Biennale de Venise 2024 : focus sur quelques artistes de cette 60e édition. publié le 05/05/2024

Foreigners everywhere du 20 avril au 24 novembre 2024

Pages : 123

Une biennale sous le signe de la migration, de la décolonisation et du sort particulier réservé aux états transitoires.

Be some body, Jeffrey Gibson, 2024 Pavillon Américain

Cette Biennale 2024 consacre une visibilité importante à de jeunes artistes, femmes, queer, issus des minorités et des diasporas qui se démarquent souvent par leur capacité à manier techniques traditionnelles et nouvelles technologies. On observe dans les œuvres présentées l’exploration d’une perspective non occidentale de l’art contemporain.
C’est un souhait du commissaire Adriano Pedrosa qui explique le titre de la Biennale : « Foreigners everywhere/étrangers partout » : « cette formule a un double sens, premièrement, que partout où vous allez et où que vous soyez, vous trouverez toujours des étrangers : il/nous sommes partout. Deuxièmement, que peu importe où vous êtes, toujours, véritablement et au fond, vous êtes un étranger […] artistes, étrangers, immigrés, expatriés, diasporiques, émigrés, exilés et réfugiés, en particulier ceux qui ont migré entre le sud et le nord. »

Voici de manière non exhaustive et sans parti pris particulier une sélection d’artistes de cette année 2024.

Omar Mismar
Cet artiste syrien réutilise des images postées dans les médias, retravaille ces images de pixels en utilisant la technique de la mosaïque. Chaque pierre de mosaïque mesure un centimètre, ce qui équivaut également à un pixel. L’idée est de repenser l’artisanat de la mosaïque dans une perspective numérique contemporaine.
Sa pratique est axée sur des projets explorant l’enchevêtrement de l’art et de la politique, ainsi que l’esthétique du désastre.

omar_mismar

Ahmad et Akram protégeant
la mosaïque d’Hercule, 2 × 1,30 m

2019 – 2020

Ahmad et Akram protégeant Hercule représente deux hommes en train de mettre dans des sacs de sable une mosaïque d’Hercule pour la protéger de la destruction au musée de la mosaïque de Ma’arra en Syrie, qui a été bombardé par un baril bombardé en juin 2015 lors d’une opération militaire. Dans un contexte de destruction et de dépossession du patrimoine culturel syrien dû aux activités de pillage et aux opérations militaires de l’EI et du régime, ces images, pour la plupart prises dans un moment d’urgence avec des téléphones portables, deviennent des enregistrements de ce qui pourrait être détruit ou pillé : index de ce qui pourrait ne plus être là.

Bouchra Khalili
Ce projet vise à dessiner une pratique alternative de cartographie élaborée du point de vue des individus contraints de traverser illégalement les frontières. Chacune des vidéos est basée sur un long plan statique. Une main tenant un marqueur permanent dessine littéralement sur une carte les routes tortueuses et complexes traversant les frontières qui génèrent des voyages illégaux forcés, tandis que hors écran, les narrateurs racontent le voyage de manière factuelle.

Mapping Journey

Réalisé entre 2008 et 2011, 8 vidéo monocanal. Installation visible à l’Arsenal.

Romuald Hazoumè
« Le plastique s’est imposé à moi parce que, dans l’environnement dans lequel je vivais, il y avait des bidons d’essence à chaque coin de rue. Je n’avais pas le choix. En utilisant ces bidons, j’ai simplement voulu régler un problème qui était dans mon entourage immédiat. Je ne suis ni un donneur de leçons ni un écologiste. Mes œuvres sont juste une lecture de la manière dont les Africains fonctionnent aujourd’hui. »

youtube (Binary Data)
Romuald Hazoumè

L’artiste travaille à partir d’objets usagés dont il conserve la patine naturelle. Quelques gestes, une combinaison, un renversement, lui suffisent pour révéler des visages sous-jacents et renouer avec la tradition des masques dont il se réclame, issu d’une tradition Yoruba.

Aziza Kadyri
Artiste multidisciplinaire basée à Londres qui se concentre sur la réalité étendue (AR/VR), les performances live/numériques, les costumes expérimentaux et les textiles. Originaire d’Ouzbékistan, son approche repose sur une fusion de méthodologies de collaboration et interdisciplinaires qui conduisent à la création d’expériences immersives physiques et numériques.

youtube (Binary Data)
Aziza Kadyri

Aziza Kadyri explore les expériences des femmes d’Asie centrale et la manière dont elles réinventent leur identité dans le processus de migration. Dans les coulisses d’un théâtre déconstruit, les costumes deviennent des sculptures aux côtés d’œuvres audiovisuelles.

Yuan Goang-Ming

Dans l’espace d’exposition du pavillon de Taïwan, il y a un jeu continu de sirènes, d’explosions, d’impacts soudains et un enregistrement lent de l’hymne national. Ces sons qui proviennent de différentes œuvres, imprègnent des scènes d’exercice de défense aérienne, des mouvements de désobéissance civile ainsi que des scénarios domestiques.
Le titre de l’exposition, « Everyday War » vise à explorer les conditions de vie d’individus confrontés à des menaces imprévisibles de transformation sociale et à des situations instables. Du point de vue de l’artiste taïwanais Yuan Goang-Ming, les œuvres exposées mettent en évidence la façon dont les lieux de notre quotidien se détériorent progressivement en raison de la répartition inégale du capitalisme, des cyberattaques, du changement climatique, des conflits ethniques et autres conflits.

Taïwan Guerre quotidienne Yuan Goang-Ming

Dwelling , 2014. Vidéo monocanal, 5 minutes en boucle