De l’évaluation par contrat de confiance (EPCC) au contrat de réussite publié le 23/03/2015  - mis à jour le 12/06/2015

Dialogue entre deux enseignants...

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Une contractualisation qui implique les élèves

GD – Pour faire bref, en situation de correction, c’est l’élève qui diagnostique de lui-même différentes erreurs encore commises sur un contenu déjà étudié. Parmi, ses erreurs, il en relève une ou deux qu’il lui semblent possible de corriger rapidement et de manière définitive – et il faut insister sur ce mot –. C’est ainsi qu’il complète son contrat.

RC – Ce contrat a pour fonction de revaloriser une phase souvent décevante de la pratique pédagogique : la correction... Épisode rendu ingrat et fastidieux pour des élèves que l’on connaît focalisés sur la note ; une note accueillie comme un verdict irrévocable sans chance, justement, de révocation. Je proposais l’an dernier, à partir du mois de mars aux élèves de quatrième ce principe – en situation de rédaction, dans un catalogue des erreurs identifiées, l’élève choisit une erreur parmi celles que j’ai repérées. Il s’agit normalement de celle qui est la plus « simple » et la plus « compromettante » pour la qualité de son expression écrite ; je l’encourage justement à choisir celle-là. Il doit de manière autonome reconnaître que cette erreur-là n’est plus acceptable de sa part... et qu’il ne peut plus remettre au lendemain cette correction qui ne demande pas plus que de l’attention à porter sur ce fait de langue. Chaque élève complète individuellement et de manière autonome son contrat qui accompagne toujours le sujet proposé ; si la correction est avérée lors de la rédaction suivante, j’ajoute une prime à la correction à la note reçue ou, dans le cadre des classes sans notes, je complète l’item de ma grille disciplinaire : « comprendre et apprendre en se corrigeant » – ; présenté trop tardivement – dans l’année et dans le cycle –, les élèves n’ont pas perçu l’avantage concédé. Présenté cette année dès septembre aux élèves de sixième et de quatrième, ils adhèrent et consacrent désormais une attention particulière à comprendre les indications de correction...

GD – Mon problème était bien différent : j’avais quant à moi surtout besoin d’organiser des séances de remédiations sans avoir le temps de le faire avec un rendez-vous hebdomadaire d’une heure et demie... J’ai bien demandé des heures... que je n’ai jamais eues... Alors… je réfléchis, je m’inscris sur Vi@Educ, je me documente et j’échange. La pratique de la classe inversée peut me permettre de « dégager » un temps précieux pour organiser ces fameuses séances de remédiation ? J’y souscris... et je garantis un niveau de pré-requis identiques pour toute la classe ce qui stimule les élèves dès l’entrée dans la séquence...

Mise en place des contrats de réussite

RC – Et comment organises-tu ta « contractualisation » ?

GD – Une séance est préparée sur un sujet fraîchement étudié. L’élève a donc la possibilité de tester ses connaissances et quelques compétences... Il s’agit souvent d’un document à compléter afin que les parties restées vierges l’aident à repérer ce qui le bloque encore... Rien n’est plus clair que ce qui reste vide ! Ensuite, une correction projetée accompagnée d’explicitations orales est réalisée pour que chaque élève achève son activité avec une fiche complète aux notions et techniques stabilisées. Enfin, l’élève formule lui-même la ou les deux erreurs commises qu’il se sent capable de corriger... C’est son engagement ! J’aide certains élèves à formuler les termes de leur contrat, toujours avec un regard bienveillant, en tâchant de respecter leurs choix même si, finalement, les engagements semblent manquer d’ambition.

RC – Ce manque apparent d’ambition est tout d’abord nécessaire pour lancer ce nouveau contrat et instituer un nouveau rapport à l’erreur, à la correction, à l’évaluation. Stimuler les apprentissages sur la phase de correction reste une gageure qui peut être une victoire en soi... Au fil du temps, les exigences s’élèvent alors que les erreurs répétées et sédimentées par des années d’oubli s’effacent... C’est en tout cas le but. Évidemment, ces rétroactions reviennent sur des notions rabâchées pendant des années mais dont la connaissance est mal-assurée ou la maîtrise de la technique, négligée. Mes « contrats », contrairement aux tiens, sont rarement liés aux apprentissages nouveaux, mais bien plutôt liés aux apprentissages fondamentaux de la maîtrise de la langue et de l’expression... Surtout : les élèves doivent maintenir le secret sur le choix qu’ils ont réalisé. Je tiens à découvrir cet engagement lorsqu’il me le présente lors de l’évaluation suivante, s’ils jugent qu’ils ont effectivement porté un effort sur le point concerné. Dès que le progrès devient mesurable et quantifiable, comparant les deux productions, je valorise...

Contrat de réussite en sciences physiques

Contrat de réussite en sciences physiques

GD – Dans ma discipline, c’est l’élève qui repère ses erreurs, ce n’est pas un trait rouge de son professeur qui l’identifie avec une annotation peu explicite pour l’enfant. C’est lui qui positionne le curseur sur l’effort qu’il est prêt à consentir pour se corriger… et donc progresser. Dans un premier temps, on peut s’interroger sur le fait que l’élève choisisse l’effort qu’il souhaite produire. Mais l’effet est, quoi qu’il arrive, positif. Il est urgent d’inscrire tous les élèves dans une telle dynamique qui permettra au professeur de dire : « tu vois, cette erreur, tu ne la commets plus. » Il faut conduire certains élèves à retisser des liens avec la réussite.

RC – Oui... Il ne s’agit pas de réaliser coûte que coûte, et en situation d’apprentissage, une production parfaitement achevée, un modèle impeccable. Ces procédures tentent simplement de réparer certains dommages dans la temps, au fur et à mesure. L’effort ne se veut plus « dur » et « raide » ou « brutal », qui plus est circonscrit dans la durée d’un exercice technique d’apprentissage, mais plus constant grâce au sentiment de voir des efforts récompensés... Ce qui entraîne parfois des demandes fortuites : des réexamens des compétences acquises... hors des temps d’évaluation imposés par le professeur... Mais il s’agit d’avancer pas à pas, comme la tortue de La Fontaine...

GD – et bien évidemment, l’ensemble de ce travail n’empêche pas le professeur d’exprimer des exigences plus importantes quand l’élève produit, recherche, investigue… à d’autres moments du processus d’apprentissage.

RC – Mais ce n’est pas la martingale que certains appellent de leurs vœux... Cela stimule de nombreux élèves, mais pas tous autant qu’on le souhaiterait déjà et...

GD – Des idées, des ajustements, de la réflexion restent nécessaires pour affiner le principe qui doit rester flexible et accompagner le développement des autres pratiques pédagogiques.

RC – Maintenant, comment ça s’appelle ce... « système » ? Reprenant A. Antibi, j’ai bien pensé à CPCC pour Correction Par Contrat de Confiance mais...

GD – Pas très parlant... Pour le moment, parlons seulement de Contrat de réussite.

Documents joints

Activité autour du conte en sixième

Contrat de réussite en sciences physiques

Document-support de séance de remédiation

Evaluation sur rédaction d’un conte

Grille d’évaluation de rédaction en français

Préparation d’une évaluation de français en quatrième