L’’outil de communication (le téléphone portable) dans ses spécificités, peut-il être un outil de création artistique, en appréhendant autrement l’espace environnant par le corps en mouvement.
La séquence s’est déroulée en trois séances.
La classe a été divisée en deux groupes lors de la première séance de travail :
J’ai demandé aux élèves, en binôme, d’imaginer une chorégraphie (pour camera portable) dans l’espace de la salle de classe, en fixant l’appareil sur une partie du corps, afin de filmer l’espace environnant.
Conditions : un portable caméra, du sparadrap (afin de fixer l ’appareil sur le corps sans l’endommager). Temps : 30mn, lieu : salle d’arts plastiques.
J’invite les élèves à verbaliser autour de la proposition et de la demande :
Nous reformulons la demande : c’est imaginer une chorégraphie, autrement dit, une succession de mouvement. C’est fixer l’appareil à une partie du corps qui filmera l’espace environnant, lorsque le corps sera mobile.
Pour la seconde séance, l’enseignant récupère les films qui ont été tournés et les importe sur le réseau de l’établissement. (Il est important d’effectuer un point avec les élèves sur la question du transfert des vidéos. S’assurer en effet, qu’ils ont un câble UBS et les pilotes nécessaires, l’idéal étant une carte de stockage. S’assurer également du format d’enregistrement de la vidéo, afin qu’il soit compatible avec un PC. On pourra toujours convertir les fichiers)
Toutes les vidéos obtenues sont visionnées en début de séance au moyen d’un vidéo-projecteur.
En voici trois exemples :
Les élèves observent que Les images sont floues. Elles ont du grain, différentes textures, et elles diffèrent selon l’appareil utilisé. Ces images obtenues révèlent l’espace de la salle d’arts plastiques sous de nouveaux angles de vue. Une partie du corps (genou, dos, mollet, ventre, coude...etc.) s’est transformée en un second œil. Ce fut une expérience.
Nous revenons également sur l’interview d’Alain Fleischer : nous constatons que les élèves qui ont expérimenté la demande après avoir travaillé sur les propos de Fleischer, ont davantage pensé la relation corps/mouvement par rapport à l’espace, tandis que le second groupe qui a commencé par la pratique, s’est retrouvé dans une démarche de tâtonnement.
Je montre aux élèves une image de Gary Hill appareillé de camera et l’installation vidéo qui en résulte : Crux, 1983-87. Cette installation vidéo, construite à partir d’un corps, appareillé, muni de prothèses, produit lui-même une image fragmentée et dispersée dans l’espace.
« La pièce dont le titre est explicitement Crux, consiste en cinq moniteur, un pour la tête, deux pour les mains, deux pour les pieds, qui sont disposé dans l’espace d’un mur de façon à suggérer une croix dont le centre est vide. Une vision morcelée des extrémités du corps apparaît sur les moniteurs, dont les images, lors de la performance, ont été réalisées à partir de caméras placées aux endroits indiqués plus haut, sur le corps en mouvement de Gary Hill ». Françoise Parfais, Video : un art contemporain.
Ces images sont le prolongement du corps de l’artiste.
Je leur montre également un extrait du spectacle de danse contemporaine Icare Ecart de la Compagnie Kdanse, qui associe chorégraphie et technologies multimédia.
Je propose ensuite aux élèves de passer au montage de ces images filmées, au moyen du logiciel Movie Maker, en leur donnant comme consigne de nous rendre compte de la salle d’arts plastiques tel qu’on la voit jamais ! Il s’agissait pour eux, de choisir parmi tous les films, certains plans séquence, de les assembler, voire de les modifier (en usant des effets spécifiques du montage, comme ralentir, accélérer, coloriser...)
Quelques mots sont écrits au tableau, comme des « mots ressources » après une verbalisation autour du terme Montage : rythme, rupture, enchainement, répétition, alternance (plans, échelle, couleur), fondu, cohérence, ralenti...
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