Construire ensemble une lecture analytique avec Wiki (TraAM) publié le 29/10/2018  - mis à jour le 13/03/2019

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Cet article a été rédigé dans le cadre des TraAM 2017-2018 : littérature, corpus, interprétation : qu’est-ce qu’un texte pour la classe aujourd’hui ?.
La page de référence sur éduscol : Les travaux académiques mutualisés (TRaAM) : des laboratoires des pratiques numériques.


Présentation et objectifs du projet

Illustration du TraAM

L’objectif de cette séance est l’élaboration d’une lecture analytique élaborée par la classe entière (classe de 1L) grâce à l’application Wiki intégrée à L’ENT LOL (lycées) et I-Cart ! (collèges) de l’académie de Poitiers.

Par l’intermédiaire de cette application, l’élève mène et s’approprie une lecture analytique qu’il présentera au bac.

Organisation du projet

Le projet est mené avec 25 élèves de 1eL, en classe entière répartie en îlots : les élèves travaillent alternativement individuellement, en petit groupe et débattent en classe entière.

Voici les outils numériques utilisés : un ordinateur ou une tablette par groupe de 3 ou 4 élèves, un ordinateur relié à un vidéo projecteur. Il s’agit d’une séance de 2h environ.

Description de la séquence

Recherche de pistes d’analyse

Le texte est donné sur un wiki partagé avec toute la classe avec une problématique.

Le texte est déposé sur une page partagée du Wiki

 S’il est scanné, insérer le texte sous la forme d’une image dans le wiki le rendra plus accessible que s’il fallait le télécharger.

Chaque groupe a alors pour mission de créer une page sur laquelle tous mettront sous forme de notes les pistes d’analyse qu’ils ont trouvées. Cette page portera les noms des membres du groupe.

Les pistes proposées par les élèves

Mise en commun

L’enseignant projette le wiki et copie le contenu de chaque page de groupe sur une nouvelle page, nommée par exemple « Pistes de la classe ». Cette liste est commentée par l’enseignant et les élèves. Des éléments peuvent être supprimés, ajoutés, modifiés, corrigés.

 Variante : l’enseignant peut faire ce travail hors classe puis arriver à la séance suivante avec la page « pistes de la classe » déjà constituée et « nettoyée » (doublons, approximations, etc.).

Élaboration du plan

Chaque groupe doit alors, à partir de ces pistes d’analyse, élaborer un plan de commentaire. Les exemples ne sont pas encore demandés, mais pas non plus interdits ; ils viennent souvent naturellement, inutile de se priver de cette anticipation. Chaque groupe tape son plan sur sa page wiki, la même que pour les pistes. Le cas échéant, le groupe doit aussi à ce moment-là déterminer la problématique.

Les élèves construisent un plan et proposent une problématique

Choix d’un plan

L’enseignant projette successivement les plans des différents groupes devant la classe. Un débat s’installe pour décider quel plan constituera la base du plan définitif. Le choix fait, on crée une nouvelle page (« plan de la classe » par exemple). On améliore ensuite éventuellement le plan avec des éléments des autres plans.

 Variante : l’enseignant peut là encore réaliser ce travail hors classe et présenter à la séance suivante le plan élaboré d’après les propositions de la classe.

Ajout des exemples

Chaque groupe doit à présent, sur sa page wiki, à partir du plan de la classe (qu’il aura facilement pu copier/coller, parce qu’on est sur wiki !), trouver un exemple pour chaque partie du plan. On peut demander aussi sous forme de notes une précision de la façon dont cet exemple sera commenté (notion grammaticale, temps, figure de style, etc.).

Pour finir

L’enseignant peut corriger chez lui chaque page, ou ajouter les exemples les plus pertinents sur la page « Plan de la classe », qui deviendra pour tous la trace écrite définitive de cette lecture analytique. Dans la perspective d’un entraînement à l’oral du baccalauréat, on peut demander à 2 ou 3 élèves de présenter à l’oral cette lecture.


Bilan de l’expérience : des élèves plus acteurs dans la lecture analytique et en confiance

Les élèves ont tous participé activement à la séance. La classe s’est montrée dynamique et investie. L’enseignant étant disponible pour circuler dans les groupes, il favorise la mise en activité de tous les élèves.

Après plusieurs mois d’expérimentation régulière, les élèves se sont bien familiarisés avec la lecture analytique. L’exercice est de plus en plus rapide et reste apprécié par les élèves.

 un changement régulier de modalités a été adopté pour éviter la lassitude. Cependant, le principe du wiki demeure.

Que fait-on du texte, comment le construire, le présenter, l’offrir pour s’assurer que les élèves en produiront une lecture personnelle, et une interprétation ?

Chaque élève, au sein de son groupe, a été acteur de la construction de cette lecture analytique : dans le document final, on peut retrouver un peu du travail de tous les groupes.

 si ce n’est pas le cas, veiller à ce que les groupes non représentés le soient la fois suivante.

Cette analyse est un mélange des analyses de différents groupes. Certains ont même voulu conserver leur plan en lieu et place de celui fabriqué par la classe. Il est alors rapide pour l’enseignant de commenter la page de ce groupe pour valider et éventuellement critiquer ou suggérer des pistes oubliées. Potentiellement, et je le fais parfois, chaque groupe conserve sa propre synthèse, commentée par l’enseignant.

À aucun moment l’analyse n’a été menée verticalement par l’enseignant. La trace finale est celle de la classe, pas celle de l’enseignant.

Ainsi, les élèves finissent par se faire davantage confiance, car leur voix est réellement prise en compte dans le processus d’analyse. L’enseignant prend soin de ne pas toujours mettre les mêmes élèves en avant lors des mises en commun ; au moment où j’écris ces lignes, c’est le plan du groupe a priori le plus en difficulté qui est devenu celui de la classe. L’élève ose interpréter, faire entendre sa voix, et cette confiance en son jugement est un pas essentiel vers une lecture autonome et efficace.

La réponse sacro-sainte qui émanerait du professeur n’existe plus en tant qu’élément paralysant ; celui-ci est devenu un accompagnateur, qui donne parfois un coup de pouce, rectifie une trajectoire, apporte un élément de réflexion, distribue la parole lors des phases classe entière, pas plus.

Ce dispositif peut être mené sans numérique, et il l’est déjà. Mais l’avantage du wiki pour mener ce travail, par rapport à la même activité qui serait menée sans outil numérique, est un gain de temps considérable. Pas de copie fastidieuse de pistes ou de plan au tableau, on projette directement le travail de tous les élèves.

Perspectives de l’expérience : les difficultés et les pistes pour les dépasser

Comme dans tout travail en groupes, la passivité de certains est possible, mais fortement limitée par l’alternance énergique des modalités de travail : individuel, petits groupes, classe entière. L’enseignant est de plus très disponible pour passer dans les groupes et motiver les élèves.

 Il est intéressant de ne laisser qu’un ordinateur par groupe, même si nous disposons de plus : cela favorise l’interaction au sein du groupe.

Ce projet est transférable au collège, en adaptant bien entendu les attentes.

Une autre difficulté possible peut venir des phases débat en classe entière. Que ce soit pour réunir les pistes acceptables ou choisir le plan de la classe, les discussions peuvent être longues voire fastidieuses, et l’enseignant peut se retrouver dans une position délicate à devoir faire des choix très rapides pour valider certaines pistes. Il faut accepter de laisser la main à la classe, quitte à revenir plus tard, à tête reposée, sur le travail accompli.

 La solution que j’adopte est de varier au maximum les modalités : parfois les débat en classe entière auront lieu, d’autres fois, je fais le travail de tri à la maison.

De même, comme pour tout dispositif répété, une certaine lassitude peut s’installer. Là encore, je varie les types d’exercices au maximum. Le principe reste une page texte autour de laquelle des groupes d’élèves accolent leur travail pour qu’il puisse servir à la classe, mais les consignes changent : écrit d’invention, sans problématique, question sur corpus avec une problématique différente pour chaque groupe (de cette façon, on obtient plusieurs plans, tous validés par le professeur), etc.

Cette modalité de travail par wiki, qui peut être finalement considérée comme une feuille d’exercices à laquelle chaque élève peut “agrafer” sa production, peut être adaptée à une infinité d’exercices et d’objectifs pédagogiques.

 Nous pourrions imaginer travailler ainsi pour l’étude de la langue, la dissertation, et même d’autres disciplines.

Corpus, supports utilisés, sitographie

 Expérimentation du wiki en collège
 Écriture collaborative et wiki (pdf de 144 Ko)