Guerre, paix et réconciliation publié le 14/11/2011  - mis à jour le 20/12/2018

Guerres - (armistice + justice)2 = réconciliation

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Arts Plastiques : étude de deux œuvres du peintre allemand Otto Dix (1891-1969). Comment le peintre affiche-t-il l’absurdité de la guerre ?

Activité : Faites vos commentaires. Ces tableaux sont-ils pour vous grotesques, tristes, émouvants, cocasses, improbables… ?

Pendant la première guerre mondiale, Otto Dix a combattu comme simple soldat sur les fronts russe et français. Il a été deux fois blessé. Malgré les conditions atroces des tranchées, il exécute plus de 600 croquis.
A partir de 1921, afin d’enrichir l’expressionnisme de son style, il retourne aux sources de la peinture allemande et reprend la tradition ancienne du retable pour son chef-d’œuvre, La Guerre , polyptique aux glacis raffinés. La lumière intense, les couleurs froides, la puissance de la composition confèrent un caractère tragique, apocalyptique à cette scène de combat, où les soldats semblent échapper au cadre de l’humain pour se précipiter vers des gouffres inconnus.

Otto Dix. La Guerre 1929-1939 (Musée de Dresde)

Otto Dix. La Guerre


Qu’est-ce qu’un retable ?
Le retable est un élément de mobilier cultuel fixe ou mobile, décoré de panneaux peints ou sculptés, de plaques d’ivoire ou de métaux précieux, surmontant la table d’autel d’une église. Il referme pour ainsi dire l’espace sacré. Certains retables peuvent se fermer et les panneaux sont alors décorés aussi sur la face postérieure.

Un polyptique : (préfixe grec : polus : multi, pluri) un tableau à plusieurs panneaux.

La guerre d’Otto Dix se fait intemporelle et renvoie à toutes les guerres. Elle est montrée comme une Passion du Christ, sans salvation possible.
Dans le panneau central (l’après-midi), on voit la tranchée où règne la mort mécanique, avec pour seul témoin, sur un terrain dévasté et lugubre comme un marécage, un homme au masque à gaz accroupi sous les ruines d’un pont sur lequel est empalé un cadavre.
Dans le panneau de droite (le soir), illuminé par les feux d’artillerie, un soldat (le peintre Otto Dix) emporte un camarade blessé loin de la ligne de feu.
Sous les trois panneaux, la prédelle tient lieu de crypte aux combattants et à leur éternel sommeil (voir poème de Rimbaud, Le Dormeur du Val ).

Le poète d'Apollinaire (OpenDocument Text de 15.6 ko)


Les hommes dormant dans leurs tranchées fortifiées se retrouveront à leur réveil inéluctablement confrontés au même cauchemardesque destin.
La lecture s’effectue de gauche à droite :
Au travers des 3 panneaux, on voit donc la montée des soldats au front, la bataille, puis la dévastation.
Dans le panneau de gauche (le matin) : la colonne de soldats se rend à la bataille, comme si elle se rendait sur le Golgotha (exprimé par la colline).

 
 

Invalides de guerre jouant aux cartes. (Galerie Nationale de Berlin)

Les invalides de guerre
jouant aux cartes
Otto Dix

Les invalides de guerre jouant aux cartes peint par Otto Dix relate aux populations civiles les horreurs commises pendant la première guerre mondiale.
Au centre du tableau, on peut voir trois personnages qui jouent aux cartes assis autour de la table d’un café. Derrière eux se dressent, à droite, un porte manteau. Au centre, des journaux allemands accrochés, suggèrent les événements belliqueux en cours. La scène est éclairée à gauche par un lampadaire (où l’on distingue une tête de mort).
Le personnage de gauche est un homme. On ne peut lui donner d’âge tant son visage est dévasté. Il a une coupe de cheveux militaire. Cet homme n’a plus de bras, il joue aux cartes avec le pied qui lui reste, puisque l’autre jambe est une jambe de bois. De son oreille part un tuyau finissant par un cornet, qui lui permet d’entendre la conversation. Il doit avoir perdu l’audition lors de la guerre.
Le second personnage, au centre, joue aussi aux cartes. Son crâne semble avoir été trépané. Il a deux moignons à la place des jambes qu’il a perdues à la guerre. Si on regarde son corps on voit qu’il n’est fait que d’os, il n’a pas de peau. Ce personnage a un œil de verre et n’a pas d’oreille.
Le troisième personnage n’est plus qu’un buste posé sur une sorte de socle en fer. Contrairement aux deux autres personnages, il a ses deux mains, mais l’une des deux est articulée comme un robot, dans un geste improbable. Sur son veston il porte une croix germanique : signe de ralliement des Allemands.
Ces trois personnages résument sous forme presque grotesque ou caricaturale des atrocités de la guerre.
Les couleurs sont froides, sauf pour les visages que l’on imagine brûlés. Le tableau se structure selon une pyramide dont les jambes de bois seraient les lignes maîtresses. La fantaisie réside dans la plasticité du style art nouveau de la table ronde qui fédère les 3 souffrances, et rappelle les chaines canées de bistrot. Entre les joueurs des extrémités et les journaux, la scène se déploie en éventail.

Portfolio
Document joint
un document Le dormeur du val (OpenDocument Text de 12.8 ko)

Arthur Rimbaud