Multiplier l'accès au livre au collège publié le 26/03/2019

Au collège Didier Daurat, nous avons fait le choix de multiplier les accès au livre pour en faciliter l’utilisation.

En plus des sélections thématiques et des mises en valeur au CDI, nous proposons des sélections de livres en divers endroits du collège.

Bibliothèques nomades

Au collège, nous avons 2 types de bibliothèques nomades : des régulières et des ponctuelles.

Régulières

A chaque séquence (ou presque) des professeures empruntent une sélection en lien avec leur thème de travail.

La quantité de documents empruntés est variable, elle dépend du fonds documentaire, de la place dont dispose l’enseignant pour exposer les ressources.

Ce présentoir mural avait été installé dans une très petite salle au regard du nombre d’élèves, peu encombrant, disposé sur le mur du tableau, les livres étaient visibles par tous les élèves :

Dans une autre petite salle accueillant moins élèves, d’autres types d’étagères ont été installées au fond de la classe :

• l’étagère murale permet d’installer la bibliothèque nomade des 3èmes ainsi que la sélection du café littéraire,
• les étagères basses permettent l’installation de la bibliothèque nomade des 6èmes, des usuels ainsi qu’une bibliothèque fixe ( principalement des doublons du CDI, ces prêts ne sont pas intégrés dans le logiciel de gestion).
  

Si les professeures de Lettres sont des partenaires privilégiées, le principe est ouvert à tout personnel. Depuis cette année, l’enseignante de SVT a elle aussi installé une bibliothèque nomade dans sa salle :

Nous sommes un petit collège de 250 élèves et le fait que la majorité des enseignants ont leur propre salle est un atout indéniable. Cela n’empêche cependant pas une collègue sans salle fixe de participer comme nous le verrons à propos du café littéraire.

La sélection se fait sur proposition des professeurs partenaires, par la professeure documentaliste ou de manière conjointe. Ces partenariats sont l’occasion d’enrichir le fonds. Pour des élèves peu enclins à ouvrir un livre, nous préférons leur en proposer moins mais plus attractifs visuellement et dans des genres qu’ils ont plus de facilité à lire : BD, manga, album.
C’est aussi l’occasion de vérifier la validité du fonds, notamment en sciences. Cette année nous avons d’ailleurs choisi de mettre des documents dont l’information est obsolète dans le labo de SVT : ces documents ne sont plus accessibles aux élèves en autonomie mais servent à la professeure de SVT lorsqu’elle aborde l’évolution des connaissances scientifiques.

Chaque professeur est libre de choisir son fonctionnement :

• Prêt des documents aux élèves, dans ce cas l’enseignant note les prêts qui seront ensuite intégrés dans le logiciel de gestion documentaire. Par principe, l’élève rend le document au professeur qui le lui a prêté.

• Lecture sur place, sans prêt. Ces documents servent aux élèves qui ont fini leur travail avant les autres.

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  Ponctuelles

Lors d’événements particuliers, il arrive que des élèves préparent des sélections thématiques.
Par exemple :

• pour la St Valentin, une collègue de Lettres avait fait créer des animations à ses élèves de 4ème sur le thème au programme Dire l’amour. Des délégués du CDI ont proposé au prêt une sélection de fictions et documentaires sur l’amour et l’amitié. Ces animations ont eu lieu dans le hall du collège durant la pause méridienne.
• les élèves de 6ème ont bénéficié d’une intervention sur la biodiversité des fruits de la région en salle polyvalente, des délégués du CDI y ont installé une sélection thématique.
• des élèves du CDI avaient préparé des animations pour la fête de la science, le collègue de Technologie s’est inséré dans le projet. Là encore, des livres ont été proposés au prêt dans le hall.

Les prêts sont notés sur feuille et intégrés ensuite dans le logiciel de gestion documentaire.

Pour ces bibliothèques nomades, il faut confier un maximum de responsabilités aux élèves : établissement de la sélection, installation et présentation, gestion des prêts, rangement...

Soyons transparents, ces bibliothèques ponctuelles engendrent peu de prêts par rapport à des actions spécifiques autour du livre, en effet elles sont exposées très peu de temps (de 1h à 6h environ) et sont en complément d’autres activités qui génèrent attrait et effervescence.

Cependant elles ne sont pas dénuées d’intérêts :

• elles permettent à des élèves de s’impliquer dans un projet et d’en voir le résultat immédiat (les élèves sont heureux d’avoir pu prêter des documents),
• elles font du livre un partenaire possible de tout sujet.

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Projets classe d’incitation à la lecture

Depuis 2 ans, nous avons mis en place des projets d’incitation à la lecture au sein des classes de 6ème et de 3ème.

Travailler avec ces niveaux a des atouts :

• Nous observons que le nombre de prêts par cohorte diminue d’une année à l’autre (les élèves de 6ème empruntent moins lorsqu’ils passent en 5ème, en 4ème puis en 3ème), nous partons donc du principe que plus les élèves sont habitués à emprunter en 6ème, moins la déperdition des prêts les années suivantes sera importante.

• Pour les élèves de 3ème, c’est les habituer à un rythme de lecture qu’ils devront avoir au lycée.

Ces projets durent d’octobre à mars environ, ils sont accompagnés de productions à réaliser et de séances méthodologiques (notamment utiliser le questionnement du sujet pour parler d’un livre).

Les sélections

Que ce soit pour en 6ème ou en 3ème nous avons choisi de faire notre propre sélection et non pas de nous inscrire à un prix particulier pour plusieurs raisons :

• éviter l’achat de titres en plusieurs exemplaires,

• enrichir le fonds et le faire vivre (chaque classe possède sa propre sélection d’une trentaine de titres différents),

• adapter la sélection en fonction du profil des élèves (des DYS aux EIP), en 6ème, des ajustements et ajouts ont d’ailleurs été faits au cours de l’année,

• en 3ème, proposer une sélection en lien avec le thème fil rouge de l’année de l’enseignante.

Une fiche synthèse de la sélection a été distribuée à chaque élève : un A3 format livret pour les élèves de 3ème, des feuilles à découper et à coller pour les élèves de 6ème qui pouvaient prendre des notes dans le cahier de français.

L’emplacement des sélections

Nous avons placé les sélections là où elles étaient le plus accessibles aux élèves : au CDI pour les élèves de 6ème et dans les salles de classe en 3ème.

Au CDI pour les sélections de 6ème

L’année dernière, chacune des 3 sélections était présentée sur 1 étagère comme celle ci-dessus. Trop encombrant, nous avons opté pour regrouper les sélections dans des caisses réalisées par un agent (ci-dessous).

L’étagère regroupant les 3 sélections est au centre de l’espace lecture du CDI.

En 6ème, c’est aussi l’occasion de faire venir tous les élèves au CDI puisque la collègue de Lettres y vient une heure par semaine tout au long du projet.

Les sélections des 3èmes sont diversement présentées :

Pour pallier à l’augmentation des effectifs, la trop petite salle de Lettres a été agrandie, un coin lecture a également pu voir le jour : des chauffeuses dans l’angle et le présentoir mural de la bibliothèque nomade sur la gauche.

La sélection du café littéraire est dans une boîte décorée par les élèves. En théorie, tous les élèves sont sensés avoir un livre, donc il doit en rester peu dans la salle de classe, une petite boîte peut suffire.

Dans la salle avec le pan de mur dédié à la lecture, la sélection du café littéraire prend à peine 1/4 de l’étagère murale, là aussi les livres sont sensés tourner donc il ne reste au maximum qu’une dizaine de livres.

Pour la collègue de Lettres qui change de salle durant la semaine, il lui a fallu trouver une organisation qui ne soit pas trop contraignante en terme de transport des livres : elle a opté pour le sac d’une librairie. TZR sur 2 établissements, si son affectation est reconduite au collège, nous chercherons à améliorer ce fonctionnement (petit chariot ? présentoir mural dans une salle en particulier ?...)

Principes des projets

Défi lecture en 6ème
Nous voulions un défi mais pas de compétition, nous voulions que le fonctionnement mette les élèves en situation de réussite et non d’échec. Nous n’avons donc pas choisi de faire un défi qui consiste à lire le plus de livres possibles avec une évaluation des lectures ou des quizz car les non-lecteurs et les petits lecteurs sont forcément mis en échec. Nous avons préféré un double objectif : un défi personnel (que chacun lise plus que ce qu’il a l’habitude de lire) et apprendre à donner envie aux autres de lire ce que l’on a lu.

Durant l’heure hebdomadaire au CDI, c’est l’occasion de travailler sur le questionnement du sujet, l’expression orale et d’acquérir du vocabulaire.

Café littéraire en 3ème

Le café littéraire des 3èmes est aussi pourvu d’un double objectif :

• Objectif de classe : réaliser toutes les activités pour tous les livres - avoir lu toute la sélection.
• Objectif individuel : réaliser au moins une activité de chaque - avoir au moins lu la moitié de la sélection dont 3 ou 4 romans, le documentaire biographique et l’anthologie de poèmes (pour ces deux derniers la lecture peut être partielle, les activités sont différentes).

Des articles traitent plus en détail ce projet :
Babelio, défi littéraire et numérique (TraAM) : bilan du défi Babélio organisé l’année dernière.
Du défi Babélio au café littéraire : modifications opérées cette année.

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Appropriation des espaces de lecture par les élèves

De manière générale, en classe de SVT ou de Lettres, les espaces de lecture permettent aux élèves ayant terminé plus tôt de lire sur place, il n’est pas rare non plus que des élèves d’un niveau empruntent dans la sélection d’un autre niveau. Par exemple, de grands lecteurs de 6ème piochent dans la sélection du café littéraire des 3èmes, qui eux, ont plus de mal à entrer dans la lecture.

Les élèves de Carole Moreau n’associent pas la sélection du café littéraire à un emplacement particulier mais au sac qu’elle utilise pour mettre la sélection du café littéraire :

Aurore Delubriac nous partage aussi son retour d’expérience :

Impact sur les taux d’emprunteurs

L’année dernière, les taux d’emprunteurs s’élevaient à :

• 94% pour les élèves ayant bénéficié d’un projet classe d’incitation à la lecture contre 59% pour ceux qui n’en ont pas bénéficié.
• sur les 3 classes de 4ème avec des effectifs de 18 à 19 élèves : 100% des élèves qui ont bénéficié de bibliothèques nomades avec généralement une sélection d’environ une vingtaine de titres par séquence ont emprunté au moins 1 livre, contre 39% pour ceux qui n’en ont pas bénéficié.
• les 2 classes de 5ème avec des effectifs de 29 à 30 élèves dans une petite salle accueillant une bibliothèque nomade d’environ 5-10 titres (pour les 2 classes), le taux d’emprunteurs est de 58%.

Avec toutes les précautions nécessaires face à ces taux (un livre emprunté n’est pas forcément lu, un élève qui n’emprunte pas peut lire sur place¹), il ressort une tendance qui confirme ce qui pourrait être perçu comme un poncif : plus l’accès aux livres est facilité, plus les élèves peuvent emprunter.

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Pistes d’améliorations

Communication auprès des collègues

Il est arrivé que des enseignants de différentes disciplines ou des jeunes en service civique testent ce dispositif, parfois même avec 1 ou 2 livres seulement. Lorsque ces personnels quittent l’établissement, c’est une bibliothèque nomade qui disparaît.
Pour l’instant la communication se fait de manière informelle, les projets naissent de discussions en salle des professeurs ou au self. Une communication systématique en début d’année et auprès des nouveaux collègues arrivant dans l’année serait probablement un plus.

La communication pourrait aussi être ciblée sur l’orientation en proposant des livres sur les métiers aux professeurs principaux par exemple.

Projets d’incitation à la lecture pour toutes les classes

Nous l’avons vu, participer à un projet d’incitation à la lecture favorise les emprunts par les élèves. Pourquoi ne réserver cette opportunité qu’aux seuls niveaux de 6ème et 3ème ? S’il est compliqué de gérer les mêmes types de projets à l’année pour toutes les classes (espace pour l’emplacement des sélections, temps d’organisation...) des projets moins lourds pourraient cependant voir le jour.

Par exemple :

• profiter des renouvellements des bibliothèques nomades pour réserver des séances d’incitation à la lecture : des collègues dans d’autres établissements regorgent d’idées comme l’organisation de The voice book² ou de présentations théâtralisées.

• réfléchir à des modalités de prescription par les pairs : organiser un speed-booking³ ; permettre aux élèves d’ajouter leurs coups de coeur accompagnés de bandeau et phrase d’accroche (en lien ou pas avec la séquence) à la bibliothèque nomade de la classe...

Travailler sur les bienfaits de la lecture

Si nous multiplions les accès aux livres et les projets d’incitation à la lecture c’est d’une part pour les informations qu’ils contiennent, pour l’acquisition d’une culture générale mais aussi pour les bienfaits qu’apportent la lecture. D’ailleurs serions-nous capables de citer ces derniers ? Non pas seulement des idées reçues mais des bienfaits étayés par la recherche scientifique ? Un travail sur la question avec les élèves aurait sûrement un effet bénéfique. Serait-ce une piste pour toucher les non-lecteurs et petits lecteurs ?

Cibler les non-lecteurs et les petits lecteurs

En 6ème ou en 3ème, nous avons veillé à ce que chaque élève lise au moins 1 livre (en entier ou en partie en fonction de la nature du livre).

• en 3ème, les élèves qui n’avaient rien lu, ont bénéficié d’un temps calme de lecture au CDI pendant que les autres travaillaient sur les activités du café littéraire en classe.
• en 6ème, des temps de lecture durant la séance hebdomadaire ont aussi été proposés à ceux qui n’étaient pas encore entrés dans le défi.
• en 6ème, lorsque ce temps de lecture en autonomie ne suffisait pas, la professeure de Lettres a passé une partie de l’heure avec un élève pour lire un album en entier et appliquer la méthodologie vue.
• en 6ème, un travail à partir de la pâte à modeler (inspiré de la méthode Davis) a été réalisé avec un élève qui refusait ne serait-ce que de feuilleter un livre. Pourtant la sélection était variée et comptait même un livre sans texte.

Cependant, ces actions ne sont pas suffisantes pour insuffler le goût de la lecture pour ce type de public. Quelques pistes sont envisagées :

• au CDI, créer un espace "Facile à lire" inspiré des bibliothèques de Bretagne et encouragé par le Ministère de la Culture.
• s’intéresser aux représentations de ces élèves et travailler avec eux sur les bienfaits de la lecture. Cette piste, proposée par une collègue du réseau, pourrait être un axe de travail entre professeurs de Lettres, professeurs documentalistes et infirmières scolaires.