« Périodes intensives d’enseignement » publié le 05/07/2012

Témoignage de Katy Garnier-Colas et Nathalie Faye, enseignantes au LP Doriole à La Rochelle sur la mise en place de périodes intensives en Langues Vivantes

Enseignantes d’anglais et d’espagnol en lycée professionnel, nous avons proposé un projet de regroupement des heures d’enseignement des langues vivantes en « périodes intensives » à la direction de l’établissement. Impossible à organiser la première année (emplois du temps trop figés), le projet a été mis en place en 2011-2012.

descriptif du projet (PDF de 712.9 ko)

présentation des acteurs, objectifs pédagogiques et moyens nécessaires au projet

L’idée consiste à indifférencier les horaires hebdomadaires d’anglais (2 heures) et d’espagnol (2 heures) en un seul enseignement de « Langues Vivantes » (4 heures) qui sera dévolu, suivant la période de l’année, à une langue ou bien l’autre.

Cadrage institutionnel

Nous nous sommes appuyées à la fois sur la réforme de l’enseignement des langues vivantes (BO n°23 du 08/06/2006), qui propose des « périodes intensives d’enseignement sur une courte ou moyenne durée » et une « mutualisation des horaires des deux langues », mais aussi sur la lettre de préparation à la rentrée 2011 (BO n°18 du 5/05/2011) qui mentionne la possibilité de « modulation des périodes d’enseignement ».

Les objectifs

Nous voulions proposer à nos élèves une exposition à la langue plus longue, un « bain linguistique » plus intense qu’un "saupoudrage" de 2 heures hebdomadaires. Nous espérions ainsi favoriser l’apprentissage de l’oral, tant en compréhension qu’ en production.
Nous nous sommes également aperçues que les élèves, inquiets de « perdre » dans la langue non enseignée, se sont investis dans les travaux en autonomie au-delà des efforts qu’ils fournissent habituellement pour les traditionnels « devoirs à la maison ».
Ces travaux en autonomie nous semblaient aussi un apprentissage important pour l’élaboration des listes de thèmes de la partie 1 (EOC) dans le cadre des CCF pour l’épreuve obligatoire en langues en classe de terminale baccalauréat professionnel (cf BO n°21 du 27 mai 2010).

 


Choix de la classe

Cette organisation spécifique nous a semblé particulièrement adaptée à la classe de seconde professionnelle Service de Proximité et Vie Locale pour plusieurs raisons : tout d’abord c’est une classe à effectif réduit (18 élèves) et surtout ce sont des élèves qui, de par les méthodes de travail adoptées en enseignement professionnel, auront très vite un ancrage dans l’enseignement par projet et donc une certaine habitude du travail en autonomie.
Cette autonomie est primordiale, car alors qu’ils reçoivent un enseignement dans une langue vivante, les élèves doivent continuer à travailler l’autre langue avec des tâches réalisées en autonomie et à rendre selon un calendrier précis.

L’organisation

Avec 4 heures d’enseignement par semaine nous avons souhaité avoir deux heures consécutives pour pouvoir mettre en place des activités particulières qui nécessitent un travail plus approfondi.
Ensuite, au niveau de la répartition des semaines sur l’année complète nous avons dû jongler entre les périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) et les vacances, ainsi nous avons pu dégager des périodes de 6 ou 8 semaines consécutives.

calendrier 2011-2012 (PDF de 225.1 ko)

répartition des semaines anglais/espagnol

Au niveau horaire hebdomadaire élève, rien n’a été modifié. La classe a reçu 4 heures d’enseignement de langue vivante par semaine. En outre au niveau de l’horaire hebdomadaire professeur , nous avions des semaines avec + ou – 4 heures.

Dans le cas d’une classe plus nombreuse, et qui serait donc dédoublée sur la moitié de l’horaire, cette organisation est plus difficile à mettre en place. En effet cela représenterait une différence de + ou – 6 heures sur l’emploi du temps hebdomadaire du professeur.

L’an prochain nous pensons prolonger l’expérience avec une classe à effectif plus lourd (30 élèves). Nous aurons deux groupes de 15 élèves, sur 4 heures. Pendant qu’un groupe aura anglais, l’autre aura espagnol, puis nous permuterons les groupes. Cela représente bien sûr un horaire/professeur de 4 heures au lieu de 3.

 


Bilan

Nous sommes très satisfaites de cette expérimentation. Elle nous a permis un meilleur investissement dans l’apprentissage de la langue concernée, en particulier dans le travail de l’oral, grâce une exposition plus longue à la langue. Les plages horaires de 2 heures consécutives permettaient de préparer et d’aller au bout des activités de productions orales.

La progression a semblé plus rapide et efficace, même si au final le nombre de scénarios abordés a été identique à celui d’une autre classe avec une organisation ‘classique’.

Les impressions des élèves sont plutôt positives. Aucun n’a trouvé l’enseignement sur 4 heures hebdomadaires trop long et tous les membres de la classe ont eu l’impression de progresser . Ils reconnaissent la nécessité et le bénéfice des travaux en autonomie, comme une obligation pour ne pas ‘perdre’ la langue non étudiée.
Ce travail a représenté une manière de se concentrer sur des tâches particulières en quasi totale autonomie. A tout moment, ils pouvaient contacter le professeur référent par mail, (ou demander une entrevue), et surtout d’avancer à leur rythme.

A postériori, cette démarche nous semble très positive car elle conduit les élèves à apprendre à chercher, persévérer, savoir demander de l’aide et respecter un échéancier. Démarche qui de nouveau favorise la préparation des thèmes pour la partie 1 de l’épreuve obligatoire en langues en CCF .

La seule inquiétude pour les élèves est le changement de langue. Un tiers des élèves n’a pas été du tout perturbé, un tiers moyennement perturbé et un dernier tiers a avoué avoir été perturbé par le passage d’une langue à l’autre. Cela ne concerne que les premières séances de chaque période, le temps d’une « remise dans le bain » linguistique. Cela semble plutôt normal et même positif dans la mesure où cela prouve qu’ils étaient bien plus ancrés dans la langue étudiée qu’avec une organisation traditionnelle de l’enseignement.

bilan élèves (PDF de 124.6 ko)

résultats du questionnaire distribué aux élèves en fin d’année

bilan professeurs (PDF de 530.4 ko)

avis des deux enseignantes sur l’expérimentation