Promotion de la lecture en collège et lycée publié le 15/06/2019

Travail de réflexion des professeurs documentalistes du GTL Réseau sud Charente-maritime

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II/ La bibliothérapie, pour le plaisir de lire et le bien-être personnel qu’il induit

La bibliothérapie (étymologiquement « soin par le livre ») s’est développée au début du 20e siècle lorsque la bibliothécaire noire américaine Sadie Peterson Delaney arrive en Alabama en 1924 et devient responsable de la bibliothèque de l’hôpital des Anciens combattants à Tuskegee, où elle restera 34 ans (de 1924 à 1958). Elle considère et constate que le livre, le texte peuvent améliorer la santé psychologique, voire mentale, des soldats américains revenus du front de la Première guerre mondiale en Europe profondément traumatisés. Elle y développe ses méthodes pour soulager celui qui souffre en lui offrant le livre sous toutes ses formes comme « élément de distraction, d’enrichissement personnel mais aussi de restructuration de sa personnalité ».

La bibliothérapie a intéressé par la suite beaucoup de thérapeutes et professionnels du livre dans le monde anglo-saxon : des médecins ont commencé à « prescrire » des lectures comme on prescrit un remède chimique, que ce soient des ouvrages de fiction ou des livres plus pratiques sur l’estime de soi, le développement personnel ou le traitement de problèmes spécifiques comme la dépression ou les problèmes de couple, entre autres. En France, la bibliothérapie se développe à peine aujourd’hui, comme en témoignent la thèse du Docteur Pierre-André Bonnet ou des auteures comme Régine Détambel et Christilla Pellé-Douël, qui, dans leurs travaux respectifs (cf bibliographie) indiquent aussi des titres qu’ils proposent pour ce type de « soin », ce que l’on appelle dans le monde éditorial les « helpself books ». Cependant, tous s’accordent à considérer que, pour aider les jeunes à entrer en lecture et par ce biais trouver ou retrouver un bien-être psychologique, expérimenter le plaisir de lire ou se forger une culture tout simplement, la littérature, et en particulier l’édition jeunesse, sont plutôt recommandées.

Les principes de la bibliothérapie pourraient mettre les professeurs-documentalistes sur une nouvelle voie de médiation du livre, car, s’ils font déjà de la bibliothérapie sans le savoir en organisant les lieux de lecture de leur CDI ou en affinant leur politique d’acquisition en fonction de leur public par exemple, et s’il n’est évidemment pas question de « thérapie », de soin médical au sens où le docteur Pierre-André Bonnet l’explique dans sa thèse de médecine générale, ils pourraient travailler avec les élèves sur leur relation au livre, aux histoires lues ou racontées, au temps de lecture, à l’isolement qu’il implique, en bref à leur « façon d’être » vis-à-vis de la lecture, à leur « histoire avec les histoires ».

Tout reste à créer, ou presque, en matière d’outils sur ce sujet malgré les travaux déjà engagés par des collègues. On trouvera d’ailleurs sur le blog d’Aurélie Louvel, professeur-documentaliste au Havre et formatrice en Suisse, quelques outils, souvent déjà utilisés (des bibliographies spécifiques, un carnet de lecture avec ceci de particulier qu’il invite l’élève à réfléchir à ses pratiques et ses goûts de lecture). On peut voir son carnet de lecteursur le site du collège Wallon, son projet pédagogique 2018 sur calaméo et des sélections bibliographiques compilées dans le Padlet ci-dessous :

Bibliothérapie