Espaces urbanisés : de la ville pictavienne à la métropole nord-américaine publié le 26/07/2007

Lycée professionnel - Terminale BEP

Hôtel de ville de Poitiers.

La vieille Europe, par son passé millénaire, module encore aujourd’hui ses paysages en tenant compte de son histoire. Ainsi, on ne rase pas une ville sous prétexte que ses rues sont tortueuses et peu pratiques pour les transports modernes du XXIeme siècle. Bien au contraire on a à cœur de mettre en exergue ce patrimoine souvent moyenâgeux et parfois même gallo romain, pour prendre en compte notre histoire.
Cependant, il faut bien se l’avouer, au fil des siècles, la population a pris conscience de cette nécessité de parfaire le tracé urbain puisque celui-ci devenait totalement obsolète. Ainsi la France du XIXème détruit une grande partie de ses remparts pour les transformer en boulevards et en contre allées. Elle possédait ainsi des voies d’accès à la ville plus rapides en évitant bien souvent le centre.
Liant l’utile à l’agréable, les contres allées permettaient les promenades du dimanche où la bourgeoisie de la première partie du XXème siècle pouvait à son gré profiter de la modernité urbanistique, quand, sortant de ses hôtels particuliers avec parc et jardin, elle se rendait aux abords de la ville en automobile ou à pied. Ainsi, le parcellaire moyenâgeux se transforme et les habitations que l’on voyait plutôt hautes et étroites deviennent des maisons plus larges, plus basses, plus ouvertes vers l’extérieur avec de grandes fenêtres et des espaces privatifs.
Ces nouveaux quartiers sont plus rationnels avec des rues plus larges et plus linéaires. Enfin, l’Europe occidentale, d’après guerre se doit de reconstruire. Avenues et boulevards se multiplient laissant libre accès aux camions qui amènent toutes les marchandises possibles et inimaginables.
Le baby boom des années 60 transformera les faubourgs ou les villages en cités, où les barres HLM règneront en maître sur le paysage puisqu’il y aura nécessité de loger cette jeune population de manière décente. C’est la grande époque des périphéries, celles que l’ont construit entièrement, celles que l’on aménage et celles que l’on rénove comme les cités ouvrières des années 50.
Enfin le XXIeme siècle apparaît comme le siècle de la grande vitesse avec de plus en plus de plateformes multimodales permettant aux marchandises mais aussi aux hommes un gain de temps considérable. Mais dans cette course à la vitesse, la population recherche de plus en plus un espace de tranquillité où il fait bon vivre et se tourne vers les villages environnants pour bâtir. Le centre n’attire plus ou n’est plus accessible financièrement et la périurbanisation se développe, transformant une nouvelle fois nos paysages urbains.

Hôtel de ville de Montréal.

Côté québécois, ces premières villes fondées par des français vont prendre exemple sur la modernité de l’époque. La modernité au XVIIème siècle, ce sont des villes nouvelles comme celle de Rochefort bâtie sur un plan quadrillé permettant aux armées du roi de sillonner rapidement la ville en cas d’émeute, et d’accéder le plus rapidement possible au fleuve Charente. C’est cet exemple qui sera repris et qui servira de base aux villes d’Amérique. Ainsi Montréal, par ses rues quadrillées, a rapidement compris la nécessité d’un tel parcellaire dans une ville où tout dépend du fleuve. De plus, installée entre le Saint Laurent et la Petite Rivière des fonds, la ville s’étoffe en prenant appui sur ce quadrillage. Si, à partir des rues, et autant que faire se peut, les espaces ont été subdivisés à angle droit, il n’en demeure pas moins qu’à l’intérieur même d’un bloc, cette division reste semblable. Jamais, bien sûr, les rives du fleuves n’ont été modifiées et il a bien fallu suivre quelques méandres mais dans l’ensemble, on a respecté au maximum l’idée du quadrillage.
Dès la fin du XVIIème siècle, en plus de ce quadrillage entre les deux axes fluviaux, il a semblé nécessaire d’instaurer une voie longeant le Saint Laurent pour permettre à chacun de se déplacer ou de transporter les marchandises d’un point à l’autre du fleuve. Puis, au fil du temps, l’arrière pays s’étoffant, on a instauré de grandes pénétrantes permettant ainsi des sorties de ville plus rapides. Si le Québec industriel du XIXème n’est pas seulement constitué d’une population maritime, il n’en demeure pas moins que Montréal, bâtie entre les deux fleuves, commence à utiliser l’espace dans sa verticalité.
Ainsi les grandes sociétés veulent être implantées à proximité du principal axe les reliant au reste du monde et il n’y a pas d’autres solutions que les immeubles. Puis la technologie du bâtiment évoluant, le XXème siècle remplace une partie des immeubles de la ville par des buildings plus grands les uns que les autres. Aujourd’hui, ils sont les caractéristiques même du paysage urbain nord-américain, et leurs façades de béton laissent de plus en plus la place aux façades de verres, et aux formes les plus incroyables, alliant ainsi esthétisme urbain et architecture.

Bibliographie

 CHALANDARD (Benoît), L’architecture, la ville, le paysage en France : formations et recherche
Paris : AFAA, Association française d’action artistique, 1999

 FISCHLER (Raphaël), Splendeurs et misères de l’urbanisme à Montréal
Urbanité , 1999.

 LAROUCHE (Pierre), Montréal et l’urbanisme : hier et aujourd’hui
Les compagnons de Jacques Cartier,

 LAROUCHE(Pierre), Villes de demain : L’avenir ne se prédit pas…il se construit
Les Compagnons de Jacques Cartier

 ZAMBONI (Agnès), Les jardins secrets de Poitiers
photogr., Antoine Schneck. - Chauray
Éditeur : Patrimoines et médias, 2001

Programme

Lycée professionnel Terminale BEP

Objectif

Comparer les espaces urbains en Amérique du Nord et en Europe

Démarche envisagée

A partir de Google Map , montrer aux élèves la différence entre le site de la ville de Poitiers et celui de la ville de Montréal, puis travailler sur des photos de la ville pour faire des comparaisons et terminer sur l’extension urbaine.