Pierrick Sorin "Nantes, projets d'artistes" 2000 publié le 07/01/2009

Œuvre limitative au baccalauréat de l’option facultative Arts Plastiques, 2009-2011. Des ressources

Vous trouverez la présentation de la posture artistique de Pierrick Sorin, sa biographie, ses œuvres et des extraits de vidéo sur le site de Pierrick Sorin. . Le site « arts plastiques » de l’académie d ‘Amiens, propose aussi un article détaillé sur le contenu de la vidéo « Nantes, Projets d’artistes »

Pour trouver la vidéo les explications de Pierrick Sorin en personne :

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Cette œuvre apparaît comme un maillage de parodies diverses comme celles de la commande publique, de la politique culturelle de la ville, de l’art, des artistes, du documentaire culturel, des technologies nouvelles, sur le mode burlesque de l’artiste. Au delà , je propose ici simplement d’ entrevoir en quoi cette vidéo s’ articule avec le programme de « La présentation » de l’ option facultative Arts Plastiques en terminale . En effet, par les situations variées dans lesquelles Pierrick Sorin utilise et met en scène ses vidéos, il se situe au cœur de cette question, dont je tente ici d’entrevoir divers niveaux :

L’ émission culturelle

Son pastiche emprunte les codes à la forme classique du documentaire ; pour l’ habillage du film au début et en fin d’ émission : le présentateur se détache sur un fond kitsch , à la matière un peu jaunasse issue d’ une des œuvres présentées, et d’ ou s’ échappent des bulles. Il annonce en clôture la prochaine émission qui concernera un défilé de mode tout aussi burlesque. La vidéo est découpée en 7 séquences , chacune présentant un projet différent où chacun des artistes est interviewé , le dernier étant celui de Pierrick Sorin ; chaque artiste est filmé en play-back , une voix off traduisant simultanément sa langue en français.

Mise en scène/mise en espace

Pierrick Sorin joue les rôles des différents artistes en utilisant l’ exagération de leurs travers ; il emploie un procédé qui lui est cher, « Je est un autre », en se mettant en scène lui même ; déguisé, maquillé, excepté pour son propre rôle, il porte certains attributs ,perruque, ordinateur portable, appareil photo, caméra, bloc-notes, pot de peinture , comme le déguisement minimal qui permet d’ identifier l’ artiste ; ainsi, un simple imperméable et des lunettes carrées suffiront à identifier l’ architecte grec. Enfin si chaque artiste présente son projet, Pierrick Sorin lui construit une mise en scène digne de l’art du portrait , ou le personnage et ses attributs aurait pour plus grand cadre son propre projet.

La mise en scène

dans la ville prend en compte l’espace urbain dans ses diverses perceptions : L’architecture occasionne un « In Situ » qui s’articule à la spécificité
du lieu, tels : l’architecte grec Eros Spinaki va optimiser de façon mégalomane la fonction signalétique de la tour de Bretagne qui est déjà un repère pour les nantais ; sur la façade de la faculté de médecine utilisée par la projection dans toute sa surface ,les images sont en accord avec la fonction du bâtiment ; le statuaire classique du théâtre sera exploité pour y situer les hologrammes, la danse étant en lien de même avec la fonction de l’ édifice ; sont exploités encore des éléments liés à l’ urbanisme, comme .le croisement principal des voies du tramway ou la notion du quartier ; l’ alignement des sculptures animées de Pierrick Sorin reprend le statuaire classique longeant une avenue ; l’ artiste hongroise qui présente dans le ciel la goutte d’ eau électromagnétique émet la référence à la fontaine urbaine ; tous ces repères construisent traditionnellement le lieu de la ville.

Mais les phénomènes urbains

tels que la vitesse, le stress, la foule , alimentent la notion de lieu au delà des spécificités du bâti ; c’ est aussi le désir de nature qui peut naître chez l’ habitant , ou encore l’ envie de regarder le ciel ; c’ est la vitesse du tramway qui traverse la foule en arrêt sur image dans son mouvement, et qui permet encore la perception des sculptures animées ; « Nantes by night » participe à ces évocations ; on pourrait dire que Pierrick Sorin exploite le « corps urbain », les plus grosses ficelles permettant toujours le burlesque et la parodie.

La participation du spectateur

L’usager urbain est partie prenante des œuvres et y participe par le biais de l’interactivité. Tout public devient acteur de la ville, ce qui dépasse l’amateur d’ art contemporain ; tout le monde peut faire de l’ art , lequel se situe ici parfois à la limite du gadget .La parodie de la participation des usagers pourrait nous rappeler cette ancienne allusion dans certaines opérations liées à la ville. .Ainsi, les passants enregistrent leur propre séquence de danse en hologramme ; les quartiers populaires sont pris à partie ; l’apparition de l’arc en ciel dépend de l’humeur des habitants.

La Mise en œuvre des nouvelles technologies

naît de leur variété, et relève de l’exploit technique, du challenge technologique, du gadget et encore de grosses ficelles : procédé holographique, électromagnétisme, nucléaire, image laser liée à l’ordinateur portable, image numérique. Si ces techniques jouent de l’interactivité, elles jouent aussi de l’aléatoire. Le procédé artisanal du cinéma d’animation des sculptures animées de Pierrick Sorin conclura la présentation de ces projets par une touche contradictoire.

Enfin la présentation navigue

entre divers statuts d’œuvres , de l’installation « In situ » à la sculpture animée , l’ installation vidéo, la projection, la performance, toujours « à la limite » de l’ œuvre d’ art, ainsi que se situe son œuvre elle même.
D’une façon plus générale, en ce qui concerne toutes ses vidéos, Pierrick Sorin utilise des lieux très divers, sites urbains, tramway, bar, métro, vitrines, magasins…Il est spécialiste bricoleur de la mise en scène de ses vidéos en lien avec leur sens. Qu’il s’agisse de la série, du défilement de la pellicule cinématographique comme aux galeries Lafayette, du triptyque de « La bataille des tartes », de la vidéo dans la vidéo, de théâtres optiques de la ville de Lille, des bornes du métro de Lyon, et bien d’ autres, la présentation , chez Pierrick Sorin , participe de l’œuvre.

Chantal Coyaud, professeur d’arts plastiques et d’histoire des arts au lycée Marguerite de Valois à Angoulême