Etre jeune dans les années 60 publié le 22/07/2007  - mis à jour le 22/06/2012

Terminale BEP

Les baby boomers dans les années 60

Être jeune dans les années 60 en France et au Québec, c’est appartenir au baby boom. C’est faire partie de cette génération d’après guerre à qui tout semble sourire et qui pourtant se retrouve face à des changements socio- économiques qu’il va falloir intégrer et qui vont risquer de faire basculer la société.
Les années 60 sont en France comme au Québec symboles de mutations sociales orchestrées par un dénominateur commun : l’envie par la jeunesse de faire bouger cette société dans laquelle elle vit et qui ne lui reconnaît pas la place qu’elle désire.
En effet, ces baby boomers qui n’ont pas connus la guerre comme la génération précédente rêvent d’un avenir meilleur dans lequel ils seraient reconnus à part entière.
Leur identité passe côté québécois par un désir important d’émancipation face au Canada tandis que côté français elle apparaît comme désireuse d’instaurer des libertés supplémentaires dans une société qui lui parait être un carcan. Ainsi, la jeunesse française, économiquement émancipée, grâce aux trente glorieuses et au plein emploi, ne peut s’exprimer politiquement qu’après avoir atteint 21 ans. Cette génération beaucoup plus instruite que la précédente, qui fréquente de plus en plus les universités, trouve anormal d’être reléguée lorsqu’il s’agit d’évoquer les grandes décisions politiques de son pays.
Pour les baby boomers, les hommes politique de la fin des années 60 n’apparaissent plus comme des libérateurs mais comme des dinosaures, incapables de comprendre le monde qui les entourent. Le général de Gaulle, en est l’exemple même. Alors que pour la plupart de leurs parents c’est l’homme de la victoire, pour eux, c’est celui des guerres d’indépendance. C’est un vieil homme qui ne semble plus en phase avec ce monde de jeunes. Mai 68, apparaîtra en fait comme la révolte de cette génération incomprise.
La population française compte alors une majorité de moins de 30 ans, mais celle-ci est dirigée par les plus anciens qui ont du mal à leur faire une place. Les événements vont transformer les rues de la capitale en zones insurrectionnelles (barricades, pavés arrachés, voitures incendiées, vitrines détruites…) pendant presque un mois et permettent à la société de comprendre l’importance et le poids de cette nouvelle génération avec laquelle il faudra désormais compter.

Côte Québécois, depuis toujours, les canadiens francophones de la province de Québec ont eu l’impression d’être sous estimés par les Canadiens anglophones. Depuis toujours, ils font face à un sentiment d’infériorité. Depuis toujours, cette exception culturelle qu’est la langue française dans ce grand territoire anglophone de l’Amérique du nord, leur donne un statut particulier : celui de se distinguer du reste du continent et de conserver un lien identitaire avec la vieille Europe.
Lors de ces années 60 /70, il semble que ce soit la première fois que le Québec ait un projet fort pour l’avenir et c’est bien avec les générations montantes qu’une telle politique est envisageable. Le nouveau ministère de l’éducation sera donc le fer de lance de cette uniformisation de l’utilisation du français. La visite de De Gaulle en 67 et sa célèbre allocution : «  Vive le Québec libre ! » ne fera que donner des ailes aux jeunes partis politiques nationalistes et indépendantistes comme le P.Q (parti Québécois fondé en 68 par René Levesque) et le R.I.N (rassemblement pour l’indépendance nationale, crée dès 1960) qui seront parfois dépassés dans l’action par leur base.
En effet, en1970, après de nombreux attentats, c’est l’enlèvement et la mort du ministre Pierre Laporte qui mettra le feu aux poudres. La ville sera soumise à la loi des mesures de guerres donnant tous pouvoirs au gouvernement Canadien. La police est dans la rue et de nombreuses interpellations ont lieu...
Le fait que le Québec se positionne rapidement sur le plan international (Guerre du Vietnam) comme un fervent défenseur du droit des peuples à disposer d’eux même, au nom d’une histoire dans laquelle il se sent quelque peu lui aussi colonisé, va servir de support à la création de cette identité québécoise pleine et entière. Mais pour cela il faut avoir en main toutes les cartes économiques et législatives. C’est sur ces derniers dossiers que la discussion avec le Canada achoppe car peut-on encore parler de province lorsque l’on donne à une région l’entièreté des pouvoirs législatifs, politiques et économiques, ou faut-il évoquer une indépendance ?
Nous sommes donc dans ces années 60 face à deux remises en cause de la société aussi bien en France qu’au Québec, avec des jeunes qui refusent la société qu’on leur propose.


La place des femmes dans la société des années 60

Être jeune dans les années 60, c’est aussi accepter la mixité de la société et surtout reconnaître qu’il faut laisser une place aux femmes non plus seulement au foyer mais aussi dans le monde économique et politique.
Les démocraties occidentales n’ont que très tardivement donné le droit de vote aux femmes. Si les suffragettes canadiennes au début du siècle ont mené un combat moins difficile qu’aux USA, c’est la reconnaissance de leurs actions menées durant la première guerre mondiale qui leur confère le droit de vote au niveau fédéral le 24 Mai 1918. L’état canadien suivait là les décisions des manitobains qui eux dès 1916 avaient accordé ce droit aux femmes tout comme celui d’occuper un poste électif au sein du gouvernement de la province. C’est dès 1919, que le canada accorda à ses concitoyennes la possibilité d’accéder à un poste à la chambre des communes.
Cependant, les québécois qui avaient donné le droit de vote aux femmes propriétaires à partir de 1809, leur ont supprimé dès l’instant où dans le texte législatif le terme de « mâle » est apparu. Il leur faudra plus d’un siècle pour à nouveau en jouir puisqu’au niveau provincial les femmes de plus de 21 ans n’accèderont au droit de vote que le 25 Avril 1940 grâce à l’action acharnée de Thérèse Casgrain (Rappelons qu’elles votent au niveau fédéral depuis 20 ans déjà !).

En France, à l’instar du mouvement des suffragettes européennes le 5 Juillet 1914, Louise Saumoneau et son groupe de femmes socialistes organisent une grande manifestation pour demander le droit de vote. En 1916 Maurice Barrès présentera la loi du « vote des morts » permettant aux mères et aux veuves de soldats de voter. Elles seront les premières électrices françaises. En 1932, la féministe Jeanne Valbot perturbe une séance de travail au sénat en lançant des tracts. Devant le peu de retentissement de son action, elle s’enchainera l’année suivante lors d’une séance. Il faudra donc attendre la France Libre du général De Gaulle pour donner aux femmes le droit de vote, les remerciant ainsi pour leurs actes de résistance.
Elles voteront donc pour la première fois aux élections municipales du 20 Avril 1945. Aussitôt, La France leur reconnaitra le droit d’être éligible puisque l’assemblée constituante de 1945 comporte 10 femmes. En 2007, quatre femmes se sont présentées au premier tour des élections présidentielles françaises, certaines d’entre elles exerçaient déjà des fonctions politiques soit comme responsable de parti ou comme présidente de région.
Côté Canadien, le 4 Aout 2005 une femme, Mickaelle Jean a été nommée 27ème gouverneur général du Canada représentant officiellement la reine Elisabeth II d’Angleterre. La situation a donc largement évolué pour les femmes en politique. Il semble cependant qu’aujourd’hui selon les partis et le poste auquel on veuille accéder le combat soit encore parfois rude. C’est avoir des parents qui ont vécu la guerre, les privations et qui ont du mal à intégrer ce nouveau type de société venue des USA que l’on nomme : société de consommation.

Enfin, être jeune dans les années 60, c’est avoir été élevé dans la tradition des hussards noirs de la République avec un respect sans faille face à l’autorité dominante et au travail. Le travail dans les années 60 est en pleine expansion. Les trente glorieuses sont à leur apogée et la société du tout emploi est en marche. Pour ces jeunes, le travail donne une indépendance financière que jamais personne n’avait eu dans un pays où ils sont libres d’investir dans ce que bon leur semble et de s’installer dans ces nouveaux appartements modernes que l’État crée par centaines chaque jour.
Cette jeunesse a un pouvoir d’achat qui lui permet de consommer abondamment : c’est le temps des Yé-Yé, du Rockn’Roll, du cinéma et des premiers voyages grâce au développement de l’automobile. C’est aussi l’époque de la modernisation économique : les usines produisent à n’en plus finir sur des chaînes ou les O.S, les O.P et les O.Q se remplacent 24h/24.
Seulement voilà côté professionnel, la vieille génération a du mal à donner des responsabilités à ce jeune et attend qu’il mûrisse et ait fait ses preuves pour le juger digne de confiance et lui offrir un bel espoir de carrière au sein de l’entreprise.

Côté québécois, la jeunesse est propulsée dans tous les changements économiques et sociaux engendrés par la révolution tranquille : modernisation, rattrapage et développement économiques sont les maîtres mots de la période. C’est la fin des années de noirceurs et la politique mise en place donne un air de gagnant à l’ensemble de la population.
Le slogan du parti du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) porte en ce sens : « On est capable ! ». Non seulement les Canadiens français cessent de douter d’eux-mêmes, mais ils veulent surpasser en créativité les canadiens anglophones. De plus et très rapidement, ce terme de Canadien français disparaît au profit de québécois encrant encore plus la personnalité de la province dans un avenir qui semble lui sourire.
Être un jeune québécois dans les années 60, c’est voir disparaître le poids de la morale des congrégations et s’ouvrir à un mouvement de liberté culturelle et sexuelle en lien très étroit avec le mouvement hippies venus de chez le grand voisin nord américain. La laïcisation de la société permet la mise en place rapide de ces nouvelles donnes socioculturelles que la jeunesse diffuse et s’approprie rapidement.


Bibliographie

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 ROSS (Kristin), Mai 68 et ses vies ultérieures,
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 LE GOFF (Jean-Pierre), Mai 68, l’héritage impossible,
Éditeur : La Découverte, 2002.

 GRUEL (Louis), La rébellion de 68 : une relecture sociologique,
Éditeur : Presses universitaires de Rennes, 2004.

 BIENVENUE (Louise), Quand la jeunesse entre en scène. L’Action catholique avant la Révolution tranquille
Éditeur : Les éditions du Boréal, 2003, 291 p

 BÉDARD (Éric), Chronique d’une insurrection appréhendé : la Crise d’octobre et le milieu universitaire,
Éditeur : édition Septentrion, 1998 199p.

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 ROCHEFORT (Florence), Démocratie féministe contre démocratie exclusive ou les enjeux de la mixité.

 RIOT-SARCEY (Michèle), ( sous la dir.de) Démocratie et représentation, actes du colloque d’Alby,1994,
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 GASPARD (Françoise), LE GALL (Anne), SERVAN-SCHREIBER (Claude), Au pouvoir citoyennes ! Liberté, égalité, parité,
Éditeur : Le Seuil, 1992.

 MOSSUZ-LAVAU (Janine), Femmes/Hommes pour la parité,
Éditeur : Presse de Sciences Po, 1998.

 AMAR (Micheline), (Sous la dir.de), Le Piège de la parité Arguments pour un débat,
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 OZOUF (Mona), Pas de quotas pour les femmes,
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 CHARBONNEAU (Nicolas), GUIMIER ( Laurent), Génération 69 : Les trentenaires ne vous disent pas merci,
Éditeur : Édition Michalon, 2005

 FOURASTIE (Jean), Les trente glorieuses ou la révolution invisible,
Éditeur : Hachette, 1985

 KOURCHID (Olivier), SOHN (Anne-Marie), CHAPOULIE (Jean Michel), dir., Sociologues et sociologie de la France des années 60,
Éditeur : L’Harmattan, 2005

 MICHEL (Marie), Nouvelle vague,
Éditeur : Nathan, 2003

 SAINT JEAN PAULIN (Christiane), La contre-culture, Etats –Unis, années 60,
Éditeur : Autrement, 1997

Programme

Lycée professionnel - Terminale BEP

II- La France depuis 45 : économie, société, vie politique

2-1 La France : économie et mutations sociales
Les transformations de la société et les évolutions culturelles

2.2 La France : vie politique
Évolutions des institutions politiques et des modes de représentation, (étude comparée entre la France et le Québec)

Cette analyse peut participer d’une étude plus importante sur la place des femmes aujourd’hui dans les sociétés occidentales

Objectif 2-1

Déterminer la place des femmes en politique depuis 1945 en France et au Québec

Démarches envisagées

1- Comparer les textes législatifs et les parcours des femmes en politique

2- Déterminer si le combat est terminé ou s’il y a encore des inégalités homme/femme

3- Dresser un bilan réel de la situation en organisant une table ronde avec des femmes actrices de la vie politique de la commune de rattachement de l’établissement

4- Réaliser des interviews dans les communes auprès des femmes exerçant une responsabilité politique

ECJS : Comparaison de deux événements historiques

Objectif 2-2

Montrez de quelle manière la vie de la jeunesse pendant les années 60, était celle d’une société en pleine mutations sociales, aussi bien sur le plan de l’emploi de l’habitat ou des loisirs.

Démarches envisagées


 Un travail sur la société française des années 60 à travers des symboles de l’évolution socio culturelle et leurs impacts dans la culture des générations suivantes.

 Pour le Québec le très bon site de Radio Canada présente le même type de travail sur les mêmes thèmes.

Nous n’oublierons tout de même pas de faire référence à l’émission télévisée culte Québécoise pour la jeunesse : Sol et Gobelet de Maurice Falardeau, avec Marc Favreau, Luc Durand et Suzanne Levesque