Chercher, analyser, écrire ensemble publié le 15/09/2015 - mis à jour le 16/07/2018
Traiter en équipe un ensemble de documents et une problématique implique de s’organiser. Certains outils numériques facilitent ce travail. Exemples dans lesquels le professeur met en place un contexte de rédaction collaborative et accompagne l’éducation aux médias, dans un cadre disciplinaire.
Aline Le Pape, professeur d’histoire géographie au lycée de Melle, donne aux élèves de seconde et de première des occasions de rédiger ensemble des articles ou des synthèses à partir de documents multiples, avec des outils numériques d’écriture synchrone1.
Les élèves font par groupe et en présence du professeur des travaux de recherche documentaire et de production écrite. Répartis en ilots, ils et elles disposent d’ordinateurs portables, d’une fiche guide, de documents du centre de documentation et d’information, et d’un accès à internet.
Travail : écrire ensemble sur l’art et les violences de guerre
Nous assistons à un exemple de séance dans la classe de 1ère L, qui fait preuve depuis le début de l’année de peu de motivation et une forte propension à l’absentéisme. Les travaux de groupes ne fonctionnent plus avec cette classe du fait de cet absentéisme récurrent, c’est pourquoi l’enseignante a décidé de faire utiliser des outils d’écriture synchrone sur le temps de la classe. Le travail peut être prolongé en dehors de l’établissement.
Préparation
L’enseignante a créé une adresse Gmail par classe, et a partagé via Google Drive des dossiers et une fiche de travail. Une adresse a été créée par les élèves sous le format prénom-initiale du nom et initiales de l’établissement, afin d’en faire une adresse "professionnelle" (qu’ils utilisent en tant qu’élève). Certains ont préféré utiliser leur adresse personnelle, donnant accès à leur compte Google+2. Ils ou elles sont alerté(e)s des conséquences - ces informations sont visibles lors des partages - pour faire leurs choix en conscience.
Scénario "représentations des violences de guerre"
1ère L, 2014 2015, histoire géographie
Aline le Pape, lycée de Melle
Actions du professeur pendant la séance
Le travail doit être effectué en deux fois deux heures. Cette séance est la deuxième, les groupes ont déjà choisi leur thème dans le choix proposé par l’enseignante et collecté les documents. Ils ont partagé leur fiche de travail, qui est commune à l’équipe, et recensé les résultats au fil de leurs recherches dans un document de collecte (Padlet), sur lequel les sources sont indiquées.
Nous les voyons organiser les informations, s’accorder sur un plan, se répartir les tâches. Cette organisation du travail n’est pas le plus facile à déterminer, même si les groupes se sont formés par affinité. Des tensions se font sentir entre ceux qui sont pressés d’aboutir et ceux qui restent décontractés. Mais cela fait partie d’un processus naturel et des compétences à développer, Aline n’intervient pas trop vite, laissant la possibilité d’une régulation par les membres du groupe. Nous sommes dans la vraie vie de personnes qui ont un travail à produire ensemble dans un délai imposé...
L’enseignante observe et navigue d’ilots en ilots, pour répondre aux interrogations, stimuler, aider, faire réfléchir, réactiver des connaissances. Ses interventions concernent alternativement l’éducation aux médias (quand doit-on citer l’auteur d’un propos...), le réinvestissement des connaissances historiques (à quel moment historique se réfère l’oeuvre, quel est le contexte...), le recul critique (est-ce un fait, un ressenti ou une opinion, quel message l’artiste veut-il faire passer, quels mots, quelles images véhiculent ce message...), l’organisation (la répartition du travail est-elle réaliste...).
Les élèves sont actifs et semblent pour la plupart intéressés par ce qu’ils font. Ceux qui ont choisi un film visualisent des extraits et sélectionnent des images par captures d’écran. Les échanges de savoir-faire sont nombreux mais s’opèrent discrètement, pour ne pas troubler la concentration de ceux qui réfléchissent.
Ils échangent entre autres par messages écrits entre eux et avec leur enseignant(e), par le tchat, sans que cette méthode leur ait été suggérée. Cela leur permet de signaler un problème, de poser une question au camarade qui répond lorsqu’il a fini sa propre tâche... une bonne manière de gérer le temps. Le plan s’élabore parfois via cet outil, alors même que certains élèves sont voisins de table (voir illustration ci-dessous). L’enseignante aperçoit parfois des échanges tendus dans les messages : la messagerie est parfois utilisée sans mesure dans le langage, il semble difficile pour certains d’adapter leurs propos à ce contexte "scolaire".
Utilisation de la messagerie par des lycéens
pendant une séance de rédaction collaborative
en histoire (Google Drive)
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