Retour sur la rencontre avec Louise Aleksiejew à la Maison des écritures publié le 11/12/2021
Notre matinée du deuxième jour de séminaire fut rythmée par une artisteRetour ligne automatique
plasticienne mais également professeure à l’EESI d’Angoulême, Louise Aleksiejew. Après nous avoir parlé de son parcours d’études (DNSEP à l’École Supérieure d’Art et de Média de Caen), nous avons eu l’occasion de découvrir son univers plastique personnel ainsi que sa collaboration avec l’artiste Antoine Medes, qui travaille principalement la céramique.
On pourrait sans aucune difficulté qualifier Louise Aleksiejew d’artiste pluri-disciplinaire puisque bien que son travail soit principalement centré sur le dessin contemporain, elle a déjà touché au volume textile, à la bande dessinée ou encore à l’installation.
Par ailleurs, la question de la collaboration est très importante dans sa pratique comme elle l’a souligné lors de sa présentation.
Elle entretient un rapport très graphique aux choses comme l’évoque, par exemple, son œuvre « Chambre » de 2020 qui représente le plan de sa chambre en une sorte de tableau textile. De plus, elle questionne particulièrement les enjeux de la représentation : « Comment représente-t-on les choses ou choisit-on de ne pas les représenter ? ».
Louise Aleksiejew travaille avec des registres d’images très différents les uns des autres. Au fil des œuvres qui défilaient devant nos yeux, la diversité des styles graphiques était évidente : de l’abstrait en passant par le cartoon, de dessins aux aplats de gouache au crayon de couleur, etc. Comme un chemin qui n’avait que pour fin le nombre de supports qui pourraient exister.
Elle évoque également avec nous l’écho de sa scolarité dans sa pratique actuelle : si elle n’a plus aucun souvenir de comment poser une division aujourd’hui, elle compte toujours sur des connaissances acquises en histoire pour contextualiser les formes qu’elle observe. Encore, elle nous confie avoir oublié la sensation d’avoir mal à la main à force de disserter à l’écrit pendant plusieurs heures, ce raisonnement lui faisant se questionner sur les espaces où l’écriture manuscrite avaient survécu à l’ère numérique. « Où est-ce que j’écris encore à la main ? » C’est dans ses carnets, qu’elle surnomme « laboratoires », que textes et images se rencontrent.
Par la suite, après avoir questionné l’artiste à propose de plusieurs de ses œuvres, la question du vide est apparue essentielle dans sa pratique avec de nombreux « blanc tournant », qui se trouvent être le bord entre les éléments imprimés et le bord du document non imprimé, qui permet au dessin, selon l’artiste, de "tenir debout". De plus, à propos de la question du vide, elle a également évoqué que l’enjeu était de "provoquer une harmonie à partir d’éléments dissociés".
Elle nous a expliqué que lors du confinement, elle a dû adapter sa pratique, comme ce fut le cas de beaucoup d’artistes, ce qui l’a poussée à changer ses habitudes. En effet, la chose principale qui a changé lors de cette crise sanitaire fut le temps. Ce surplus temporel l’a amenée à créer « La bibliothèque » qui se trouve être ni plus ni moins qu’un amas d’images. Cette bibliothèque est pour elle une « prothèse de mémoire ». Elle passe généralement entre trente minutes à une heure pour explorer les reproductions d’œuvres sur Internet qu’elle enregistre dans un répertoire, à raison de trois à six images par artistes.
Ce travail de "référencement" fait écho à son travail de professeure à l’EESI où elle recherche également des images, des références, qui pourraient nourrir la pratique de ses étudiant.es.
Ainsi elle classe ses images par « Tags »/« Mots-clés » afin d’accéder plus facilement aux éléments qui l’intéressent.
Pour parler à nouveau du rapport de cette artiste aux mots, celle-ci nous a annoncé que pour elle, il n’y avait jamais d’images sans son titre.
Ensuite, Louise a évoqué sa collaboration avec Antoine Medes, l’artiste céramiste avec lequel elle avait co-signé une série intitulée « ping-pong » consistant en un dessin réalisé par l’un sur la moitié du support auquel l’autre lui répondait par un autre dessin. Ici, l’image invente un autre mode de communication entre eux.
Enfin, Louise nous a fait découvrir sa bande dessinée intitulée « Mauk » publiée récemment (2021), qui s’entremêle aussi avec l’art contemporain. Les thèmes abordés dans cette BD s’inscrivent dans un registre plutôt cocasse traitant de la solitude, du fait d’être lesbienne et d’aimer vivre seule mais en même temps c’est une histoire merveilleuse, dans le sens premier du terme, c’est-à-dire qu’il y a un élément surnaturel infiltré dans le cadre de la réalité.
Elle nous a ensuite parlé de sa méthodologie d’écriture en bande dessinée car celle-ci est différente selon les artistes : par exemple, certains ne travaillent pas avec un storyboard ce qui est inconcevable pour elle, pour qui le storyboard est une étape essentielle. De plus, le découpage de l’histoire (chapitres, introduction, etc.) se met en place à ce moment-là, ce qui prend un certain temps.
Enfin, elle considère le texte de la BD comme faisant partie intégrante de l’image, c’est pourquoi quand la typographie du texte est en numérique, cela la dérange un peu, elle qui assume que l’écriture se fait avec l’outil du dessin.
Texte de Léna Coussement et Amélie Kim