Cinéma classique et montage narratif publié le 07/01/2012
Analyse à partir de l'exemple du film "Sunset Boulevard" de Billy Wilder, 1950
Un effet de raccord
Extrait de 00.00 à 00.04.48. Il s’agit ici de deux séquences clairement délimitées par un effet de raccord.
La première séquence comprise entre 00.00.00 et 00.02.48, sans dialogue, comporte 6 plans. Il s’agit de l’introduction du film.
La seconde qui va de 00.02.49 à 00.04.41 est constituée de 8 plans. C’est là le début de l’analepse et du récit à proprement parlé.
Etudier côte à côte ces deux séquences permet non seulement de voir l’ensemble des ressorts du montage classique, mais aussi de confirmer dans la deuxième partie de l’extrait des observations faites dans la première.
Classique du cinéma mondial, la séquence d’introduction de Sunset Boulevard, est un modèle d’utilisation des différentes manières d’aborder le montage classique par le biais de la variété des moyens offerts par le cinéma classique tel qu’il a été mis en place à partir de la fin des années 1910 à Hollywood.
L’extrait est tout à fait illustratif du montage de l’invisible (appelé aussi parfois montage « transparent »). La mise en place de ce montage et de ces « règles » part de l’observation que le montage par essence désagrège la continuité spatio-temporelle de la réalité qui est représentée à l’écran, et, par conséquent risque d’éloigner le spectateur de la fiction en lui proposant visuellement des incohérences (comme le changement d’échelles de plans lors d’une même discussion, ou des hiatus dans le déroulement d’une action). Qui plus est, cette démarche est totalement liée aux enjeux que le cinéma classique s’est donné : le spectateur doit être inconscient qu’il assiste à une fiction, mais au contraire, il doit se glisser docilement dans l’univers visuel qu’on lui projette. Il doit finir par confondre réalité écranique et réalité tout court. Ainsi, le travail d’écriture et de production du film doit être le plus dissimulé possible, pour permettre notamment l’identification aux personnages. Par conséquent il faut masquer les marques de montage, qui sont autant de chocs visuels rappelant l’existence d’une organisation derrière le film.
Par la même, le montage distingue le cinéma d’autres représentations artistiques comme le théâtre (le cinéma sans montage ne serait que du théâtre filmé ?) ou la photographie.
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