TraAM 2021-2022: La différenciation par les plans de travail publié le 15/05/2022  - mis à jour le 16/05/2022

Présentation générale

Le thème des TraAM 2021-2022 pour les Langues Vivantes proposé par le ministère était le suivant :
La différenciation en cours de langues vivantes

Le terme différenciation pédagogique sera pris dans sa globalité mais pourra s’adapter aux constats faits au sein des classes : valorisation de la diversité des élèves, variation des supports pédagogiques et des parcours d’apprentissage, articulation des entraînements aux compétences de communication langagière, adaptation des rythmes d’apprentissage et des objectifs pédagogiques, etc.
En quoi le numérique permet-il d’enrichir les outils de différenciation, de la mettre en œuvre et en quoi l’angle retenu permet-il à la fois l’expression du besoin individuel et la cohésion du groupe ? Dans quelle mesure l’apprenant est-il rendu autonome dans son appropriation du savoir, et jusqu’où les élèves peuvent-ils être responsabilisés individuellement et collectivement ?
Différents supports pourront être testés, et une réflexion sera menée sur le rôle de l’organisation spatiale et temporelle de la classe physique et virtuelle.

Cette année, six académies ont été retenues pour proposer des scénarios pédagogiques sur ce thème :

• Académie de Grenoble
• Académie de Lille
• Académie de Nice
• Académie de Paris
• Académie de Poitiers
• Académie de Versailles

La problématique retenue par l’académie de Poitiers

Aucun élève n’apprend de la même manière et au même rythme, mais tous doivent maîtriser les connaissances et les compétences du socle commun. Pour faire face à cet enjeu, il n’existe pas une « recette pédagogique » unique qui s’imposerait à tous les enseignants, pour tous les âges des élèves et quelle que soit la discipline enseignée.
Derrière la notion de différenciation pédagogique se cache une multiplicité de pratiques et de dispositifs pertinents pour faire face à l’hétérogénéité dans les classes.
Après réflexion, l’équipe de langues vivantes de l’académie de Poitiers est tombée d’accord sur l’importance d’une pratique commune mise en place dans nos cours de langues vivantes : l’utilisation du plan de travail.

Comment l’utilisation des outils numériques contribue et facilite la mise en place du plan de travail dans un objectif de différenciation ?

Les différents membres de l’équipe de langues vivantes (Allemand, Anglais et Espagnol) de l’académie de Poitiers enseignants en primaire, collège et lycée avaient des niveaux différents sur la pratique du plan de travail. Certains le mettaient déjà en place dans leurs classes, d’autres souhaitaient l’expérimenter, d’où l’importance d’un travail collaboratif entre enseignants avec des exemples et conseils provenant des enseignants expérimentés mais aussi des réflexions entre enseignants qui souhaitaient le mettre en place.
La composition de cette équipe a permis une réelle coopération. L’équipe souhaitait proposer différents types de plans de travail : du plus simple au plus complexe incluant les ceintures de compétences.
Ainsi tous les professeurs pourront se retrouver dans la conception et l’utilisation de ces plans de travail.

Qu’est ce que la différenciation ?

Selon Philippe Mérieu, il s’agit de :

— > Quelques apports conceptuels de S Connac permettant de montrer l’ancrage des notions de différenciation, d’autonomie et d’innovation dans le plan de travail :

Différencier, c’est mettre en œuvre un ensemble diversifié de moyens, de procédures d’enseignement et d’apprentissage pour que des élèves différents puissent atteindre, par des voies variées, des objectifs et des savoirs communs. La différenciation apparaît donc comme une stratégie appartenant à l’enseignant et s’adressant à l’ensemble des élèves d’une même classe (voire d’un même établissement). Elle a pour visée une optimisation du rapport "activité de l’élève-apprentissage développés" par l’intermédiaire d’outils et de dispositifs constituant une structure de classe devenue riche pour chacun.
[...] Les formes de différenciations qui se manifestent par les plans de travail appartiennent au champ de la personnalisation .
Personnaliser, c’est permettre aux élèves d’apprendre des contenus d’enseignement de manière autonome, dans une contexte coopératif et à partir d’une structure de classe fournissant divers ressources et supports. [...] La personnalisation [..] vise la maîtrise d’un même socle de compétences, mais elle développe en même temps des aptitudes à l’entraide et à l’autonomie. L’autonomie est ici définie comme la capacité de l’apprenant à choisir et utiliser par lui-même les ressources mises à sa disposition pour définir son projet, tracer et suivre son itinéraire, s’approprier savoir et savoir-faire, évaluer ses acquis (S. Connac, 2016).

— > Le numérique a toute sa place ici comme facilitateur d’accessibilité, de richesse et de créativité.

Qu’est-ce que le plan de travail ?

Le plan de travail est un document spécifique à chaque élève, sur lequel il planifie ses activités à partir de ce qu’il souhaite et peut réaliser, et de ce qu’il a à acquérir et maîtriser au terme de son cycle. Il note la réalisation des travaux, il évalue l’ensemble en fin de période de validité du plan afin d’élaborer le plan de travail à venir. L’enseignant valide la projection, suit, accompagne et oriente la réalisation, participe à l’évaluation globale du travail (S. Connac, 2016). —> Le plan de travail permet donc à l’élève d’expliciter ce qu’il a à faire selon ce qu’il se sent en capacité de faire au regard de ce que l’enseignant attend de lui.

Quelle place pour les TICE dans la différenciation ?

Le plan de travail permet de travailler individuellement dans un parcours collaboratif et de développer l’autonomie de l’élève en classe et hors de la classe. L’élève prend en charge ses propres apprentissages au rythme qui lui convient en s’appropriant différents outils numériques (entre autres) et méthodologiques éventuellement transférables, afin de valider les compétences travaillées.
L’utilisation du numérique permet de faciliter la mise en place du plan de travail et donc de la différenciation.
Le numérique est alors au service de l’inclusion.
Des outils tels que la création de QR codes, de capsules vidéos, de murs de partages (Digipad, Pearltrees, Genially, One), d’exerciseurs (Quizlet, LearningApps, Quizinière, Flippity), de portfolios numériques (Book creator, Seesaw) ou d’outils d’évaluation (Kahoot, Plickers), d’aides (Natural Readers, Mirage Make ou I2S OCR) ont été utilisés par les enseignants et leurs élèves.
 richesse des différents outils
 Souplesse et accessibilité des supports d’enseignements
 Initiation aux enjeux et développement des compétences numériques (—> PIX / CRCN)

Présentation de la différenciation mise en oeuvre

 Le plan de travail (PDT) permet de mettre tous les élèves en activité.
L’équipe a ainsi mis en place plusieurs types de différenciation :
 Niveaux de difficulté des documents
 Niveaux de difficulté des activités de compréhension (différents étayages adossés au CECRL)
 Niveaux de difficulté des activités de production (différents types de projets intermédiaires et finaux) pour développer des stratégies d’apprentissages et transversales (compétences psychosociales, cognitives, et émotionnelles)
 Temps différents alloués aux élèves
 Différents outils (variés, pas tous numériques, collaboratifs pour une responsabilisation de l’élève) dont l’appropriation est transférable dans toutes les disciplines (Partage sur DIGIPAD, Quiz collaboratif Agoraquiz, Création d’infographie DRAW.IO, etc...)
 Mise en place d’un PDT plus au moins guidé : nous avons laissé divers degrés de libertés aux élèves en fonction du cycle (3, 4, terminal), de la classe, de la séquence et du professeur.
 Le numérique permet de mettre en œuvre le PDT notamment grâce à Digipad, car il permet de centraliser les documents et ressources, de les rendre plus accessibles, et de donner à faire des choses différentes dans le même temps.

Obstacles et difficultés

 Manque d’échanges en classe, moins d’utilisation de la langue cible, perte de spontanéité.
 L’enchainement des activités peut déconnecter l’élève d’une réflexion d’ensemble sur la séance et la séquence.
 Efficacité limitée quand le PDT est mis en œuvre dans une seule discipline car cela freine la réflexivité de l’élève.
 Les élèves ont tendance à se sous-estimer pour contourner les difficultés (tendance de certains à vouloir rester dans leur zone de confort).
 Peut favoriser l’écart entre élèves s’il n’y a pas de coopération.
 La création d’un PDT peut être très chronophage pour l’enseignant.

Points de vigilance (Solutions envisagées)

 Mener un suivi individuel des élèves pour qu’ils aient à faire des activités qui correspondent à leur niveau (Zone proximale de développement).
 Former les élèves à la coopération (Rôle de tuteur / Rôle de tutoré).
 Donner une place aux plus faibles (médiation).

Ressenti des élèves

 Les élèves ont beaucoup apprécié d’avoir tout à disposition, pour visualiser la cohérence d’ensemble de la séquence.
 La relative liberté pour s’organiser dans leur travail leur a beaucoup plu car il se sont sentis très autonomes.
 Ils souhaiteraient réitérer l’expérience.

Quelle est la plus-value pour les élèves ?

 Optimisation du rapport aux apprentissages
 Explicitation des compétences
 Prise d’initiatives
 Coopération et entraide
 Tâtonnements expérimentaux
 Autoévaluation
 Transferts méthodologiques (AP) pour d’autres matières

Quelle est la plus-value pour l’enseignant ?

 Initiation aux pratiques coopératives
 Évolution de la posture enseignante : Médiateur, accompagnateur, coach
 Répartition plus efficace des rôles et tâches de ses élèves

Quelle efficacité des plans de travail dans les apprentissages ?

 Explicitation des parcours et objectifs
 Visibilité sur les attentes et exigences
 Réflexivité et autoévaluation
 Participation active de l’élève à ses propres apprentissages : autonomisation
 Entraide et coopération : développement des compétences sociales et pragmatiques.

L’organisation spatiale de la classe physique ou virtuelle est, elle aussi, importante, tant par un aménagement grâce à du mobilier mobile innovant par exemple pour une répartition efficace des rôles et objectifs de chacun, qu’un prolongement numérique en adéquation avec l’évolution des moyens d’apprentissage.

Les séquences proposées

L’équipe de langues vivantes de l’académie de Poitiers s’est rencontrée à plusieurs reprises en présentiel et en distanciel et les échanges ont permis aux plus aguerris de guider les professeurs les moins expérimentés. Mais chacun propose un plan de travail différent adapté à sa propre pédagogie, avec des outils numériques parfois incontournables mais toujours gratuits et utilisés en conformité avec le RGPD (Règlement général sur la protection des données).

Les élèves de 4° de Claire Charrier, professeure d’anglais au collège de la Tour de Monguyon (17) ont travaillé tout au long de l’année en plan de travail, plus précisément en plan de vol.
Elle nous propose une séquence dont La production finale donna lieu à la création d’une infographie utilisée comme support lors de la présentation orale des élèves par équipe pour donner des conseils de visites pour un éventuel séjour à Londres.
Dans cet article, vous pourrez voir que cette séquence est tout à fait transférable à une autre langue vivante : Alexandra Latorse du collège Pierre Mendès France de Soyaux l’a ancrée dans une dimension encore plus concrète, puisque la destination finale choisie est le land que découvriront les élèves lors de leur mobilité Erasmus : le Mecklenburg-Vorpommern.
Enfin, Gaëlle Hallez, professeure d’espagnol au collège Henri IV de Poitiers a basé cette séquence sur la visite de villes hispaniques (Madrid / Barcelone / Medellín) avec la réalisation d’une campagne à destination de touristes en tâche finale qui a permis de reproposer aux élèves des activités similaires tant au niveau du contenu (vidéos de voyages), des stratégies d’apprentissage et/ou de production (présentation de monuments) et ainsi de constater concrètement les progrès de chacun avec l’acquisition des compétences via les passages de ceintures.
 Séquence : Travailler en plan de vol / de travail pour visiter des villes étrangères

Une séquence proposée par Madame Emmanuelle Bladier-Murer, professeur d’anglais au lycée Charles Coulomb à Angoulême (16) pour une classe de 1ère – Spécialité LLCE-Anglais Monde Contemporain . Développer l’esprit critique des élèves sur les valeurs symboliques portées par les représentations officielles (statuaires et picturales) des leaders politiques vis-à-vis des citoyens, et se questionner sur le renversement de ces représentations et du positionnement du citoyen face à ces représentations officielles via un plan de travail.
 Séquence : What leaders stand for

La séquence proposée a été réalisée en classe de 1ère générale par Mme Myriam Campain, professeure d’anglais au lycée Emile Roux de Confolens (16) dans le cadre des TraAM 2021-2022 sur le thème de la différenciation. Le plan de travail est basé sur une séquence d’un manuel de 1ère utilisé en classe par les élèves. A travers cette séquence, les élèves sont amenés à réfléchir sur l’art comme moyen d’expression ou de contestation pour la communauté afro-américaine.
 Séquence : African American Art

Une séquence réalisée avec des élèves de 1ère par Monsieur Hubert Marillaud, professeur d’anglais au lycée Jean Moulin de Montmorillon (86)
 Séquence Dystopia

La séquence "Arte cotidiano" a été proposée en plan de travail et a été réalisée en classe de 2de par Monsieur Julien Pastre, professeur d’espagnol au lycée Bellevue de Saintes (17). Les élèves sont amenés à réfléchir sur l’impact de l’art dans le quotidien et à créer un objet quotidien artistique à l’aide d’activités collaboratives, et à le présenter oralement, et à mener une action pour le diffuser.
 Séquence : Arte cotidiano