Oeuvre d'Yves Klein au Musée Hèbre de Saint-Clément de Rochefort publié le 10/11/2012  - mis à jour le 03/01/2019

Yves Klein,"Terre Bleue", 1957, Peinture-enduit, Don Klein-Moquay, Inv° 998-3-1

Terre Bleue
Auteur : Yves Klein
Mention légale : © Musées municipaux - Rochefort / Mer

Yves Klein,"Terre Bleue", 1957, Peinture-enduit, 40,5 x 29 cm, 255 / 300, Don Klein-Moquay en 1996, Musée Hèbre de Saint-Clément, Rochefort, Inv° 998-3-1

Cette oeuvre conservée au Musée de Rochefort depuis 1996, est enfin exposée au public. On peut l’admirer au 3eme étage du Musée Hèbre de Saint-Clément, dévolu aux grands voyageurs.

à propos de l’International Klein Blue

Présenté sur un socle blanc, abrité dans une vitrine, le globe terrestre est devenu... bleu ! Mais il n’est pas de n’importe quel bleu. Ce bleu est foncé et lumineux, ce qui semble paradoxal. C’est un bleu tirant sur l’indigo, un outremer profond.
Ce bleu profond et lumineux, mat mais irradiant, d’une texture épaisse mais poudreuse, qui semblerait douce et profonde à toucher. Tel est l’IKB.
Ce globe terrestre devient illisible, il perd sa fonction d’objet utilitaire par l’action du recouvrement par l’IKB. Cette matière profonde, tactile, vibrante, d’un pur pigment recouvrant la forme la révèle autrement. L’objet gagne une forme imprégnée de couleur et devient une oeuvre, chargée de toute cette tactilité sensible du bleu outremer profond. Elle gagne un relief planétaire sensible, plastique et chargé de sens.

à propos du Ready Made chez Klein

"Le ciel bleu est ma première oeuvre d’art " déclare Yves Klein. Il élargit ainsi le concept du ready-made pour en faire un acte de présence au monde, à la planète tout entière. Pour Yves Klein, le monde est le ready-made essentiel.

Cette perception mystique de l’univers est celle qui peu à peu devient pour nous familière, par l’influence de la culture bouddhiste qui est apparue en Occident. Rappelons qu’Yves Klein était un maître de judo, discipline qu’il avait étudiée au Japon. L’art et la vie de Klein sont imprégnés de mysticisme. Cette perception du monde comme un ready-made est un thème écologique devenu tangible par les découvertes scientifiques et par la perception de la planète dans sa globalité, due aux conquêtes spatiales : conquête de la lune, satellites de télécommunication et de télédiffusion. " Vue de l’espace, la Terre est bleue " dit Yves Klein en citant Youri Gagarine avec émotion. L’intuition d’Yves Klein d’un infini bleu est finalement celui d’un infini relatif, celui de la planète bleue.

in, Stéphan BARRON : Toucher l’espace, poétique de l’art planétaire (Ed. L’Harmattan)

à propos du Nouveau Réalisme :

plusieurs artistes regroupés autour de Pierre Restany, critique d’art : Arman, César, Tinguely, Villeglé, Spoerri, Christo, Ben, Klein... forment le groupe des Nouveaux Réalistes. Ce groupe se place dans la filiation du geste du ready-made de Duchamp, pour décider de faire de la réalité une oeuvre d’art par le choix et le geste même de l’artiste. Les objets quotidiens de consommation courante deviennent oeuvres d’art. Ils sont récupérés (Villeglé, Spoerri, ben), assemblés, compressés (César), accumulés (Arman), transformés par ajouts de signature, de textes (Ben), de couleur (Klein), ou bien par leur présentation : encadrés, enchâssés dans des boites, vitrines, mis en exposition de façon spécifique...

À la fin des années 1950, plusieurs artistes s’opposent à l’esthétique abstraite, gestuelle et matiériste qui caractérise la création française de l’époque. En rupture avec toute forme de tradition, ils tentent de redéfinir la relation de l’art au réel. Ils constituent un groupe en 1960, à l’initiative du critique d’art Pierre Restany : le Nouveau Réalisme. Arman, François Dufrêne, Raymond Hains, Yves Klein, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean Tinguely et Jacques Villeglé en signent la déclaration constitutive : « Les Nouveaux Réalistes ont pris conscience de leur singularité collective. Nouveau Réalisme = nouvelles approches perceptives du réel. » Cette définition donne le coup d’envoi d’une suite d’expositions, d’actions spectaculaires et de festivals. César, Mimmo Rotella, Niki de Saint-Phalle, Christo et Gérard Deschamps sont par la suite associés à ce groupe, qui ne sera jamais unifié par un style. Certains contesteront vivement la position dominante de son théoricien. Cependant, en trois manifestes, Restany tente de définir un socle commun théorique pour unifier ces démarches individuelles. Les artistes renouvellent les formes et les idées par « l’appropriation du réel » qui vise non plus la représentation du monde mais sa présentation. Ils intègrent dans leurs œuvres des matières concrètes et des objets quotidiens, urbains et industriels : les tableaux-pièges chez Spoerri, l’accumulation chez Arman, l’assemblage chez Raysse, la compression chez César. Hains et Villeglé, quant à eux, s’emparent d’affiches qu’ils décollent à même les murs des rues de Paris. Ils en détournent souvent le message et mettent en avant les qualités plastiques des surfaces découvertes. Les représentants de ce rassemblement fécond d’audaces portent une réflexion critique sur la société de consommation et de communication de masse.

à propos d’Yves Klein

Pour parfaire des recherches sur Yves Klein : le site officiel, très documenté géré par Rotraut et Daniel Moquay.1

Rien à voir ? pour finir : bleu et art contemporain à Rochefort… clin d’oeil…

Pour l’anecdote, dans son film Les Demoiselles de Rochefort, Jacques Demy, situe une rapide scène devant la devanture de la galerie d’art contemporain Lancien. Alors que Delphine quitte la boutique, deux jeunes filles et deux marins devisent sur des ressemblances colorées entre le tableau bleu abstrait et les yeux bleus de Daniel Moquay qui tient le rôle d’un des marins.
Si le film de Jacques Demy fait date à Rochefort, on en retient les mètres carrés de façades repeintes de couleurs vives ou pastels, mais cette scène passe presque inaperçue bien que faisant percevoir le contexte de l’art contemporain de 1967.
Si Rochefort semble bien loin des très parisiennes controverses entre figuration et abstraction, cependant, le contenu de la galerie Lancien est sans équivoque : Des toiles abstraites2, une toile figurative portrait d’un idéal, et pour débuter et finir la scène, Lancien tire au pistolet sur sachets de couleurs.
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Ainsi, si on s’y attarde un peu, ce sont bien les controverses entre les galeries Denise René (prônant une abstraction totale) et Iris Clert (galeriste des Nouveaux Réalistes) qui sont perceptibles ici.

(1) Terre Bleue", 1957, est un don de la famille Klein-Moquay en 1996 à l’occasion de l’exposition "bleu" à Rochefort.
Rotraut Klein-Moquay, veuve d’Yves Klein en 1961, elle même artiste, rencontre en 1968 son mari actuel, Daniel Moquay, acteur, originaire de Rochefort.

(2) on reconnaîtra ici ou là des références à Vasarely, Hartung ou Manessier peut-être

(3) Citation explicite des "Tableaux tir" ou "Tirs" de Niki de Saint Phalle (1930-2002)

Exposés pour la première fois en 1961 à la Galerie J. à Paris, les Tirs de Niki de Saint Phalle (1930-2002) relève d’un procédé pour le moins original et provocateur pour l’époque : armée d’une carabine 22 long rifle, l’artiste tire sur des sacs remplis de pigments liquides, les faisant ainsi exploser sur une surface blanche en relief. (elles@centrepompidou)
Document joint

Yves Klein,"Terre Bleue", 1957, Peinture-enduit, 255 / 300, Don Moquay- Klein, Musée Hèbre de Saint-Clément,Rochefort, Inv° 998-3-1