Faire en grand. Seconde, enseignement optionnel arts plastiques publié le 03/04/2024  - mis à jour le 12/04/2024

Comment réinterprèter la figuration dans un contexte marqué par la post-modernité, les nouvelles technologies et la mondialisation ?

Faire en grand. Les élèves en pratique

Faire en grand. Les élèves en pratique

"Depuis la Préhistoire, l’Homme observe le monde qui l’entoure et essaie de le reproduire par le dessin et la peinture. L’invention de la photographie en 1839 va bouleverser cet objectif : la peinture va peu à peu se libérer de son rapport de ressemblance au réel et investir de multiples champs d’explorations artistiques en jouant volontairement des écarts avec le modèle observé. En effet, même l’œuvre la plus illusionniste ne sera jamais la réalité : toute représentation implique un écart avec son référent. Aussi, au XIXe siècle, des artistes produisent des images avec des écarts intentionnels afin de questionner notre rapport à la réalité et modifier notre perception. Cette distance par rapport au référent est donc au cœur des arts plastiques, permettant aux artistes d’exprimer un point de vue singulier sur le monde.

Chez Félix Vallotton, l’usage de la photographie est à la fois source d’inspiration et prétexte à exploration : jeux sur le cadrage, la lumière, utilisation exclusive du noir et blanc à l’instar de Edgar Degas, dont les photographies réalisées dans les années 1895, permettent de comprendre sa peinture : clair-obscur étrange, postures délicates, univers vaporeux et presque dématérialisé.
Aujourd’hui encore, des artistes peintres ont recours à la photographie dans leur démarche picturale, soit comme source d’inspiration, objet d’étude ou comme référence. Mireille Blanc, dit « La photographie est un déclencheur d’idées pour une peinture », Nina Childress, elle, ré-interprete des photographies qu’elle collecte dans les magazines et sur Internet. Et à la genèse des peintures de Pascale Rémita, il y a toujours un référent photographique. "Le leurre’’ – écrit-elle – "me fascine : en voulant voir de plus en plus, on voit de moins en moins… à moins qu’il faille tout reconsidérer autrement". Elle ne peint pas d’après nature mais d’après des photographies trouvées sur Internet ou des photographies réalisées par elle-même.
Sans titre (la vague), réalisée à la peinture à l’huile en 2012, représente une surface non reconnaissable au premier abord. Seul le titre permet d’en comprendre le sens et ainsi de la recontextualiser. Son traitement hyperréaliste s’apparente quasiment à la reproduction d’une photographie en gros plan, par la finesse des détails qui incluent même les effets optiques produits par l’objectif. Le cadrage de l’œuvre, très serré, empêche de déterminer le mouvement de la vague, tandis que les dimensions du tableau et la vue en contre-plongée accentuent l’impression de domination et de toute-puissance de la nature.

« …car ces images commencent toutes petites dans un bureau sur un ordinateur, même si leur étrangeté, leur exotisme leur donnent très vite une aura de divinité. Avant de rayonner, elles commencent par n’être rien. » Olivier Assayas, in interview Là où se fabrique le fantasme du monde, Purple fashion, hiver 2004.


Image extraite du Documentaire, Mireille Blanc, Atelier A, Arte

Image extraite du Documentaire, Mireille Blanc, Atelier A, Arte

 Comment les artistes contemporains réinterprètent-ils la figuration dans un contexte marqué par la post-modernité, les nouvelles technologies et la mondialisation ?
 Comment les artistes explorent-ils l’écart entre leur représentation et la réalité, et comment cet écart est-il utilisé pour renforcer la valeur expressive de l’œuvre ?
 Qu’apportent les écarts constatés entre la représentation et son référent ?
 Représenter est-ce faire ressembler ?

Champ des questionnements plasticiens : La représentation, ses langages, moyens plastiques et enjeux artistiques.

  • Représenter le monde (…)
    • la ressemblance et ses codes (relation au modelée, tirer parti de l’écart avec la réalité..)

Champ des questionnements plasticiens : La matière, les matériaux et la matérialité de l’oeuvre donner forme à la matière ou à l’espace (…)

  • la relation du corps à la production artistique.

L’enseignement optionnel des arts plastiques en classe de seconde se déroule sur trois heures consécutives. Cette séquence a nécessité six heures au total, y compris le temps d’accrochage dans le hall de l’établissement, qui sert d’espace E_Lro


1ère séance

Les élèves doivent reproduire un fragment d’une image de leurs choix sur un grand format à la peinture. Comment reproduire un tout petit fragment sur un très grand format ? Lés élèves vont experimenter la mise au carreau :
Séance pédagogique incluant du numérique en arts plastiques : Faire en grand

Fragments d'images sélectionnées

Fragments d’images sélectionnées dans leurs galeries personnelles

2ème séance :

Les élèves adaptent, voire inventent des outils pour peindre sur un grand format, tout en rendant compte, par la peinture, des effets de matière, de couleurs et de formes. Peindre sur un grand format nécessite également d’adapter la posture de leur corps et les gestes.

Adapter le corps et le geste pour peindre sur un grand format. Voir en grand

Adapter le corps et le geste pour peindre sur un grand format. Voir en grand

Adapter le corps et le geste pour peindre sur un grand format. Voir en grand

Adapter le corps et le geste pour peindre sur un grand format. Voir en grand

Adapter le corps et le geste pour peindre sur un grand format. Voir en grand

Adapter le corps et le geste pour peindre sur un grand format. Voir en grand

En expérimentant, les élèves découvrent qu’un fragment d’une image figurative peut se révéler abstrait, par exemple. À l’instar de Gerhard Richter, qui utilise des photographies comme point de départ pour créer des peintures oscillant entre abstraction et représentation : " Si je peins d’après photo, la pensée conciente est annihilée. Je ne sais plus ce que je fais. Mon travail se rapproche davantage de l’informel que de n’importe quelle autre forme de réalisme. La photo possède une abstraction qui lui est propre et qu’il est difficile de pénétrer" écrit-il en 1964.

Fragments d'image sélectionnée et reproduction à la peinture sur un grand format. Voir en grand

Fragments d’image sélectionnée et reproduction à la peinture sur un grand format. Voir en grand

Les élèves observent l’importance des dimensions dans la reproduction d’une œuvre d’art et son incidence sur sa perception. C’est là l’occasion de repérer et de nommer ce qui relève du dessin (notamment les détails et les proportions), de la peinture (la couleur et sa perception, la luminosité, la facture, la touche, les différents types de peinture utilisés...) et de la singularité de chaque élève dans l’interprétation et l’exécution.

Mise en regard fragment sélectionné et peinture. Voir en grand

Mise en regard fragment sélectionné et peinture. Voir en grand

Mise en regard fragment sélectionné et peinture. Voir en grand

Mise en regard fragment sélectionné et peinture. Voir en grand

Accrochage Voir en grand dans la salle d'arts plastiques

Accrochage Voir en grand dans la salle d’arts plastiques

Portfolio