PREAC Écritures et théâtres contemporains francophones publié le 27/10/2022  - mis à jour le 28/10/2022

Retour sur les temps forts du séminaire inter-académique – Limoges 28 et 29 septembre 2022

Le PRÉAC « Écritures et théâtres contemporains francophones », porté par Les Francophonies – Des écritures à la scène, le rectorat de l’Académie de Limoges et la DRAC Nouvelle-Aquitaine s’est ouvert sur les notions de droits culturels. Des rencontres et des ateliers accompagnés par des artistes, des professionnels du secteur culturel, des chercheurs ont permis explorer ensemble les droits culturels et leurs possibles, tant pour les mondes éducatifs que culturels.

Les fondamentaux des droits culturels

Intervention de Thomas Desmaison, directeur du Théâtre du Cloître de Bellac et Stéphanie Meylon-Reinette, sociologue , poétesse et chorégraphe.

Les droits culturels sont au coeur des droits de l’Homme et la notion est pensée depuis 1948.

  • La Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 reconnait dans ses articles 22 et 271 le droit à la culture.
  • Le Pacte international de 1966 sur les droits économiques, sociaux et culturels affirme, dans son article 152 , que les États parties au Pacte reconnaissent à chacun le droit de participer à la vie culturelle.
  • La Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle de 20013 érige la diversité culturelle au rang de « patrimoine commun de l’humanité », « aussi nécessaire pour le genre humain que la biodiversité dans l’ordre du vivant », et fait de sa défense un impératif éthique, inséparable du respect de la dignité de la personne humaine.
  • La Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles4 affirme le principe de l’égale dignité et du respect de toutes les cultures y compris celles des personnes appartenant aux minorités et celles des peuples autochtones.
  • La Déclaration de Fribourg sur les droits culturels de 2007 énumère l’ensemble des droits culturels reconnus de façon dispersée dans un grand nombre d’instruments relatifs aux droits de l’homme pour en assurer la visibilité. Dans ce texte, les droits culturels constituent une vision de la culture fondée sur les notions de droit créance, de diversité et d’identité. Ils visent à garantir à chacun la liberté de vivre son identité culturelle, comprise comme l’ensemble des références culturelles par lesquelles une personne, seule ou en commun, se définit, se constitue, communique et entend être reconnue dans sa dignité.
  • La loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) de 2015 énonce dans l’article 1035 que la responsabilité des collectivités et de l’État, en matière culturelle, nécessite le respect des droits culturels des personnes.
  • En 2017 la Région Nouvelle Aquitaine lance une réflexion collective sur les droits culturels des personnes6

Des intellectuels, en particulier Édouard Glissant (concept de la relation) et Patrick Chamoiseau (l’imaginaire de la diversité) ont largement contribué à la réflexion sur les droits culturels et à faire évoluer les lois. Tout ceci a un impact impact sur le projet des structures culturelles : elles sont amenées à reconfigurer leur action, à la penser non seulement en termes de démocratisation, d’accessibilité aux équipements et à l’offre, mais aussi en termes de démocratie, d’implication des publics.
Thomas Desmaison témoigne de son expérience.

« En orientant de manière radicale le projet du Théâtre du Cloître vers le respect des droits humains fondamentaux, il convient de mieux prendre part au dialogue des libertés. Il est possible d’envisager autrement la place des artistes et la place des spectateurs, pas uniquement en face-à-face, ou en "quinconces" dans les travées, mais liés ensemble dans un objectif commun : faire un peu mieux humanité ensemble. Pour les équipes artistiques comme pour les personnes à qui l’on offre, non pas un "accès à", mais une "relation avec", le Théâtre du Cloître et Bellac sur Scène sont aptes à produire plus de capacités, plus de dignités, plus de libertés »7

Le travail de la Cie Les Singuliers Associés s’inscrit dans cette démarche. Installée au coeur du quartier du Val de l’Aurence où elle dispose d’un studio de répétition, elle promeut un théâtre de proximité. Comme l’explique un des metteurs en scène Didier Valadeau, l’action du collectif consiste à créer des moments de rencontres, à tisser des relations dans l’affirmation et l’acceptation des différences de tous. Fruit d’un travail de trois ans sur l’acte d’habiter, l’exposition D’ailleurs je suis d’ici, compose le portrait du quartier à partir d’une mosaïque de témoignages et de photographies.

Ressources complémentaires

« Passer à côté des droits culturels, c’est passer à côté des droits humains fondamentaux » - Jean-Michel Lucas au micro de Marie Sorbier - France Culture(9 min.)
« Les droits culturels consacrés par la loi : et après ? », L’Observatoire, 2017/1 (N° 49), pages 9 à 14


Eclairages artistiques

Ce séminaire a permis une plongée dans l’univers de la chorégraphe martiniquaise Christiane Emmanuel et celui de Guy Régis Junior, auteur et metteur en scène haïtien. Tous deux sont confrontés à cette nécessité de faire se rencontrer deux cultures qui ne peuvent exister l’une sans l’autre mais qui se construisent aussi, l’une contre l’autre. Cette rencontre nécessaire mais parfois difficile était au coeur des deux spectacles proposés.

  • Cette terre me murmure à l’oreille

Dans pièce chorégraphique, Chritiane Emmanuel met en scène 3 danseurs - Jean-Félix Zaïre, Christian Kossa et Abdoulaye Konaté - trois êtres porteurs de leurs cultures, trois sensibilités différentes, trois personnages reliés par un héritage commun. D’abord distants les uns des autres, ils se rencontrent peu à peu grâce à la danse. La danse pour tisser des liens et consolider des ponts, pour nourrir le brassage des cultures afin d’en révéler les identités communes, telle est l’intention de Christiane Emmanuel.

Cette Terre me murmure à l'oreille - Cie Christiane Emmanuel

Au cours d’un atelier de pratique artistique animé par Jean-Félix Zaïre, les stagiaires ont exploré les thèmes du spectacle et improvisé sur celui de la rencontre.

  • L’amour telle une cathédrale ensevelie de Guy Régis Junior

Le Fils exauce le vœu de sa mère. Il arrive par le réseau internet à lui trouver un mari : un bon retraité canadien pour finir sa vie au repos. Le Fils à son tour voudrait les rejoindre. L’amour telle une cathédrale ensevelie, deuxième volet de La trilogie des Dépeuplés alterne une vingtaine de scènes en huit clos avec des séquences chantées. À travers ces personnages, Guy Régis Junior tente une radiographie de ces familles haïtiennes qui ne jurent que par leur départ du pays, dans l’espoir de revivre ailleurs.

L'AMOUR TELLE UNE CATHÉDRALE ENSEVELIE // Guy Régis Jr // teaser

Dans ces entretiens vidéos, l’auteur-metteur en scène revient sur la genèse de ce spectacle.
 "L’Amour telle une cathédrale ensevelie (Le Fils)" de Guy Régis Jr. / Le contexte menant à l’écriture
 "L’Amour telle une cathédrale ensevelie (Le Fils)" de Guy Régis Jr. / Les difficultés d’écriture
 "L’Amour telle une cathédrale ensevelie (Le Fils)" de Guy Régis Jr. / L’envie de mettre ce texte en scène