La musique vocale à l'époque de la Renaissance publié le 12/05/2015 - mis à jour le 14/05/2020
Quelques repères sur la musique de la Renaissance. Des outils d’écoute et de pratique en lien.
Le concert de Lorenzo costa,
huile sur bois, Italie 1485-1495.
National Gallery, Londres.
Source : Wikimedia
Introduction
En musique, le 15ème siècle et le 16ème siècle se situent à la fois en continuité et en rupture avec le Moyen-âge.
Les humanistes de la Renaissance remettent en cause l’Église romaine et les différentes réformes religieuses s’accompagnent d’une évolution des formes musicales.
Musique vocale
1- Évolution du style musical
C’est l’apogée d’un style vocal polyphonique, à plusieurs voix.
Aux 14ème et 15ème siècle, dans la musique liée aux rites religieux, les formes se complexifient avec la multiplication des voix. Une construction musicale sophistiquée importe plus aux compositeurs que la compréhension du texte. Cette tendance va s’inverser avec l’influence de l’humanisme au cours du 15ème siècle.
Écoute active
- Caractériser cette musique, vocabulaire spécifique, vocabulaire sensible
« Vous allez entendre un extrait de musique de la Renaissance. Je vous demanderai ce que vous entendez et ce que vous ressentez »
Ce que j’entends | Ce que je ressens |
---|---|
Plusieurs voix d’hommes et de femmes, graves et aiguës qui ne chantent pas la même mélodie (polyphonie) Pas d’instrument Chant dans une autre langue |
Tranquillité, tristesse, force, prière, peur... |
- Préciser la manière dont le texte est chanté.
Les paroles sont Kyrie eléison. Il s’agit d’une prière de la religion chrétienne qui veut dire "Seigneur, prends pitié"
Remarque : à la Renaissance les textes liturgiques chrétiens sont en latin. Ici, ces paroles grecques, issues de l’Antiquité, ont été conservées telles quelles et n’ont jamais été traduites en latin.
« Essayez de reconnaître les mots Kyrie eléison, qu’en pensez-vous ? »
Les paroles sont répétées mais jamais de la même façon et elles se mélangent entre les voix. Il est parfois difficile de les percevoir dans l’entremêlement des voix.
La technique du mélisme1 est utilisée.
A travers trois courts extraits, nous allons décrire différentes techniques imaginées par Josquin des Prés pour inventer sa musique et la rendre plus expressive.
Départ en imitation
Le compositeur utilise trois groupes de voix différents.
Un groupe de voix graves d’hommes et un groupe de voix aigües d’hommes partent en même temps, un troisième groupe de voix de femmes commence en décalage, tous terminent ensemble.
Consigne : signaler le moment de départ en décalage de la troisième voix (main levée)
Le décalage donne un aspect plus léger, moins dense à la musique.
Écho
Cette fois deux groupes de voix d’hommes commencent et chantent en continu tandis qu’un groupe de voix de femmes répond comme un écho.
Consigne : faire un signe de la main au moment de l’écho du groupe de voix de femmes.
L’écho amène une impression d’insistance peut être en lien avec la notion d’imploration exprimée dans les paroles.
Désordre/ordre
Ici quatre groupes de voix sont décalés et se rejoignent à la fin.
Consigne : lever la main quand toutes les voix sont ensemble.
Cette alternance renforce l’effet de plénitude donné par la superposition exacte des voix.
Apport culturel
Josquin Des prés 1440-1521
Source : wikimedia
A cette époque, l’Europe du Nord est le lieu d’une culture musicale importante. En musique on parle de la musique franco-flamande qui regroupe des artistes de France, de Flandre (Belgique) et d’Angleterre.
Josquin est né dans le nord de la France dans l’actuelle Picardie. Très peu de traces de sa vie ont été retrouvées.
Il est d’abord chantre dans une maîtrise c’est-à-dire qu’il chante dans un groupe pendant les offices religieux.
Ensuite, il devient maître de chapelle. Le maître de chapelle compose et enseigne la musique dans une maîtrise. La maîtrise c’est une sorte d’école de musique attachée à une église.
Comme beaucoup d’artistes de la Renaissance, Josquin voyage. Il s’installe quelques années en Italie, à Milan, où il exerce son métier de chanteur et compositeur au service d’une famille princière de mécènes, les Sforza (comme Léonard de Vinci). Il voyage également dans d’autres villes d’Italie, en France, à Paris et finit ses jours à Condé-sur-Escaut, dans le Nord.
Il a composé de la musique vocale religieuse comme des messes et des motets2 et de la musique vocale profane, des chansons.