Ce que le numérique fait à l'apprendre et à l'enseigner publié le 16/12/2015  - mis à jour le 16/07/2018

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Qu’apprend-t-on avec le numérique ?

Le numérique multiplie les signaux (données, messages, images...) et leurs traitements (informations, suggestions, comparaisons...).
Mais bénéficier de cet enrichissement perceptif nécessite de s’approprier les langages de l’information et de la communication, et de comprendre les logiques algorithmiques, savoir que les programmes sont issus de choix humains et qu’ils impactent nos actions (par exemple le fait d’être géolocalisé influence les résultats de recherche sur Google, l’enregistrement de données personnelles joue sur les suggestions...).
Le numérique comporte différents langages : informatique (le code), celui de la relation homme machine (le logiciel...), le langage de l’information (l’écriture web, les métadonnées, etc.), et de la communication conversationnelle (la popularité, les commentaires, etc.).
Les apprentissages qui s’opèrent de manière informelle dans un tel contexte vont de pair avec des habiletés sociales – notamment savoir se faire aider par des experts - et cognitives – la capacité à prendre du recul, l’esprit critique, entre autres.
Les apprentissages scolaires de leur côté sont enrichis par les approfondissements possibles d’un cours (l’enseignant peut recommander des articles, des sites, des émissions), par les interactions facilitées (soutien entre élèves, questions de l’élève au professeur...), par la complexité élargie, qui permet de développer des savoir-faire telles que la capacité à croiser ses sources, ou à s’organiser.

La confrontation

Nécessité sociale :

Prendre en compte le numérique comme fait social « total » est nécessaire dans la société telle qu’elle est, surtout si on souhaite limiter les inégalités.
Par ailleurs les jeunes doivent apprendre à faire société dans ce monde ouvert, et pas seulement à vivre ensemble. Il leur faut comprendre les flux, notamment comment les modèles construisent des prédictions, comment un projet collectif peut s’appuyer sur des outils numériques, ou comment se protéger collectivement de l’embrigadement.
Cela ne signifie pas que l’école doive "singer" les usages sociaux du numérique, ni transformer un téléphone en outil scolaire. Il s’agit plutôt de mieux relier les apprentissages qui se font dans et hors l’école. Actuellement un élève de 6ème consacre beaucoup d’énergie à apprendre comment les professeurs enseignent...

Pilotage pédagogique :

  • Les supports peuvent être plus accessibles grâce au numérique (plus faciles à lire et utiliser, y compris par ceux qui ont des déficiences) ;
  • la différenciation est facilitée : par exemple une même activité peut s’appuyer sur des documents variés plus ou moins complexes, un même support peut être utilisé par chacun en fonction de ses besoins ;
  • les interactions (qui limitent notamment le découragement ou l’incompréhension) peuvent être plus nombreuses pendant le cours et en dehors ;
  • la continuité et l’évaluation qualitative sont facilités par la possibilité de tenir des documents de suivi (ex portfolio, carnet de bord).

L’ancrage des apprentissages :

  • Les notions peuvent plus facilement être contextualisées (relation avec des faits réels filmés, etc.) ;
  • les enregistrements et traces permettent une continuité ;
  • le numérique est un soutien aux différentes formes pédagogiques : projets, exploration, travaux de groupe, production... Les entraînements notamment peuvent être systématisés et associés à du réflexif : je m’entraîne et je réfléchis à ce qui s’est passé.

Cf travaux de Britt-Mari Barth sur la révolution cognitive.

Mais cet ancrage est aussi parfois détérioré par le numérique : surcharge cognitive (messages trop nombreux, ressources trop complètes...), dispersion de l’attention, marginalisation des activités manuelles et gestuelles alors que l’apprentissage passe par le corps, multiplication d’activités ne laissant pas le temps d’apprendre...

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Document joint

Support de la conférence-débat
23 novembre 2015
Bruno Devauchelle