PREAC Écritures et théâtres contemporains francophones publié le 04/10/2021  - mis à jour le 05/10/2021

Retour sur les temps forts du séminaire national inter-académique – Limoges 30 septembre et 1er octobre 2021

Thème

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Dire pour résister

« C’est en cela qu’un texte littéraire en décrivant les conditions humaines ou en révélant le désir et le rêve de l’humanité, devient avant tout un cri, un acte de profération (...) Et même si ce cri n’éveille pas les esprits endormis, au moins il perturbe leur sommeil ! » Atiq Rahimi

Le séminaire a exploré l’articulation entre la parole publique et parole politique : Quelle(s) histoire(s) raconter ? Comment la transmission fait résistance aujourd’hui ?

Les ateliers

« Ecriture, lecture musicale » animé par Marc Alexandre Oho Bambé alias Capitaine Alexandre

Poète, slameur et romancier, membre fondateur du Collectif On A Slamé Sur La Lune, Marc Alexandre Oho Bambé scande et chante la poésie depuis plus de vingt ans, semant des notes et des mots de résistance et de paix, de mémoire et d’espoir.

Cet atelier a été l’occasion de partager des réflexions sur le pouvoir des mots, ceux qu’on écrit, ceux qu’on dit, qu’on récite avec le corps et le cœur. Et celui qui se définit comme un « mot-sicien », conçoit ces gestes créatifs comme une « cœur-versation » où un « je » met en jeu des « inton-actions » : une « cœur-versation » parce geste solitaire mais solidaire, on écrit pour dire à d’autres ; des « inton-actions » parce qu’écrire/dire implique d’éprouver corporellement le texte en mâchant, marchant les mots de manière intuitive pour faire surgir l’émotion. Cette écriture/lecture subjective et affective désinhibe les élèves souvent paralysés par des textes sacralisés.
Et parce que chacun des ateliers de pratique qu’il conduit commence par une lecture offerte, Capitaine Alexandre nous a adressé un de ses poèmes extrait du recueil De terre, de mer, d’amour et de feu publié aux éditions Mémoires d’encrier :

"Afin que l’humain rallume enfin la lumière de ce siècle obscur, j’écris de la poésie "
A écouter de 1:12 à 2:14
Capitaine Alexandre - Poésie Slam au Collège de France

Au cœur de l’atelier, la poésie et ce qu’elle représente pour chacun.

  • Exercice 1
    • Jeter sur le papier dix mots évoquant la poésie
    • Les livrer au groupe, debout et à voix haute
    • Recueil des réactions : Qu’avez-vous entendu des mots des autres ? Quelles émotions produisent ces mots ?
  • Exercice 2
    • Puiser dans cette collecte de mots pour répondre à la question " A quoi sert la poésie ? " avec pour contrainte formelle d’écrire un quatrain. Pour entrer dans l’exercice, des vers d’élèves sont partagés : "A quoi sert la poésie ? A empêcher les étoiles de tomber.", "A quoi sert la poésie ? A jongler avec les mots comme Messi avec un ballon."
    • Lecture offerte des quatrains annoncés par un MC suscitant encouragements et applaudissements pour entrer en fraternité, en "Ubuntu" : « Je suis ce que je suis parce que vous êtes ce que vous êtes », « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous ».
    • Recueil des réactions
  • Exercice 3 : mise en voix chorale
    • Choisir un vers de son quatrain, le mémoriser
    • Le dire chacun son tour de façon à créer un poème choral
    • Annoncer et clore le poème par "A quoi sert la poésie ? A tout et à rien. A quoi sert la poésie ? A rien et à tout." répété deux fois en decrescendo.

Ces mêmes exercices peuvent se décliner à partir d’autres questions telles que : Qui suis-je ? Pourquoi j’écris ? Pourquoi je dis ?
Les vidéos et les articles publiés sur le site de Capitaine Alexandre précisent la démarche de l’artiste.

Troupe de résistance – le théatre e(s)t le collectif animé par Koumarane Valarane

Koumarane Valavane est un « metteur en troupe ». Ses années passées au côté d’Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil, ainsi que la création du Théâtre Indianostrum à Pondichéry ont fait de lui un meneur de troupe, désireux de retrouver cet esprit nécessaire et indissociable de ses créations théâtrales.

« En 2001, je suis venu découvrir le Théâtre du Soleil, à la fois ce lieu et cette utopie de troupe. J’ai participé au stage de 2002 et j’ai eu la chance de jouer dans Le Dernier Caravansérail. En 2005, j’ai dû rentrer en Inde brutalement, mais le rêve de troupe du Soleil m’a poursuivi. Rapidement, j’ai commencé à monter une troupe avec, comme « navire-phare », l’exemple du Théâtre du Soleil. C’est rassurant de savoir que quelque chose d’aussi extraordinaire que cette entreprise est possible. Ce théâtre a toujours su trouver le courage de se battre, de se nourrir de ses expériences, et en même temps d’être contemporain, de poser des questions à la fois liées à l’actualité et visionnaires. Le travail d’Ariane a plusieurs dimensions : une dimension artistique, c’est incontestable ; une dimension politique également très importante, et une autre dimension, qui m’est chère : la transmission, l’école, l’apprentissage. » (theatre-contemporain.net)

Au cours de cet atelier, Koumarane Valavane a initié les stagiaires aux méthodes de travail et à l’expérience du jeu collectif en partageant avec eux le processus de création de Flying Chariot(s).

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 Entretien avec Koumarane Valavane pour "Flying chariot(s) l’épopée tragi-comique de la droiture..."

Pour écrire collectivement la vie d’un personnage, le metteur en scène invite ses comédiens à "éplucher leur âme comme on épluche un oignon" en replongeant dans leur enfance. Sous sa direction, les stagiaires ont éprouvé cette même démarche en arpentant le plateau imaginé comme le corps de la mère, un corps bienveillant et aimant propice à faire surgir les souvenirs d’enfance. De cette plongée dans un océan intérieur, chacun a ramené et partagé « une perle », un souvenir de sa rencontre avec le théâtre. Le tissage de toutes ces perles déclenche l’écriture théâtrale.

Retranscription de textes dramaturgiques écrits selon ce processus créatif (PDF de 572.3 ko)

PREAC Écritures et théâtres contemporains francophones - Limoges 2021.

Rencontre avec Atiq Rahimi à propos de Syngué Sabour, pierre de patience

En 2008, l’auteur réalisateur franco-afghan Atiq Rahimi obtient le prix Goncourt pour son roman Syngué Sabour qu’il adaptera au cinéma en 2013 avec Golshifteh Farahani dans le rôle principal.

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En persan, Syngué sabour est le nom d’une pierre noire magique, une pierre de patience, qui accueille la détresse de ceux qui se confient à elle. Certains, dans ce livre en tout cas, disent même que c’est elle qui est à La Mecque, et autour de quoi tournent les millions de pèlerins. Le jour où elle explosera d’avoir ainsi reçu trop de malheur, ce sera l’Apocalypse. Mais ici, la Syngué sabour, c’est un homme allongé, comme décérébré après qu’une balle se soit logée dans sa nuque sans pour autant le tuer. Sa femme est auprès de lui. Elle lui en veut de l’avoir sacrifiée à la guerre, de n’avoir jamais... Présentation du roman publié chez P.O.L

« Pourquoi filmer la parole ? Dans ce film, c’est l’histoire d’une femme qui parle. C’est un livre sur la parole avant d’être un livre sur les femmes. Faire un film sur la condition féminine afghane, on l’a déjà vu, ce n’est pas ça qui m’a intéressé, je ne suis ni sociologue, ni féministe, ni sexologue... Donc pour moi ce qui est important c’est de raconter une histoire, et l’importance de la parole. Et je crois qu’ensuite, on se pose la question si l’Afghanistan tombe dans une telle violence, c’est parce que la parole n’est pas libérée. Il fallait filmer la parole. J’ai demandé au caméraman de ne pas bouger avec le corps de l’actrice, mais avec les mots qu’elle prononce. La parole de cette femme a donné la direction technique et artistique du film. (…) Ce film a permis à beaucoup d’Afghans, des femmes analphabètes de voir et de comprendre cette histoire. »

De la découverte de l’auteur, du roman et du film, et aussi de la phrase de Jean-Claude Carrière selon laquelle Pierre de Patience ne peut être adaptée sur scène au théâtre, est né le le spectacle Une Pierre de patience - A Journey Toward a Short. Clara Bauer et Ximo Solano reviennent sur le chemin qu’ils ont emprunté pour l’écrire.

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 Entretien avec Clara Bauer et Ximo Solano pour "Une Pierre de patience (A Journey Toward a Short Story)"

Rencontre avec Daniel Pennac à propos de Bartleby de Melville

Le Bartleby de Melville repose sur une énigme. "I would prefer not to", ne cesse de répéter le scribe Bartleby. Que préfère donc cet homme qui « préférerait ne pas » ? Qui est-il ? Que veut-il ? Que va-t-il faire ? Quel est son mystère ?

Ce sont ces questions qu’explore Daniel Pennac dans sa dernière pièce, Bartleby, mon frère et moi, mise en scène par Clara Bauer. S’y entremêlent des conversations avec son frère disparu, l’interview d’une réalisatrice qui tente d’adapter la nouvelle de Melville et des bribes de l’histoire du sauvetage de la bibliothèque de Tombouctou qui a consisté à enterrer les livres dans le désert afin de les préserver d’une attaque terroriste. Au moment de les déterrer, un homme présent sur les lieux trouve Bartleby le scribe et en fait la lecture à voix haute, pendant une nuit entière.

Bartleby Mon Frère

Pour en savoir plus sur le PREAC

 Les Francophonies, des écritures à la scène
 Le PREAC sur le site de Canopé