Les conduites langagières publié le 18/10/2011 - mis à jour le 11/09/2015
L’acquisition du langage implique la construction d’un répertoire de conduites langagières, dont le volume et les caractéristiques dépendent largement des situations rencontrées et de l’environnement de l’enfant.
Que signifie le terme « conduites langagières » ?
L’enfant apprend non seulement des unités mots ou des unités phrase, mais également des unités de discours*, avec leurs marques linguistiques propres. Il apprend donc un répertoire de conduites langagières qui correspondent chacune à différents types de situations.
A. Florin considère que le dialogue est le prototype de ces conduites, à partir duquel les autres conduites se développent, en se différenciant.
Conduites langagières et différences interindividuelles :
Chez les enfants d’âge scolaire, les enseignants pointent de nombreuses différences dans l’accès au lexique, dans les aspects syntaxiques (la longueur des énoncés, la maîtrise de certaines structures). Mais l’enfant n’apprend pas à parler tout seul. Dans les interactions avec ses partenaires, dans la famille et à l’école, le développement langagier va s’enrichir et se diversifier.
Le rôle de l’école, en prenant en compte les différences interindividuelles, va être de proposer des situations qui ont un sens spontané pour l’enfant, ou un sens que l’enseignant va les amener à découvrir.
Quelles pratiques langagières à l’école maternelle ?
Les travaux d’A. Florin ont montré la place centrale des enseignants dans les pratiques langagières à l’école : Dans des séances de langage, ils produisent souvent à eux seuls plus d’énoncés que l’ensemble du groupe-classe réuni. La conversation prend la forme d’un échange de l’enseignant avec quelques enfants, échange sur lequel il s’appuie en utilisant l’une des réponses produites qu’il poursuit en sollicitant à nouveau toute la classe.
Dans ces situations, les enfants ont généralement à se conformer aux choix thématiques de l’enseignant, à réagir à des sollicitations et à répondre à de nombreuses questions. Ils y apprennent le métier d’élève mais ont du mal ( hormis les grands parleurs), à trouver leur place pour participer.
A. Florin préconise plusieurs pistes de travail à l’école maternelle, pour donner à tous les enfants un cadre propice au développement des conduites langagières :
« Il est clair qu’un tel travail sur les conduites langagières dépasse aussi les aspects techniques de la maîtrise de la langue, le travail sur l’oral et l’entrée dans l’écrit ;c’est aussi un apprentissage de la convivialité, de l’écoute de l’autre, de l’appartenance à une culture : c’est une forme de citoyenneté. » A. Florin (2002)
-Diversifier la structure du groupe conversationnel :
Le travail linguistique et conversationnel devrait être mené prioritairement en petit groupe, en faisant varier sa composition ( homogène puis hétérogène / grands, moyens et faibles parleurs).
-Diversifier le rôle de l’enseignant :
En fonction de l’objectif, les séances seront centrées sur le contenu ou la participation de chacun, sur différentes conduites langagières ( raconter, décrire, nommer, expliquer, informer, convaincre...)
-Individualiser les échanges maître-élèves :
Pour que les élèves qui en ont le plus besoin soient effectivement sollicités, que ce qu’ils disent puisse ensuite être pris en compte par le groupe.
*Discours : On appelle discours un énoncé oral ou écrit caractérisé par une situation d’énonciation. Tout discours est dressé par quelqu’un à quelqu’un d’autre, dans une situation de production donnée. Ce qui est dit, la manière de dire, ont étroitement liés à cette situation, à ses protagonistes et à leurs intentions, au lieu et au moment de l’échange.
Références utilisées :
Florin A., Parler ensemble en maternelle : la maîtrise de l’oral, l’initiation à l’écrit, Ellipses, 1995
Florin A., Le développement du langage, Dunot, Les Topos, 2000