Initiation au projet scénographique publié le 23/03/2009

Bilan d'un stage de scénographie

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… ou un chantier ?
Par Coline

Avec Estelle et Lucie, nous choisissons La Fausse Suivante.
Nous avons voulu exploiter le plus possible l’idée des bruits de couloir, de l’espionnage.

Nous voulions donc que tous les personnages soient toujours présents sur scène. De cette manière, tout le monde devient menteur et tout le monde est complice de ce mensonge collectif. Nous voulions donc un espace sans issue. Au départ nous voulions que seul le Chevalier échappe au mensonge. Dans cette interprétation, la Comtesse serait machiavélique : purement intéressée, dotée de faux sentiments, elle rechercherait « à tout prix » de l’argent. Nous nous confrontons peu à peu aux limites de cette lecture univoque mais elle a mis au travail notre imagination.

On imagine donc qu’elle manque d’argent. Sa maison est en ruine, ou en reconstruction. C’est la ruine de l’aristocratie qui est mise en question, son opportunisme. Sur la scène, deux échafaudages. Nous pensions au début mettre le public sur ces échafaudages mais nous nous sommes vite rendu compte que nous n’avions pas de raison de faire cela : donner trop de surplomb au spectateur va à l’encontre de la dramaturgie de Marivaux. L’espace est donc frontal. Les acteurs ont plusieurs espaces et niveaux de jeu : le sol, les deux étages des deux échafaudages, un étage rejoignant les deux, au fond et des escaliers disposés à différents endroits. Autour de ces échafaudages, du grillage pour qu’ils soient vraiment enfermés.

Chantier Fausse Suivante

Sur le sol, de la terre pour rendre le lieu sale. La Comtesse, en robe de soirée, paraît décalée et ridicule. En fait nous prendrons du marc de café pour réaliser ce sol, ajoutant l’odorat aux sensations scénographiques ;

… ou un nœud d’escaliers ?
par Florent

Avec Alexandre et Hanan, nous avons choisi de nous attaquer à La Fausse Suivante. Cette pièce fourmille d’entrées et des sorties, à chaque scène, l’arrivée d’un personnage est annoncée, c’est une succession de rencontres. Nous avons donc pris parti d’un lieu de rencontres, un lieu de passage. Au départ on a eu l’idée d’un pont, puis d’un escalier. En effet le rôle d’un escalier est de relier deux points séparés par un étage. Nous avons donc pensé à axer notre scénographie sur des escaliers. A la base ce devait être une grande structure en fond de scène avec un ou deux escaliers collés à un grand mur parsemé de quelques portes, par lesquelles les personnages pourraient apparaître ou disparaître. Et puis on a vite abandonné cette idée de mur du fond pour ne garder que l’idée d’escaliers. D’accord, la pièce est censée se dérouler chez la comtesse. Mais quel est le plus important ? La fiction (la mimesis dirait Claudine ) ou le type d’espace proposé ?

Nous avons choisi de mettre en place une scénographie totalement abstraite. Des escaliers qui partent dans tous les sens et dont on ne voit pas l’origine, inscrits dans une boîte noire. A la base les escaliers auraient dû être également noirs, de sorte à être invisibles à l’œil du spectateur, mais finalement nous les avons fait blancs parce que c’est plus pratique et prudent pour les comédiens au niveau des déplacements (surtout s’ils doivent sauter d’un escalier à l’autre) et puis aussi parce que nous avions fabriqué les escaliers de la maquette sur du canson blanc et que finalement on s’est dit que ce n’était peut-être pas la peine de les peindre en noir, qu’en blanc ça donnait très bien. Et on a constaté que la structure en était d’autant plus impressionnante avec des escaliers qui montent jusqu’au plafond et partent d’en dessous de la scène, ou bien des coulisses, bref dont on ne voit ni commencement ni la fin, si l’on peut dire cela d’un escalier.

Claudine nous apporte une œuvre d’Escher, Relativité, qui pourrait nous inspirer : un écheveau fantastique d’escaliers qui crée un espace improbable, paradoxal, conjuguant l’idée de pure circulation (tous azimuts) et d’enferment : une vision presque kafkaïenne de Marivaux. A se demander si Lagarce n’a pas contaminé notre lecture de Marivaux, même si l’idée de piège et de désorientation sont bien au cœur de sa dramaturgie.

Relativity

Nous avons donc fabriqué une boîte noire à l’échelle de 2 cm pour 1 m (le personnage mesure 3,4cm pour 1.7m) et conçu un dispositif d’escaliers qui partent un peu dans tous les sens, avec un escalier imposant qui part du milieu de la scène (sa base est située sous le plateau) et semble se perde au fond de la scène au milieu de rien. Tout fonctionne de cette manière. On ne voit ni le début ni la fin. Et après découpage, collage, scotchage, agrafage, couture, peinture etc. voici enfin notre production une idée pour une scénographie qui, à véritable échelle, serait trouvons-nous véritablement impressionnante pour le spectateur et une machine à jouer stimulante pour metteur en scène et acteurs avec une multitude d’appuis de jeu possibles, à condition de ne pas avoir le vertige bien sûr …

maquette Fausse Suivante : escaliers