Composer avec l'histoire publié le 11/11/2007  - mis à jour le 12/11/2007

un tas de questions

« Composer avec l’histoire »

ARt’RESEAU 2008

Les mots

Composer

  Faire produire une œuvre- voir, bâtir, créer, écrire, produire
  S’accorder en faisant des concessions voir (s’) accommoder, s’entendre, traiter, transiger

Histoire : connaissance ou relation des événements du passé, des faits relatifs à l’évolution de l’humanité…. qui sont dignes ou jugés dignes de mémoire… La petite histoire … étude scientifique, étude…anecdote, épisode, récit, conte, légende….
(Extrait partiel et partial du dictionnaire Le Petit Robert)

Composition : mot de la pratique et de la tradition des arts plastiques, du savoir-faire, des œuvres codifiées.


Des questions pour réfléchir, échanger, travailler avec les élèves….

D’ordre pédagogique

  • Quelles relations entre les arts plastiques, l’histoire et l’histoire des arts ?
  • Quelle place ont les arts plastiques dans la construction d’une culture historique et stylistique des œuvres aux élèves (histoire des arts) .
  • Le socle des compétences nous demande de construire pour l’élève des repères historiques : comment les construire ? Comment préserver la méthode des arts plastiques : la pratique, l’expérimentation et l’articulation théorie /pratique, dans cette construction.
  • L’histoire de l’art peut-elle s’approcher par la pratique ?
  • Peut-on construire une culture artistique de l’élève sans s’appuyer sur les œuvres du passé ?
  • Comment construire pour l’élève les singularités, filiations, permanences, ruptures des démarches artistiques…..
  • Quelles relations construire entre les œuvres des musées, celles des créateurs d’aujourd’hui et l’expérience, la culture de l’élève ?
  • En quoi la peinture ou une œuvre peut être un document historique, témoigner de l’Histoire
  • Quelles relations avec les autres disciplines (ex : histoire, lettres…)
  • Quelles pratiques d’enseignement : comment donner des repères historiques par rapport aux œuvres ?
  • Peintres (et sculpteurs) d’histoire ?
  • Comment enseigner la chronologie ? Les arts plastiques : quelles parts à prendre ?
  • Démarche scientifique de l’historien ou artistique du plasticien ?
  • Qui valide notre enseignement de l’art ? Quelle histoire de l’art construit-on dans la tête de nos élèves ?

D’ordre artistique

  • « Composer avec l’histoire » : est-ce une question pour les artistes d’aujourd’hui ?
  • Quelles pratiques artistiques contemporaines au regard de l’histoire ? De la référence ? De la déférence ?
  • Que retiennent les artistes de l’histoire faite et celle en train de se faire ? Comment travaillent-ils avec elle, comment se positionnent-ils ?
  • Qui compose avec l’histoire ? Y-a-t-il des pratiques plus en relation avec l’histoire ? Peintres, architectes, photographes ?
  • Comment les architectes travaillent-ils avec l’histoire dans le tissu urbain ?
  • Quelles relations avec les œuvres de référence ?
  • Quelles relations à la mémoire, à l’identité, à l’universalité ?
  • Quelles relations entre l’histoire des techniques et les démarches artistiques ?

Des questions d’ordre pédagogique, artistique et historique

  • Histoire de l’art ou art contemporain ?
  • La querelle des anciens et des modernes ?
  • Savoirs et savoir-faire en arts plastiques ?
  • Les musées, l’histoire et l’histoire de l’art peuvent-ils encore être une source d’inspiration pour les artistes ? Pour les enfants ?
  • Composer avec l’histoire locale, l’histoire nationale, l’histoire européenne, l’histoire mondiale…
  • Peut-on prendre les mêmes libertés en art avec l’histoire qu’avec d’autres domaines…
  • Quelles relations entre l’histoire singulière de l’élève, celle de l’artiste et l’Histoire dans une création plastique ?
  • L’histoire comme réservoir de formes ?
  • l’art dans la ville
  • l’art de commémoration….
  • Les œuvres et les artistes construisent-ils l’histoire et la mémoire collective, une représentation commune de l’histoire ?
  • L’histoire de l’artiste et l’Histoire
  • L’intime et l’histoire
  • Quelles sédimentation dans nos pratiques, nos images, nos archétypes….
  • Comment s’écrit l’histoire de l’art ?
  • La mort de la peinture n’est-elle plus de notre histoire ?
  • L’artiste moderne est-il le dernier soubresaut de la renaissance ?
  • Les pratiques d’enseignement sont-elles influencées par l’évolution de l’art contemporain (donc l’histoire de l’art contemporaine) ? Quel recul et quel écart dans nos pratiques ?
  • Le progrès en art ?

    Citations

« Depuis ses origines, l’art a partie liée avec l’histoire par ses sujets, ses forme et ses fonctions : la musique et les arts plastiques sont partie intégrante des cérémonies fondatrices des civilisations ; les grandes épopées et les tragédies retracent les mythes originels des sociétés ; l’architecture et la sculpture créent les monuments historiques dans lesquels les rois et les héros des peuples cherchent une vie éternelle. En revanche, la conscience historique, celle de l’importance essentielle de l’histoire pour l’art et la philosophie, est relativement récente… » Etienne Souriau Vocabulaire d’esthétique, article Histoire.

« Le Louvre avait été conçu pour les artistes vivants. Quand on l’a ouvert en 1792, c’était pour rendre accessibles aux artistes les collections d’antiques, les collections royales, etc. En somme, c’était au départ un grand squatt d’artistes ! Tous les artistes y habitaient, exposaient dans la Grande galerie qui était envahie en permanence par des artistes vivants. Faire le Grand Louvre avec la pyramide de Peï, c’était quand même déjà vouloir sortir le Louvre de ce côté poussiéreux et montrer que c’était un musée d’aujourd’hui, pour aujourd’hui. Il y aura toujours une forme de querelle des anciens et des modernes, un certain public passéiste, des conservateurs ayant un amour exclusif et jaloux pour tel ou tel siècle et qui n’aiment pas leurs contemporains. Mais il n’y en a pas tant qu’on voudrait le faire croire. Là encore j’évoquerai Picasso : l’art n’avait pour lui « ni passé, ni présent ». L’art doit être de tous les temps. Une statue d’Egypte peut être plus « contemporaine » que n’importe quelle œuvre actuelle, si elle nous parle aujourd’hui. Et d’ailleurs, comment voulez-vous regarder le passé autrement qu’avec les yeux du présent ? La question est évidemment celle du regard artistique. Comment le favoriser, l’amener à faire, avec et malgré, les grandes institutions qui, bon an mal an, pactisent avec le tourisme de masse, la logique des flux, ce qui fait qu’on ne sait même plus ce qu’on regarde. Certes, le Musée se démocratise, c’était une condition nécessaire... Mais pas suffisante. Au fond, je manie le grain de sable, le grain de sable de l’artiste vivant, je l’administre à dose homéopathique. J’ai montré, en organisant avec mes collègues sensibles à ma démarche, et il y en a dans tous les départements de cet immense musée, qu’il suffit qu’un artiste vienne dans cette énorme machine et, parce qu’il regarde les œuvres différemment, il crée un mouvement inédit qui peut enchanter et revivifier ces œuvres mille fois commentées et supposées archi-connues. Soudain, le regard d’un artiste vivant qui s’est déplacé et qui est là, en chair et en os, cible parmi les antiquités orientales cette œuvre-là unique, et pas une autre, et voilà qu’elle se détache de la masse énorme des œuvres dont, l’instant d’avant elle faisait encore partie. Saisie, elle se trouve réactivée parce qu’elle a dit quelque chose à cet artiste-là, qui ose, lui, parce qu’il est un artiste, s’en servir, pas forcément, d’ailleurs, pour faire une autre œuvre, mais parfois simplement pour la faire exister aujourd’hui, pour lui et pour le public. Vous n’imaginez pas à quel point les jeunes sont sensibles à cette démarche qui rend vivant le passé et démontre, en acte, la pertinence du musée, qui souvent leur est dérobée parce qu’on les ennuie avec des discours convenus et rabâchés. J’appelle cela réactiver le regard artistique sur le passé et sur les collections, et pour moi c’est une urgence de tous les instants. Marie-Laure Bernadac - A bâtons rompus, conversation avec Marie-Laure Bernadac,par Nathalie Georges-Lambrichs et Yves Depelsenaiere, pp 154-171, in La Cause freudienne, n°66, mai 2007, Navarin Editeur

« En premier lieu, je souhaite que l’on renforce la présence de l’histoire des arts dans l’enseignement obligatoire dès le plus jeune âge. C’est la condition pour que chaque élève puisse acquérir les bases de cette culture humaniste que nous avons reçue en partage. » Xavier Darcos : Education culturelle et artistique, Discours du 21 juin 2007


Œuvres et artistes

Quelques exemples dans une liste infinie à poursuivre….

Cueco travaille avec des œuvres du passé ex : Ex Voto de Philippe de Champaigne …
Marcel Duchamp met des moustaches à la Joconde
Boltanski évoque la Shoa dans toute son œuvre
David célèbre l’histoire (Le sacre de Napoléon) mais aussi Delacroix (La liberté guidant le peuple)
Rancillac
Andy Warhol
Ernest Pignon Ernest (Métro Charonne, Naples…)
Cindy Sherman (La série des tableaux )
Ilya Kabakov (La cuisine communautaire, L’album de ma mère) ….


Des livres

Là aussi une liste à constituer, pour l’initier :

  • Jean Lacouture, L’histoire de France en 100 tableaux, Hazan 1996 1ère édition, L’archipel 2000
  • Daniel ARASSE, Anachroniques, Gallimard 2006