Classification périodique des éléments : La taxonomie élevée au niveau d’une science, rapport de Dmitri Mendéléiëv publié le 23/12/2008

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Le 6 mars 1869, un rapport de Dmitri Mendéléiëv (1834-1907) intitulé « Relation entre les propriétés et le poids atomique des éléments » est présenté devant la société chimique russe. En voici les conclusions :
« 1° Les éléments disposés d’après la grandeur de leur poids atomique présentent une périodicité manifeste de leurs propriétés.
2° Les éléments qui se ressemblent par leurs fonctions chimiques présentent des poids atomiques soit voisins (comme Pt, Ir, Os), soit régulièrement et uniformément croissants (comme K, Rb, Cs). L’uniformité de cet accroissement dans les différents groupes a échappé aux observateurs précédents parce qu’ils n’ont pas utilisé dans leurs comparaisons les conclusions de Gerhardt, Regnault, Cannizzaro, etc., qui ont établi la vraie grandeur du poids atomique des éléments.
3° La disposition des éléments ou de leurs groupes d’après la grandeur du poids atomique correspond à leur atomicité [valence] et, jusqu’à un certain point, à leurs différences au point de vue chimique, ce qui apparaît clairement dans la série Li, Be, B, C, N, 0, F, et que l’on retrouve dans les autres séries.
4° Les corps simples les plus répandus dans la nature ont un poids atomique faible, et tous les éléments de poids atomique faible sont caractérisés par des propriétés bien tranchées. Pour cette raison, ce sont des éléments typiques. L’hydrogène, en tant qu’élément le plus léger, est choisi à juste titre comme le plus typique.
5° La grandeur du poids atomique détermine le caractère de l’élément, car la grandeur de la particule [molécule] détermine les propriétés d’un corps composé et, de ce fait, lorsqu’on étudie les combinaisons, il faut prêter attention non seulement aux propriétés et au nombre des éléments, non seulement à leur action réciproque, mais aussi au poids de leur atome. C’est ainsi, par exemple, que les combinaisons de S et Te, Cl et I, etc., présentent malgré leur similitude des différences très accusées.
6° Il faut s’attendre à la découverte de nombreux corps simples inconnus ressemblant, par exemple, à Al et Si, et ayant un poids atomique compris entre 65 et 75. [Ce sera le Ga de masse atomique 70 g/mol et le Ge de masse atomique 73 g/mol]
7° La grandeur du poids atomique d’un élément peut quelquefois être corrigée, si l’on connaît ces analogies. Ainsi, celui de Te doit être, non pas 128, mais 123-126. [Là, il se trompait]
8° Certaines analogies des éléments apparaissent en considérant le poids de leur atome. Ainsi, l’uranium apparaît comme l’analogue du bore et de l’aluminium, ce qui est justifié par la comparaison de leurs composés.
Le but de mon article serait entièrement atteint si je parvenais à attirer l’attention des chercheurs sur les relations entre la grandeur des poids atomiques des éléments dissemblables, lesquelles n’ont jusqu’à présent, pour autant que je sache, suscité que très peu d’intérêt. Considérant que dans cet ordre de problèmes gît la solution d’une des questions essentielles de notre science, j’ai l’intention, dès que j’en aurai le loisir, d’entreprendre personnellement l’étude comparative du lithium, du béryllium et du bore.
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