qui existe entre le développement de compétences socio-émotionnelles et la réussite académique de l’enfant. L’importance du bien-être à l’école, de la construction d’une communauté de classe, d’un climat serein entre élèves mais aussi entre adultes d’une école font partie des convictions développées par cette approche.

L’un des fondements de cette approche est la reconnaissance des besoins essentiels de l’enfant qui vient à l’école :

• prendre du plaisir dans les apprentissages et dans ses interactions avec les autres.
• faire du sens de ce qu’il se passe en classe
• développer un sentiment d’appartenance

La découverte de cette approche a répondu à mes interrogations ainsi qu’à des problématiques que je rencontrais dans ma classe régulièrement. Les élèves avaient des difficultés à vivre ensemble, l’individualisme était très présent et les fortes personnalités prenaient le dessus. Enfin, les enfants « transparents » étaient de plus en plus en retrait.

Responsive Classroom offre une structure, accompagnée de pratiques très bien décrites qui ne bouleversent en rien le contenu de notre enseignement. Mais alors que nous sommes tous conscients de la nécessité de créer un climat scolaire qui favorise les apprentissages, la question du « comment faire » est ici largement et concrètement abordée.

Morning meeting

La classe se réunit tous les matins pendant 15 à 20 minutes.
Lors de ce temps de regroupement (Morning meeting), les activités proposées se font toujours dans le même ordre et ont pour but de développer des compétences socio-émotionnelles ainsi que de répondre aux besoins de plaisir, de sens et d’appartenance cités précédemment. Ces compétences sont regroupées dans ces domaines :

• la coopération
• l’estime de soi
• la responsabilisation
• l’empathie
• la maitrise de soi

Nous commençons par nous dire bonjour, de manière ludique, variée, active et engagée. Se regarder dans les yeux, se reconnaitre, dire à sa manière « je suis là », « je te vois », « tu fais partie de ma classe » est essentiel. Les enfants s’affirment, lèvent les inhibitions. Puis nous partageons et échangeons. En début d’année, pour apprendre à se connaitre, puis pour partager des choses apprises en classe, donner son avis, argumenter, interroger. La troisième partie est une activité de coopération, un jeu, rapide, « j’ai, qui a ? » « la course à 100 » etc.

Enfin, pour faire la transition vers le reste de la journée, un message écrit sur un tableau, qui attise la curiosité, qui engage les enfants dans une réflexion, les amène à faire des prédictions et crée une attente pour la suite de la matinée. « Bonjour les CE1, aujourd’hui, dans la suite de notre histoire, Émile arrive sur une île et va rencontrer un très gros animal. Pouvez-vous deviner ce que c’est ? Écrivez votre idée sur un post-it et venez le coller au tableau. »

L’importance des interactions

Les interactions sociales entre les enfants favorisent les apprentissages. Dans ma classe, nous « discutons » beaucoup à deux, en changeant de partenaire, on apprend de l’autre, avec l’autre. Le mouvement et l’action sont aussi des facilitateurs. Le temps du regroupement du matin permet tout cela mais l’approche « Responsive classroom » ne se résume pas à ce moment ensemble, bien que c’en soit un pilier. Le travail en groupe, en binômes se retrouve tout au long de la journée. Ainsi, on travaille la coopération, l’empathie, mais aussi l’affirmation de soi, la responsabilisation, et la communauté de classe grandit, se consolide.

Les compétences académiques

Des compétences académiques sont également développées, telles que la persévérance , l’état d’esprit (« je peux y arriver », « je suis prêt à apprendre »), les stratégies d’apprentissage (comment mémoriser par exemple) et la posture d’élève (je m’implique dans ce qu’il se passe en classe). Elles viennent s’ajouter aux compétences socio-émotionnelles qui relèvent plus du vivre ensemble et du savoir-être. Nous avons tous la certitude que pour qu’un enfant soit en réussite scolaire, il doit également développer toutes ces compétences. C’est le cœur de notre métier. Responsive Classroom s’inscrit dans ce schéma en favorisant une pédagogie explicite.

Une approche pro-active de la discipline

En aidant les enfants à vivre les comportements attendus à travers le modelage interactif, en étant toujours pro-actif plutôt que réactif face à la discipline au quotidien, en amenant les élèves à identifier les effets de leur comportement sur le groupe classe. Les règles de vie sont peu nombreuses et impactent tous les domaines de la classe.

Dans ma classe, elles varient un peu d’année en année mais ressemblent toujours à cela :

• « Prendre soin de soi et des autres »
• « Permettre à tout le monde d’apprendre, jouer et participer »
• « Prendre soin du matériel »« toujours écouter »
• « Toujours être gentil et se parler gentiment »

Elles permettent d’être réellement vécues et servent de référent permanent : « Comment pouvons-nous être sûrs que la règle n°2 (permettre à tous d’apprendre) sera respectée lorsque nous allons faire telle activité ? », ou encore « Que se passe-t-il si nous ne prenons pas soin du matériel ? » (règle n°3 par exemple).« Si X fait cela, quelle règle ne respecte-t-il pas et quel effet cela a-t-il sur nous ? ».
Être pro-actif, c’est anticiper tous les comportements, actions ou obstacles à l’activité et les traiter avant, avec les enfants en leur donnant les clés de la réussite, de façon explicite.

Le langage de l’enseignant

Prendre conscience du pouvoir de nos mots, de la manière dont on s’exprime face aux élèves est également un axe abordé dans cette approche. Être direct, sans affect, bienveillant mais pas complaisant. Il faut entre autres rendre l’enfant responsable de son travail (on ne fait pas pour faire plaisir à la maitresse, mais pour répondre à une consigne). Ainsi, on apprend à avoir un langage qui renforce les bonnes attitudes, (on pointe un bon comportement et non un enfant qui se comporte bien) ou un langage qui rappelle et redirige l’élève vers la tâche. Autant d’automatismes à corriger et à réapprendre en tant qu’enseignant !
J’ai pour ma part un petit aide-mémoire caché avec des phrases types.

La connaissance de l’enfant et des familles

Enfin, cette approche pédagogique s’appuie sur une excellente connaissance du développement de l’enfant, qui, d’un âge à l’autre n’apprend pas de la même façon mais aussi une connaissance des problématiques familiales de chaque enfant.

Les effets ?

Cela fait environ 5 ans que j’utilise cette pratique en classe, que je me forme aussi. Les enfants dits « transparents » ne le sont plus, les relations entre enfants sont apaisées, les élèves progressent dans le domaine du vivre ensemble. La structure que m’offre Responsive Classroom est rassurante, documentée et très concrète. Elle n’est pas une solution miracle. Aux États-Unis, les écoles qui pratiquent cette approche pour toutes les classes voient des résultats en terme de réussite scolaire mais constatent également une baisse des conflits entre élèves. Les équipes sont formées en entier et ont des retours réguliers avec les formateurs.

Dans mon cas, cette approche ne dure qu’une année scolaire pour mes élèves et les effets ne sont pas évaluables à long terme. Toutefois, comme mes élèves, j’attends avec impatience le « morningmeeting », et Responsive classroom a comblé aussi mon propre besoin de prendre du plaisir en classe, de donner du sens à ce que je fais et à construire chez moi un sentiment d’appartenance.

Contact

 raphaele.lemaire@ac-poitiers.fr