"Le bleu des anges" de Manfred Flügge récompensé par le prix Jean Monnet du dialogue européen publié le 16/11/2014  - mis à jour le 31/12/2016

 "Dans le souci de mettre en évidence des écrivains dont l’oeuvre est axée sur l’interaction des cultures européennes, et qui quelquefois usent de plusieurs langues de l’Union, le jury du prix Jean Monnet a choisi d’attribuer dès cette année (2014) une deuxième distinction, le « Prix Jean Monnet du dialogue européen  »." peut-on lire sur le site du salon de la Littérature Européenne de Cognac..
Et ce prix honore cette année, pour sa première édition, l’écrivain allemand Manfred Flügge pour son ouvrage "Le bleu des anges".

 Manfred Flügge ? Ce nom ne vous dit rien ? Vous pourrez l’entendre de vive voix si vous vous rendez sur le salon dimanche 23 novembre à 15h30 pour assister au café littéraire et vous pourrez lui adresser directement la parole samedi et dimanche si vous choisissez de rencontrer les auteurs en dédicace.

 Ce passeur de cultures, traducteur (de Max Gallo et Dominique Fernandez entre autres) et spécialiste de Franz Hessel, vit entre Paris et Berlin. Il a un penchant pour le genre biographique (Beaumarchais, Schliemann, Stéphane Hessel, Marta Feuchtwanger), et avec "Le bleu des anges, le rêve français de Heinrich Mann", il creuse un peu plus cette veine littéraire. Il explore en effet dans cet ouvrage paru en 2014 chez Grasset et rédigé en français l’univers de Heinrich Mann et d’une façon plus générale, celui de la vaste famille Mann. Le lecteur suit les tribulations de cette lignée avec plaisir, du conflit idéologique qui oppose en Allemagne les frères Mann (p.72/73) à l’exil forcé de Heinrich Mann en France en 1933.

 D’une plume alerte, l’auteur pointe du doigt le paradoxe de celui qui, à l’âge de 19 ans, fut ironiquement surnommé le "jeune Zola" en référence à ses ambitions littéraires (p.66).
"Jusqu’en 1923, Heinrich Mann n’avait connu qu’une France imaginaire. Puis il avait appris à la connaître. Son existence d’auteur et d’intellectuel engagé avait été construite par rapport à la France. En février 1933, ce pays lui permit d’avoir la vie sauve.(...) En même temps, ce passage du rêve au refuge avait quelque chose de logique dans son itinéraire d’homme public. La France avait été sa référence morale, politique et surtout littéraire ; elle devint alors sa terre d’accueil. Cet exil prenait la forme d’un retour. Il allait passer là-bas presque sept ans de vie engagée et productive, peut-être la période la plus active de sa vie, pendant laquelle l’homme politique qu’il devint ne faisait pas oublier l’écrivain qu’il était resté. Jusqu’à ce que le rêve vire au cauchemar. Et tout cela au pays du bleu." (p.116/117)

 N’hésitez pas à vous plonger dans ce bleu, vous ne serez pas déçus !

Le bleu des anges, le rêve français de Heinrich Mann, Manfred Flügge, Grasset 2014, ISBN 978-2246811190, 14,50 euros