Ménigoute - Collège 100% Compétences publié le 21/11/2017 - mis à jour le 07/01/2018
Mise en œuvre d'une évaluation exclusivement par compétences sur les cycle 3 et 4 à la rentrée 2016.
Mise en œuvre d’une évaluation exclusivement par compétences sur les cycles 3 et 4 à la rentrée 2016.

Le collège Maurice Fombeure (79340 MENIGOUTE – 0790020t) est un collège de 235 élèves répartis sur 10 divisions. Il est situé en zone rurale et est plutôt isolé.
L’équipe enseignante est composée de 22 enseignants dont une partie non négligeable est à temps partiel ou partagé sur un autre établissement.
1. Cheminement du projet – année 2015/2016
Le conseil pédagogique (élargi) ne se réunit pas plus que nécessaire. Mais en cette année de réforme des programmes, des rencontres ont eu lieu plusieurs fois, menant l’équipe pédagogique à des constats et des nécessités.
En décembre 2015, une première réunion a eu lieu pour laquelle l’ordre du jour était la lecture du socle, les repères et croisements disciplinaires possibles.
Ensuite, fin mars 2016, les équipes disciplinaires étaient invitées à réfléchir et à s’entretenir avec la cheffe d’établissement afin qu’elle puisse recueillir les points de vue de chacun sur les possibles modalités d’évaluation (intérêts, contraintes, limites, adaptations nécessaires,…) dans le cadre des nouveaux programmes et de la mise en place du LSU.
Un document (Rapport de l’IGEN - n° 2013-072 ` Juillet 2013) était fourni à chacun des enseignants afin de parfaire ses connaissances et permettre d’élaborer un avis.
Début avril, un courrier était adressé aux parents d’élèves afin de recueillir également leur avis et de les convier à une réunion.
Dès lors, en mai 2016, faisant suite aux stages sur les nouveaux programmes, aux constats lors des diverses réunions pédagogiques et discussions, il a été « admis » que l’évaluation chiffrée ne convenait pas ou plus.
En juin 2016, des enseignants et la cheffe d’établissement ont rencontré les équipes de direction et pédagogique du collège Gérard Philippe à Niort. Lors d’un temps d’échange et de présentation du dispositif par l’équipe enseignante référente sur l’évaluation par compétences ont été abordés l’impact de l’évaluation sans notes (pour les élèves, les enseignants et les familles) sur le comportement et les résultats scolaires ; les difficultés, les freins, les pièges à éviter ; les leviers, les réussites, les astuces à connaitre, les conditions nécessaires à la réussite et enfin les outils de suivi. Les enseignants ont pu également suivre une séance et échanger avec l’enseignant observé.
Le retour sur cette observation a eu lieu lors d’une journée banalisée fin juin 2016. Un conseil pédagogique élargi à l’ensemble des enseignants s’est retrouvé pour débattre sur la question de l’évaluation et proposer une solution à mettre en œuvre pour l’année scolaire suivante.
A la quasi-unanimité, après une longue discussion, il a alors été décidé de mettre en place une évaluation uniquement par compétences sur le cycle 3 et sur le cycle 4, et ce, dès la rentrée et pour cela d’élaborer un livret unique.
2. Mise en œuvre du projet – année 2016/2017
Les enseignants se sont emparés du projet. Dans chaque champ disciplinaire, un référent (volontaire) a été en charge de lister les compétences à évaluer. Deux enseignantes pendant les congés scolaires, puis à la rentrée ont élaboré dans un premier temps le livret unique pour le cycle 4, puis pour le cycle 3 (regroupement d’items réécriture pour plus de lisibilité). Un autre enseignant a renseigné l’application déjà utilisée (Pronote).
Dès la rentrée, des réunions d’échange ont eu lieu pour une dernière lecture.
Jusqu’à son écriture finale, chacun a pu modifier le livret.
Tout au long de l’année scolaire, il a été également permis d’abonder en sous items l’application de suivi de l’évaluation pour une meilleure lisibilité pour tous ou parfois une plus grande proximité avec l’évaluation.
Voir l’exemple ci-après (Oral de rapport de stage)

Dans l’année, des moments de réflexion et de discussion ont permis à l’équipe de se mettre d’accord sur les termes employés (« Partiellement atteint » au lieu de « Maîtrise fragile »), sur le nombre de compétences évaluées (à l’écrit), la présentation des grilles d’évaluation…
Cela a donc été un travail collaboratif en évolution sur toute l’année scolaire.

3. Bilan en fin d’année scolaire 2016/2017
Si on dit que l’outil doit correspondre à une intention (pédagogique), force est de constater que ce n’était pas toujours le cas. L’outil de suivi n’était pas toujours conforme aux attentes de chacun. Il a été pour les uns difficile de repérer les points de vigilance avec l’outil utilisé et pour les autres de faire un suivi le plus correctement possible.
Nous avons cependant pu constater qu’au cours de cette année scolaire, non seulement, cette nouvelle façon d’évaluer a permis de mieux prendre en compte les acquis des élèves avec la plus grande bienveillance (évaluation positive, qui valorise les progrès) sans pour autant les leurrer mais aussi, de mesurer et comparer dans différentes disciplines sur les mêmes bases au mieux les progrès des élèves (compétences et/ou items communs) et d’être au plus près des nouvelles modalités d’attribution du DNB. Enfin, cela fluidifie également le passage de l’école élémentaire au collège.
Ce nouveau dispositif a été difficilement perceptible et lisible par tous les élèves (et leurs parents) en début d’année scolaire (souci du rapport à la note). Au fil des mois, celui-ci a été compris. Il a permis en outre de mettre en avant les initiatives des uns, de les encourager sur bases plus évidentes et plus compréhensibles, parfois de les alerter, de repérer problèmes d’apprentissage. Ce qui n’était pas possible auparavant du fait du cloisonnement par l’évaluation disciplinaire.
Témoignages, fin de la première année, juin 2017
Dans le cadre des réflexions engagées pour la mise en œuvre de la réforme, l’équipe enseignante, déjà investie dans l’évaluation par compétences depuis plusieurs années (en parallèle de l’évaluation chiffrée), a souhaité, à sa grande majorité, abandonner la note sur les 4 niveaux à partir de septembre 2016.
Un sondage diffusé auprès des familles en cours d’année, exprimait pourtant que plus de 70 % d’entre elles se positionnaient contre la suppression de la note. Ce qui invitait plutôt à la prudence et à la progressivité dans le changement.
Toutefois, devant l’enthousiasme des enseignants, et leur volonté de se doter d’outils spécifiques facilitant le travail en transversalité et l’échange, j’ai validé leur proposition et les notes ont été supprimées.
Le 1er trimestre fut éprouvant pour les équipes. Il a fallu non seulement, absorber les changements liés à la réforme du collège (nouveaux programmes, travail par cycles, mise en œuvre de l’AP et des EPI), rassurer les élèves et les familles, mais aussi accompagner le changement intellectuel profond inévitable lors du passage à l’évaluation exclusivement par compétences. La question des outils « adaptés » fut également récurrente dans les discussions et les appréhensions, tant le suivi des niveaux de maitrise de chacune des compétences et de l’acquisition progressive peut s’avérer complexe et chronophage, au sein d’une équipe pluridisciplinaire.
Après une première année d’expérience, je suis particulièrement satisfaite et fière du travail qui a été accompli dans cet établissement. La solidarité et la cohérence de l’équipe furent déterminantes dans la réussite du projet. Chacun tentant à sa manière d’éclairer l’autre et de lui faire profiter de ses réflexions et des tests réalisés.
Les parents se sont finalement adaptés et nous avons enregistré peu de remarques négatives.
Un retour en arrière me semble inenvisageable tant l’évaluation par compétence permet aux élèves de gagner en confiance, de se sentir valorisé et encouragé, et tant le travail des enseignants devient plus fin et plus précis. Les appréciations sont détaillées, constructives et optimistes, car la progression prédomine.
Il nous reste encore à ajuster certains points (notamment items retenus dans le livret commun de compétences utilisé par tous les enseignants du collège) et à s’accorder sur les documents diffusés aux familles (forme des bulletins, appréciations…qui ne sont pas suffisamment explicites et simples aujourd’hui). »
Laurence Audé, Principale du collège Maurice Fombeure
Coralie Guillemain, professeure d’allemand.
Enfin en ce qui concerne la validation des différents domaines de compétences, on peut noter que le logiciel utilisé reste encore inadapté. En effet, il ne semble pas possible de faire la différence entre une évaluation qui certifie l’acquisition d’une compétence et une évaluation sommative qui valide ou non une étape dans l’acquisition de cette compétence.
Pour conclure, je dirais que si sur le fond cette démarche semble profitable à l’élève, les outils de communications restent à un obstacle majeur pour rendre efficace et intelligible cette démarche. Autrement dit tant que le travail de simplification et ou de vulgarisation ne sera pas plus évolué, l’évaluation par compétence apparaît comme trop technique pour être profitable. »
Benoit Marcel, professeur d’EPS
Vincent Giraudeau, professeur de lettres classiques.