Parlons d'Annie Saumont publié le 04/04/2014

Notes de lecture

Annie SAUMONT. Nouvelliste contemporaine en classe de Troisième

Références
 Auteur : Annie Saumont
 Éditeurs : Julliard ; Garnier Flammarion

Brève présentation
Je me souviens… c’était en 2003. La médiathèque de Beauvais contactait mon établissement pour proposer une résidence d’auteur : il s’agissait d’Annie SAUMONT. Je ne connaissais pas ce nom, je ne connaissais aucun de ses ouvrages mais la bibliographie d’importance laissait présager une riche rencontre avec cette traductrice hors-pair de l’Attrape-Cœurs de J.D. Salinger, lauréate du Goncourt de la Nouvelle de 1981.
La lecture se fait vive, haletante parfois hébétée. Il n’est pas de texte qui ne laisse ou perplexe ou assommé tant chaque histoire est ciselée au scalpel de l’efficacité. Chaque nouveau recueil qui paraît est bien là pour nous démontrer que cette verve ne se tarit pas : le dernier paru « Un si beau parterre de pétunias (Julliard 2013) ne déroge pas à la règle.

Avec les élèves...

Et les élèves face à de tels textes ?
Bien sûr, il y a la difficulté parfois d’un implicite omniprésent mais l’efficacité fait aussi son œuvre dans les têtes de nos élèves de 3°, l’efficacité de chutes toujours tombées à point nommé jonglant entre absurde et implacable logique, l’efficacité d’une langue travaillée avec modernité, à leur portée et prenant pour thème privilégié des gens ordinaires dont l’existence bascule vers l’innommable parfois.
Et si l’on sait garder le secret du biographique, nul doute qu’ils resteront perplexes à l’idée qu’une dame née en 1927… au visage marqué et à l’allure frêle puisse être l’auteure de textes aussi percutants.
La collection Étonnants Classiques de Garnier Flammarion ne s’y est pas trompée en publiant deux anthologies de cette auteure : Aldo, mon ami (2002) et La guerre est déclarée (2005) à destination des collégiens, faisant ainsi le choix de rassembler autour d’un même thème certains des textes de la nouvelliste.

Liens avec les programmes
Autour d’Aldo mon ami : une séquence mêlant lecture et écriture ciblée sur une nouvelle qui permettra ensuite la lecture cursive ou intégrale du recueil est un des possibles. Voici quelques pistes exploitables dans la construction d’une telle séquence à compléter par les dossiers pédagogiques proposés par l’éditeur en fin d’ouvrage.

Pistes pédagogiques

  • Recueillir les pré-acquis des élèves liés à la classe de 4° sur le genre de la nouvelle, les nouvelles et les noms de recueils étudiés par les élèves de la classe. Replacer ces pré-acquis dans le cadre d’une histoire littéraire pour permettre la mise en perspective de ces textes de littérature contemporaine. Susciter les impressions de lecture, les attentes, les hypothèses, les interrogations...
    Proposer la liste des titres des recueils d’Annie Saumont
     Marcher dans les déserts (1963)
     Jouer de l’harmonica (1968)
     Enseigne pour une école de monstres (1977)
     Quelquefois dans les cérémonies (1981)
     Si on les tuait ? (1984)
     Je ne suis pas un camion (1989)
     La terre est à nous (1987)
     Moi les enfants j’aime pas tellement (1990)
     Quelque chose de la vie (1991)
     Les voilà quel bonheur (1993)
     Le lait est un liquide blanc (1995)
     Après (1998)
     Embrassons-nous (1999)
     Noir, comme d’habitude (2000)
  • Étudier « Vous auriez dû changer à Dol » sous l’angle des notions déjà acquises en 4° : réalisme et fantastique.
  • Entrer dans le recueil Aldo, mon ami par la nouvelle éponyme. Donner le texte jusqu’à la ligne 48… Élaborer une lecture analytique de cette nouvelle en repérant les indices de la mise en place du récit et les caractéristiques stylistiques. Proposer l’écriture de la suite de ce texte en respectant les indices repérés en amont. Lire les productions d’élèves en soignant l’autoévaluation du respect de la stylistique et des indices narratifs en obligeant chaque élève ou groupe d’élèves à justifier ses choix. Donner à lire la fin de la nouvelle proposée par Annie Saumont et confronter sa chute avec celles des élèves. Synthétiser ces séances en rendant explicite la notion générique de la nouvelle en particulier la compréhension de la notion de chute.
  • L’idée ici est de réinvestir cette notion en partant cette fois de la chute d’une autre nouvelle donnée au choix des élèves
    • « […] Et moi plus tard – mille ans plus tard, l’année dernière- j’ai raté mon CAP. A cause du mot. Qu’il a sorti comme ça, le pion qu’était sympa. Un mot qu’on entend souvent, qu’on lit dans les journaux, qu’ils disent à la télé. D’habitude j’y fais pas attention. » (fin de "Doumbo", Le lait est un liquide blanc, Julliard, 1995)
    • « […] Anna Maria Angelica.
      La plage est immense et grise.
      Des deux mains il tient son fusil. La fille un instant virevolte dans le tournoiement de la jupe soyeuse. Elle passe à son poignet les lanières des sandales. Elle marche pieds-nus sur le sable.
      Anna Maria Angelica. C’est elle. Ou bien une autre. Derrière elle une mouette se pose et sautille.
      L’homme lentement soulève le fusil. Appuie la crosse contre son épaule.
      L’eau monte. »
      (fin de "La Plage" in Les voilà quel bonheur, Julliard, 1993)
  • Intégrer l’écriture avec changement de point de vue est également tout à fait possible et pertinent avec les nouvelles d’Annie Saumont.
     Exemples de nouvelles à exploiter en ce sens : La Plage (Les voilà quel bonheur, Julliard, 1993). Il revenait de Chicago, Papa (Les voilà quel bonheur, Julliard, 1993) mais nombreux sont les extraits exploitables dans cet objectif.
  • En langue, les textes d’Annie Saumont permettent de mettre le langage écrit en perspective avec le langage oral. Quelle est la part d’authenticité dans la transcription apparente de notre langue orale ? En quoi ce choix est bien le prétexte à une efficacité propre à la nouvelle telle qu’Annie Saumont en conçoit le projet d’écriture ?
    Dans cette perspective, on pourra faire rechercher les marques d’oralité authentiques et amener à remarquer et analyser le travail de réécriture de cette oralité apparente
     Observation des registres de langue
     Observation de la mise en place du discours dans le récit
     Observation de l’emploi de la ponctuation et de la mise en page des récits…
  • A l’oral, une autre exploitation de ces recueils paraît évidente : la mise en voix. Une nouvelle comme « C’était hier » pourrait tout à fait être le cadre également d’une réécriture et d’une mise en scène.

Pour découvrir Annie Saumont

Armelle Roche