"Mythologie et surréalisme" publié le 28/12/2012  - mis à jour le 18/12/2015

Le thème de la reprise dans les arts

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C. Poème de Charles-Marie Leconte De Lisle (1818-1894)

Activité français + langues de l’antiquité.

Ce poème est extrait des « Poèmes Antiques » de 1852.
Pour gagner sa vie, Leconte de Lisle traduit des chefs d’œuvres de la littérature antique grecque. Sa passion est la poésie. Les Parnassiens reconnaissent en lui un maitre par la variété de son inspiration, la diversité des images et la perfection formelles de ses poèmes.


Vénus de Milo
Marbre sacré, vêtu de force et de génie,
Déesse irrésistible au port victorieux,
Pure comme un éclair et comme une harmonie,
O Vénus, ô beauté, blanche mère des Dieux !

Tu n’es pas Aphrodite, au bercement de l’onde,
Sur ta conque d’azur posant un pied neigeux,
Tandis qu’autour de toi, vision rose et blonde,
Volent les Rires d’or avec l’essaim des Jeux.

Tu n’es pas Kythérée, en ta pose assouplie,
Parfumant de baisers l’Adonis bienheureux,
Et n’ayant pour témoins sur le rameau qui plie
Que colombes d’albâtre et ramiers amoureux.

Et tu n’es pas la Muse aux lèvres éloquentes,
La pudique Vénus, ni la molle Astarté
Qui, le front couronné de roses et d’acanthes,
Sur un lit de lotos se meurt de volupté.

Non ! les Rires, les Jeux, les Grâces enlacées,
Rougissantes d’amour, ne t’accompagnent pas.
Ton cortège est formé d’étoiles cadencées,
Et les globes en chœur s’enchaînent sur tes pas.

Du bonheur impassible ô symbole adorable,
Calme comme la Mer en sa sérénité,
Nul sanglot n’a brisé ton sein inaltérable,
Jamais les pleurs humains n’ont terni ta beauté.

Salut ! A ton aspect le cœur se précipite.
Un flot marmoréen inonde tes pieds blancs ;
Tu marches, fière et nue, et le monde palpite,
Et le monde est à toi, Déesse aux larges flancs !

Iles, séjour des Dieux ! Hellas, mère sacrée !
Oh ! que ne suis-je né dans le saint Archipel,
Aux siècles glorieux où la Terre inspirée
Voyait le Ciel descendre à son premier appel !

Si mon berceau, flottant sur la Thétis antique,
Ne fut point caressé de son tiède cristal ;
Si je n’ai point prié sous le fronton attique,
Beauté victorieuse, à ton autel natal ;

Allume dans mon sein la sublime étincelle,
N’enferme point ma gloire au tombeau soucieux ;
Et fais que ma pensée en rythmes d’or ruisselle,
Comme un divin métal au moule harmonieux.

Activité langues de l’antiquité.
Explication du poème.

  • Qui sont tous les personnages évoqués : Kythérée, Adonis, Astarté ?
  • Qu’est-ce qu’Hellas ? Thétis ? Quel est le saint archipel ?
  • Dire ce qu’évoquent les connotations : fronton attique, déesse victorieuse, acanthes, les Grâces enlacées, divin métal au moule harmonieux.
  • Quelle est donc cette beauté pour l’auteur ? Est-ce un poème d’actualité ?

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