Protéger une espèce menacée : du homard canadien à la coquille Saint-Jacques picto-charentaise. publié le 01/09/2007  - mis à jour le 29/05/2012

Lycée général et technologique - 2nde générale et technologique

Dans le cadre de la biodiversité, nous proposons de donner un coup de projecteur sur deux espèces menacées par une exploitation humaine excessive : les homards des îles de la Madeleine et la coquille Saint-Jacques picto-charentaise. Ces choix invitent à inscrire l’étude dans la perspective du développement durable en abordant ses trois aspects : l’environnement, la société et l’économie.

Une espèce : milieu et rythme de vie

Il est ici clairement recommandé et pertinent de s’associer avec son collègue de SVT pour mener cette analyse.
On pourra conduire successivement les études suivantes :
 La présence de cette espèce :
on apportera la localisation de cette espèce et on tentera d’évaluer son importance numérique.

 Les rythmes de vie et de son environnement :
très clairement il s’agit de mieux connaître la vie de ces animaux.

 Les menaces sur cette espèce.
On associera aux fragilités naturelles éventuelles liées à l’espèce ou à son milieu de vie, la menace anthropique liée à l’exploitation longtemps excessive de ces animaux.

Le homard québécois

L’essentiel de la production québécoise de homards vient des îles de la Madeleine. L’archipel des Îles-de-la-Madeleine est situé en plein cœur du golfe Saint-Laurent à 215 km de la péninsule gaspésienne.
L’archipel compte une douzaine d’îles dont six sont reliées entre elles par des dunes de sables. Il s’agit de l’île de la Grande Entrée, de la Grosse Île, de l’île aux Loups, de l’île du Havre aux Maisons, de l’île du Cap aux Meules et de l’île du Havre Aubert. Les autres îles sont l’île d’Entrée, l’île Brion, le rocher aux Oiseaux, l’île aux Loups Marins, l’île aux Cochons et le rocher du Corps Mort.

Ressources sur le homard :

 Pêche et Océans Canada

La coquille Saint-Jacques

La coquille St-Jacques est un bivalve hermaphrodite. L’organe génital de la coquille St-Jacques est communément appelé "corail" : une partie du corail est de couleur blanchâtre, c’est l’organe mâle, l’autre est de couleur orange, c’est l’organe femelle. Le corail se forme quelques mois avant la reproduction, laquelle n’intervient pas à la même époque selon les zones de gisement. C’est la raison pour laquelle on peut trouver à la même période sur les marchés des coquilles avec "corail" orange, et des coquilles sans "corail" orange. Ainsi, dans les pertuis de la côte atlantique le corail apparaît au mois de novembre, tandis qu’en Normandie, il n’apparaît qu’au printemps. Les dates de saison de pêche varient d’un gisement à l’autre, mais d’une façon générale, on peut dire qu’en France la campagne de pêche s’effectue entre les mois d’octobre et d’avril.
La côte atlantique et notamment les pertuis, ne sont pas le plus important gisement français : c’est en effet la Normandie (suivie de la Bretagne) qui est la première région pour la récolte de coquilles Saint-Jacques, région qui possède en outre un label rouge. La Normandie produit les 2/3 des 16 000 tonnes ramassées chaque année.


Diversité biologique et enjeux économiques et culturelles

La coquille Saint-Jacques comme le homard des îles de la Madeleine sont deux mets de choix, très demandés et appréciés par les consommateurs. Il existe un marché important tant du homard au Québec que de la coquille Saint-Jacques sur les côtes charentaises. La dimension économique amène à étudier la filière depuis le pêcheur, voire l’éleveur, jusqu’au détaillant ou aux consommateurs.
La demande s’accroît en période de fêtes, mettant parfois en péril la reproduction de l’espèce. En plus des menaces liées aux pollutions, liées à l’excessive fréquentation de leur milieu de vie, cette espèce est victime d’une surexploitation qui a conduit les autorités à prendre des mesures conservatoires.

Les homards au Québec

Première région en importance pour les débarquements de homards, les Iles-de-la-Madeleine comptent plus de 329 entreprises détentrices d’un permis de pêche au homard, qui procurent de l’emploi à plus de 800 personnes travaillant directement à la capture de ce crustacé, en plus de quelque 150 emplois dans les usines de transformation. Le homard constitue sans contredit la ressource la plus rentable produisant des revenus d’environ 24,3 millions de dollars, soit l’équivalent de 66 % de tous les revenus de pêche aux Îles-de-la-Madeleine pour seulement 17 % du volume des débarquements. Près de 63 % (2 025 tm) des captures de homard au Québec sont enregistrées aux Îles-de-la-Madeleine. Cette remarquable performance a fait grimper la valeur des débarquements québécois de homards à 46,4 millions de dollars, faisant de cette saison une des meilleures de l’histoire. Il convient de rappeler que les mesures de protection de la ressource adoptées il y a quelques années par la communauté des pêcheurs de homards des Iles ne sont pas étrangères au succès que connaît maintenant cette pêche et qu’elles contribueront certainement à favoriser la pérennité de cette ressource dans la région.

Ressources pour le homard québécois

 Journée typique de pêche... dans la zone 25 ! (un dossier de Radio-Canada)

Ressources pour la coquille Saint-Jacques picto-charentaise

La pêche à la coquille Saint-Jacques est très réglementée : pour y participer, il faut posséder une licence. Les dates d’ouverture et de fermeture et les temps hebdomadaires de drague sont fixés par chaque gisement de la côte atlantique, en fonction de la ressource, pour une durée d’environ 7 mois. (voir le "Dossier sur la coquille St Jacques" ci-dessus).


Gérer l’exploitation de ces deux espèces pour un développement durable

Il s’agit de comprendre les mesures prises pour gérer durablement ces ressources. Il faut sauver ces espèces sans tuer une filière économique, il faut préserver le milieu naturel sans interdire définitivement l’activité halieutique, il faut enfin aider les acteurs économiques, en premier lieu les pêcheurs, sans menacer l’équilibre de l’espèce.
Le consommateur doit comprendre les mesures conservatoires et responsabiliser ses habitudes de consommateurs. Ce dernier élément donne l’occasion de rappeler, derrière la notion de développement durable, les pratiques à savoir : la responsabilité, l’engagement, la participation… pour une nouvelle gouvernance.

Les homards du Québec

Après les déboires de la pêche aux poissons de fond, à la fin du siècle dernier, les piètres récoltes des années 70, les Madelinots ont décidé de mettre le paquet pour préserver le gagne-pain des 325 entreprises de pêches possédant un permis sur l’île.
Au programme :

  • restriction de 300 casiers à homards par navire et saison,
  • obligation de rendre au monde du silence les femelles œuvées et les spécimens de moins de 8,4 centimètres (sans la queue),
  • abolition de la pêche en automne tout comme le dimanche pendant toute la durée de la campagne.

Depuis, la ressource halieutique ne s’en porte que mieux et la nature récompense les concessions des pêcheurs.
Polémique sur la taille des prises : la taille du homard pêché, surtout la femelle, est un élément crucial dans l’amenuisement des stocks. C’est, entre autre, une question de maturité sexuelle...qui s’adapte mal à des normes métriques. Prenons un homard de 21 mm. À cette grosseur, toutes les femelles atteignent leur maturité sexuelle, ce qui veut dire qu’elles ont déjà pondu une fois ou plus. Pour les homards ayant une taille de 71 mm., seulement la moitié des femelles sont matures. Si on pêche un homard qui a la taille minimum légale de pêche actuelle, soit 67,5 mm., 40% des femelles sont matures. Cela signifie donc que la majorité des femelles sont pêchée avant même d’avoir pondu une seule fois.

Ressources pour le homard québécois

 Ministère québécois du développement durable et de l’environnement

 Ministère québécois des ressources naturelles et de la faune

 Ministère québécois de l’agriculture des pêcheries et de l’alimentation

 Pêche et océans Canada

Les coquilles Saint-Jacques

L’ouverture de la pêche à la coquille Saint-Jacques constitue chaque année un grand moment pour les pêcheurs détenteurs d’une licence pour ce bivalve. La récolte est en effet sévèrement encadrée dans le temps, dans l’espace et dans les volumes. Ainsi le temps de drague des coquilles St-Jacques peut aller de 3/4 d’heure à 1 heure, une ou deux fois par semaine.
Les coquilles pêchées en Poitou-Charentes bénéficient depuis la fin de l’année 2005 d’une marque de qualité. Pour parvenir à cet objectif, un cahier des charges sévère avait été établi : pour bénéficier de la "marque" Poitou-Charentes, les coquilles ne doivent pas être inférieures à 11 cm, alors qu’actuellement le calibrage le plus commun est de 10 cm. En outre, les coquillages doivent obligatoirement passer en criée, et le dégorgement est imposé, pendant toute une nuit, de façon à débarrasser les coquilles du sable ou de la vase. Les producteurs espéraient ainsi jouer la qualité et redynamiser la commercialisation. Commercialisation quelque peu malmenée lors de la précédente campagne (2005-06), compte-tenu d’une trop grande abondance de l’espèce, ce à quoi on n’était guère habitué jusqu’alors, où l’on parlait plutôt de pénurie !

Ressources pour la coquille Saint-Jacques picto-charentaise

Exploitation, éléments de croissance et de dynamique du stock de coquilles Saint-Jacques des pertuis charentais (PDF de 2 Mo)

Rapport de stage de Fabien Blanchard,Laboratoire de l’IFREMER à l’Houmeau, 1995. (www.ifremer.fr/docelec/ )

On retrouvera une banque d’images sur les sites :

 Le monde en images

 Imagerie du Canada

Documents joints

Ministère du développement durable, de l’environnement et des parcs (http://www.mddep.gouv.qc.ca)

Louise Gendron et Josée Archambault, direction régionale des sciences, ministère des pêches et océans, 1997 (http://www.dfo-mpo.gc.ca/Library/219603.pdf )

Ministère du développement durable, de l’environnement et des parcs (http://www.mddep.gouv.qc.ca)

Ministère du développement durable, de l’environnement et des parcs (http://www.mddep.gouv.qc.ca)

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Auteur

 Laurent Marien

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