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Iles de voix : une séquence pour lire, réécrire, voyager... publié le 03/10/2022 - mis à jour le 22/10/2022

Faire réaliser une performance poétique, sonore et plastique aux élèves

Cet article a été rédigé dans le cadre des TraAM 2021-2022 qui invitaient à travailler les compétences orales des élèves avec le numérique.

L’axe particulièrement travaillé a été le suivant : s’entraîner à dire un texte en produisant dans sa lecture des effets nombreux et pertinents sur son auditoire.

Consultez la page de référence sur éduscol : Les travaux académiques mutualisés (TRaAM) : des laboratoires des pratiques numériques.

Présentation générale

Ce TraAM propose un scénario en cinq séances, dans lequel il s’agit de faire vivre, écrire et entendre des poèmes, autrement dit voyager et faire voyager avec les mots.

Ce scénario se situe à la fin d’une séquence dédiée à la poésie du voyage, en classe de 5e et se déroule durant la période du Printemps des Poètes.

Les constats, les motivations

Ce modeste projet veut dépasser le cadre de la simple récitation, exercice oral auquel les élèves associent trop souvent la poésie.

 Force est de constater en effet que trop peu de temps est consacré dans nos pratiques à la lecture-plaisir et à la lecture-partage à voix haute dans la classe, tout genre confondu.

Or pour donner l’envie de lire et pratiquer la poésie, ne faut-il pas la faire résonner ? La poésie est un genre qui propose des textes courts, musicaux et imagés qui se prêtent à la lecture à voix haute, sont plaisants à l’oreille et invitent à la rêverie.

C’est à cette musique des mots qui transporte que l’enseignante souhaite sensibiliser voire faire adhérer ses élèves.

Par ailleurs, les jeunes ne sont pas toujours très à l’aise avec la lecture à voix haute. Dans nombre de cas, des textes qu’ils n’ont pas préparés leur sont donnés à lire. Aussi la lecture est-elle hasardeuse.

De plus, certains élèves n’accèdent pas directement au sens lorsqu’ils découvrent un texte en le lisant à voix haute. Or, pour bien interpréter un texte, il faut le comprendre. Et pour le comprendre, il faut l’avoir lu voire relu.

 Alors comment insuffler le goût de la lecture à voix haute ? Par quels moyens lever les blocages et faire progresser les élèves ?

Le numérique au service de la lecture à voix haute

L’enregistrement audio permet tout d’abord de s’entendre, de mesurer les lacunes et les axes d’amélioration. Il est un outil imparable de prise de conscience.

L’utilisation d’un logiciel comme Audacity permet ensuite de supprimer les moments où la lecture n’est pas satisfaisante, d’enregistrer plusieurs versions, de n’en garder que les meilleurs moments et d’en faire une compilation.

Les élèves arrivent à un rendu qui les satisfaisait et qui n’est pas toujours possible lors d’une lecture en direct. Les élèves sont ainsi dans une zone de confiance qui leur permet d’aborder sans stress l’exercice et de révéler le meilleur d’eux-mêmes. On ne sait que trop ô combien le stress est un frein. L’expérience montrera qu’en ne se mettant pas la pression, de bonnes lectures ont été faites dès le départ.

Description du scénario

Étape 1 : analyse du poème de Cendrars

Lors de la première séance d’une heure dédiée au projet, le poème « Iles » de Blaise Cendrars est analysé en classe. Une fois les problèmes de compréhension levés et l’interprétation proposée, les élèves doivent étudier la construction des vers. Un point sur les expansions du GN est alors fait.

Sketchnote réalisé par une élève qui synthétise la présentation faite sur les expansions du GN.

Étape 2 : réécriture du poème de Cendrars

À la maison, les élèves réécrivent à la manière de Cendrars le poème « Iles » afin de faire émerger celle de leur rêve. Ils doivent également remplacer le mot « chaussure » par la marque ou une catégorie de chaussures qui leur correspond.

Étape 3 : lecture des productions à la classe

Au cours de la deuxième séance d’une heure, chaque élève lit sa production à la classe. Le professeur écoute attentivement chaque production, pointe les incorrections au niveau du contenu et de la forme, invite l’élève à améliorer son écrit et à le lui soumettre pour la séance suivante.

La question suivante est ensuite posée : « Qu’est-ce qu’une lecture à voix haute satisfaisante ? » L’enseignant note au tableau les mots-clés et organise la trace écrite.

Trace écrite qui synthétise les remarques des élèves sur ce qu’est une lecture à voix haute satisfaisante.

Étape 4 : entraînement à la lecture à voix haute

Après la phase de réécriture à la maison et la validation du professeur au début de la troisième séance, les élèves doivent s’entraîner en binôme à respecter les attendus d’une bonne lecture à voix haute en se référant à la grille établie par l’enseignante à partir des remarques des élèves qui ont émergé à la séance précédente.

Chaque membre du groupe lit son texte à son partenaire qui évalue sa prestation, lui donne des conseils pour l’améliorer.

 L’attention est mise sur la fluidité de la lecture, l’articulation, le volume et le débit.

L’enseignant insiste sur le fait de bien maîtriser son texte pour ne pas buter sur les mots et proposer une lecture intelligible et expressive.

Étape 5 : réflexion collégiale sur la production plastique

Les élèves imaginent, lors de la quatrième séance, la production en volume qui rendra compte de chacun des poèmes de la classe.

 Il convient d’illustrer un mot ou une idée contenue dans la production de chacun.

Une esquisse est ensuite réalisée par un élève volontaire.

Esquisse réalisée au tableau par une élève volontaire.

Les élèves se répartissent ensuite le matériel à apporter ou à concevoir. En effet, certains accessoires ont été fabriqués en pâte Fimo par des élèves volontaires.

Étape 6 : enregistrements et production

Lors de la dernière séance de deux heures, pendant que certains élèves réalisent la production plastique en classe (peinture, création du volcan en papier mâché, installation des décors), les autres s’enregistrent en salle informatique avec le logiciel Audacity.

 Précisons qu’ils ont déjà été formés à l’usage de ce dernier par le professeur d’Education Musicale.

Les groupes tournent de manière à ce que tout le monde puisse s’enregistrer et participer à la production plastique. Un élève volontaire assure le montage de la compilation finale avec Audacity.

Source : Pixabay, images libres de droit et gratuites

Dernière étape : exposition de l’Île sonore

L’île sonore est exposée dans la classe de français qui est accessible pendant la pause méridienne afin que les élèves de tout l’établissement puissent apprécier le travail de leurs camarades.

Réalisation plastique conçue par les élèves de 5ème en deux heures.

 Après la journée de cours, pendant une semaine, toutes les familles peuvent aussi en profiter.

La compilation est diffusée via les enceintes de l’ordinateur de la classe.

(MP3 de 297.7 ko)

Extrait de la compilation des lectures des réécritures du poème de Cendrars.

Plus-value, intérêt et bénéfices

Ce projet stimule l’imaginaire et permet de travailler la mise en voix. La diffusion de l’enregistrement final a donné du sens aux répétitions de lecture en binôme, comme l’exposition de l’île a favorisé le soin porté à la lecture et à l’écriture.

Le challenge des deux heures pour assurer l’enregistrement de tous les élèves de la classe et la création plastique a pu être relevé grâce à l’entraînement préalable des élèves. Ils ont mesuré qu’une lecture fluide est fonction de la maîtrise du texte. L’entraînement a rendu efficiente la séance d’enregistrement.

En outre, le fait de pouvoir couper les passages où la langue a fourché ou lorsqu’une liaison a été malheureuse, a permis à chaque élève d’aborder avec sérénité la phase d’enregistrement et de consentir à la diffusion de la lecture.

 Les élèves sont en effet souvent complexés par une maîtrise insuffisante de la lecture à voix haute et craignent d’être jugés voire stigmatisés.

De plus, cette activité a permis de travailler des compétences grammaticales de manière informelle, autrement dit, de s’approprier une notion par l’écriture et l’imitation.

Le challenge des 2 heures (création plastique et enregistrement) a été stimulant et a engagé les élèves à un partage des tâches efficace et à une belle collaboration. Une belle énergie a circulé dans la classe.

Bilan et perspectives

Partager une création et faire entendre une belle lecture sont le pari fait et gagné pour impulser une dynamique de travail.

 L’exposition de l’Ile de voix a fixé un cap et a motivé les efforts.

Par le biais du numérique, les élèves ont réapprivoisé la lecture à voix haute. Ils sont désormais prêts à déployer leurs ailes avec davantage d’envergure pour atteindre la prochaine étape du voyage : la lecture en direct !