Quelques portraits publié le 27/04/2006  - mis à jour le 23/02/2014

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Berthollet Claude Louis

Claude Louis BERTHOLLET est un chimiste français d’origine savoisienne. Il est, après Lavoisier, le chimiste français le plus important de la fin du XVIIIe siècle.

Il est né à Talloires, près d’Annecy, le 9 décembre 1748. La Savoie est alors une province du royaume de Piémont-Sardaigne. Il fait ses études secondaires à Chambéry. À l’âge de 24 ans, il étudie à l’Université de Turin pour exercer la profession de médecin. Cependant, Berthollet préfère la chimie à la médecine ; il décide de partir à Paris, et devient l’élève du Professeur Rouelle 1. Pendant ce temps, il pratique la médecine (pour vivre), et est attaché comme médecin à Mme de Montesson2 . Puis il abandonne sa profession pour se consacrer entièrement à l’étude de la chimie, et se fait connaître par d’excellents mémoires. Il est docteur de la Faculté de Paris en 1779, et entre en 1780 à l’Académie des Sciences. En 1784, il prend la direction des teintures de la Manufacture des Gobelins.

Après des années de scepticisme, il devient l’un des plus fervents partisans des théories de la combustion dites antiphlogistiques3, de Lavoisier . Il s’oppose toutefois à ce dernier, en récusant sa théorie selon laquelle l’oxygène constitue le principe acidifiant fondamental.

Berthollet établit en 1785 la composition de l’hydrogène sulfuré. En 1787, il participe, avec Lavoisier , Fourcroy 4 et Guyton de Morveau 5, à la conception d’un nouveau système de nomenclature chimique, qui est à la base du système utilisé de nos jours. Il découvre en 1789 les propriétés décolorantes du chlore, et en tire un procédé de blanchiment des toiles et des fils utilisant une solution d’hypochlorite de sodium : c’est l’eau de Javel  ! Ce procédé est décrit dans ses Eléments de l’art de la teinture (1791). Poursuivant ses études, il découvre les chlorates, qu’il utilise à la fabrication d’explosifs, ainsi que la composition de l’ammoniaque. On lui doit encore des études importantes sur la fabrication et la nature des aciers, l’emploi du charbon pour purifier l’eau, la fabrication de plusieurs poudres fulminantes, les allumettes dites « suédoises »…

Le Comité de Salut Public lui confie la présidence d’une commission pour étudier les problèmes de chimie, de physique et de mécanique intéressant la défense nationale. Avec Monge 6, il fonde en 1794 l’Ecole Centrale des Travaux Publics, qui prendra le nom d’Ecole Polytechnique un an plus tard (et à laquelle Napoléon donnera un statut militaire en 1804). Berthollet y occupe la chaire de chimie minérale.

En 1796, le Directoire l’envoie en mission en Italie, où il noue des relations avec Bonaparte. Il fait partie, en 1798, du groupe de savants de l’expédition d’Egypte, où il étudie les propriétés du natron7. De retour en France, il publie, en 1803, Essai de statique chimique et Recherches sur les lois des affinités chimiques  : il expose ses théories sur l’affinité chimique et la réversibilité des réactions, et définit, pour la première fois, la notion d’équilibre chimique ; il énonce les règles, dites de Berthollet, qui permettent de prévoir les réactions de double décomposition entre sels, acides et bases. En 1804, il est nommé à la sénatorerie de Montpellier, où Il poursuit ses recherches scientifiques, et organise une préparation industrielle du carbonate de sodium.

Sous l’Empire, il devient Sénateur Comte, puis Grand Officier de la Légion d’honneur. Retiré à Arcueil (au sud-est de Paris), il fonde, avec Laplace , en 1806, la Société d’Arcueil, qui réunira les plus grands savants, comme Chaptal, Biot8, Gay-Lussac, Thenard9, Arago, Poisson, Malus, Berzélius, l’explorateur Alexander von Humboldt , … Ami de Napoléon 1er, il n’en vote pas moins, en 1814, sa déchéance, par horreur pour la guerre. Il est nommé pair de France par la Restauration. Claude Berthollet meurt à Arcueil le 6 novembre 1822.


Documentation :

  • Encyclopédie Larousse.
  • Eric Brown : « Des chimistes de A à Z »

(1) Hilaire Marin Rouelle  : apothicaire et chimiste français (1718-1799) : En 1773, il découvrit et isola l’urée dans l’urine.

(2) Charlotte de Montesson (1738-1806) qui, avant la révolution, tient une cour brillante au château de Bagnolet.

(3) Chimie antiphlogistique : Nom donné, à l’origine, aux principes sur lesquels Lavoisier a fondé la chimie moderne, par opposition à la théorie du phlogistique (fluide hypothétique que les anciens chimistes supposaient inhérent à tout corps, et qui était censé produire la combustion).

(4) Antoine François de Fourcroy  : chimiste et homme politique français (1755-1809), membre de l’Académie des sciences en 1784. Directeur de l’Instruction publique, il réorganisa les lycées et les collèges. Il découvrit plusieurs composés chimiques, et mit au point notamment un procédé de séparation du cuivre et de l’étain.

(5) Louis Bernard Guyton de Morveau  : Magistrat, homme politique et chimiste français (1737-1816). Il fut membre du Comité de salut public. Il réalisa la liquéfaction de l’ammoniac.

(6) Gaspard Monge  : Mathématicien et homme politique français (1746-1818), membre de l’Académie des Sciences en 1780, partisan de la Révolution, ministre de la Marine du 10 Août 1792 à Avril 1793, co-fondateur de l’Ecole Polytechnique en 1794, il est ensuite chargé par Bonaparte de recruter les savants pour l’expédition d’Egypte. Il créa notamment la géométrie descriptive, dont il eut l’idée dés 1768.

(7) natron : minéral d’origine évaporitique, de couleur incolore à blanche, dont le système cristallin est monoclinique, qui se forme lors de l’évaporation de lacs riches en sodium (gisements en Egypte et aux Etats-Unis).

(8) Jean-Baptiste Biot  : Physicien français (1774-1862) : Membre de l’Académie des sciences dés 1803, il a effectué en 1806, avec Arago, les premières mesures précises sur la densité des gaz, découvert en 1815 le pouvoir rotatoire de certains liquides, et établi en 1820, avec Savart, l’expression de la norme du vecteur champ magnétique produit par un courant rectiligne indéfini.

(9) Louis Jacques Thenard  : Chimiste français (1777-1857) : On lui doit une classification des métaux, la préparation du bleu Thenard, et la découverte de l’eau oxygénée et du bore.