Recomposing light - L'artiste Daniele Genadry au Centre Intermondes de La Rochelle publié le 02/06/2021

Il vous est déjà arrivé de devoir plisser les yeux face à un paysage pour filtrer la lumière trop intense ? De devoir presque fermer les yeux pour mieux voir ?

L’exposition Recomposing Light de Daniele Genadry est visible du 27 mai au 25 juin 2021 au Centre Intermondes.
Les œuvres de l’artiste libanaise questionnent les conditions de perception, les phénomènes lumineux, ceux qui "dessinent" l’image qui se crée devant nos yeux comme ceux qui l’empêchent. Ainsi, face à ses peintures, réalisées durant sa résidence au Centre Intermondes, on reçoit une image peinte qui serait, d’un point de vue photographique, comme surexposée, où la lumière créée par les juxtapositions de touches de peinture diffracte l’image. Ailleurs, ce sont des sensations de contre-jour qui par l’inversion du spectre lumineux deviennent des blocs de lumière qui font écran au regard.

Le sujet, des paysages issus du Liban ou des promenades rochelaises, entre en dissolution par la séparation de chaque particule de lumière. La peinture dont la matière première semble être des photons directement posés au pinceau transforme ceux-ci en halos.

Arrivée à La Rochelle, elle a en tête la peinture de Paul Signac, Entrée du port de la Rochelle, datant de 1921 et conservée au Musée d’Orsay. Elle s’intéresse d’abord à ce point de vue que le peintre pointilliste avait observé il y a maintenant 100 ans. Elle produit des esquisses, des études mais finit par travailler à partir de l’œuvre de Signac elle-même. Il ne s’agit plus de réinterpréter le regard passé mais de décomposer et d’analyser l’image elle-même, de confronter son régime perceptif à celui qu’elle (re)compose.
Le philosophe Farès Chalabi qui aura accompagné Daniele Genadry tout au long de sa résidence établit cette différence entre les deux systèmes : d’un côté le colorisme de Signac "où lumière, lignes, teintes fusionnent dans une harmonie régie par les lois du contraste simultané" et le luminisme de Genadry qui mène à une perception lente de l’image, d’abord dissolue elle se recompose peu à peu à force de regard.

D’une certaine manière, l’image créée par Daniele Genadry mène à revivre le phénomène d’éblouissement. L’image s’est effacée en partie et réapparaît non encore débarrassée des phosphènes qui la composent, pleine de la matière agitée de la lumière.
Daniele Genadry invite donc le spectateur dans un temps suspendu, à accueillir les images que Chalabi qualifie d’apparitions : "L’image n’apparaîtra que pour le spectateur lent, celui qui croyant avoir vu s’arrêterait pour revoir, se tiendrait sur place le temps que son oeil s’adapte à cette autre lumière, cette lumière ténue, ou à ces petites différences colorées."

Daniele Genadry, est libanaise, elle a suivi un cursus artistique au Dartmouth College dans le New Hampshire aux États-Unis et à la Slade School of Art de Londres. Elle est est professeure d’arts plastiques à l’Université américaine de Beyrouth. Elle est représentée en France par la galerie In Situ Fabienne Leclerc

La résidence au Cente Intermondes est issue d’un partenariat avec l’Institut Français, Institut Français du Liban avec le programme NAFAS et l’Ambassade de France du Liban

 Site de Daniele Genadry