Poésie : éditions Bruno Doucey 1/3 - Présentation et recueils publié le 25/02/2021

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Recueils plurilingues

La collection L’autre langue est présentée par l’éditeur comme

des recueils poétiques destinés à accueillir ces étranges étrangers qui font le choix d’écrire en français.

 

© Editions Bruno Doucey, Ceux du large, Amanda Davi

© Editions Bruno Doucey

Ceux du large
Ananda Devi
trilingue : français - anglais - créole mauricien
exil - océan mortel - près du but ? - EMI - réfugiés

Un recueil intéressant pour un travail sur les migrants.

Des poèmes à chute qui suscitent l’interrogation, des poèmes ancrés dans le réel que l’on pourra mettre en parallèle de photos et d’articles de presse.


Je suis arrivé ! Je suis arrivé !
S’écrie-t-il, la bouche pleine sable
Oubliés les jours sans eau
Les corps jetés
Les lèvres fendues
(...)
Il tombe à genoux et embrasse les bottes
D’un gendarme médusé

Extraits de Ceux du large, p. 12

J’ai regardé les photos
J’ai vu les regards ravagés
(...)
J’ai vu des orbites vides
car trop d’espoir aveugle
(...)
J’ai vu le tranchant
De la lame suspendue
(...)
Tout cela, tout cela, oui, je l’ai vu Je l’ai vu Dans mon écran d’ordinateur (...) Un verre de vin à la main

Extraits de Ceux du large, p. 19

© Editions Bruno Doucey, Elle va nue la liberté, Maram al-Masri

© Editions Bruno Doucey

Elle va nue la liberté
Maram al-Masri
Syrie - liberté - engagement - révolte - zone de guerre - mort - enfants - exil
bilingue : arabe - français

C’est une poésie engagée qu’offre Myriam al-Masri dans ce recueil.

En introduction elle le présente ainsi :

Comment rester vivante sans parler de vous, victimes de la lute pour la liberté en Syrie ? (...) la poésie, cette réalité fragile comme le parfum du jasmin, que peut-elle face aux chars ? Mais on sait que, à toutes les époques, les poètes et la poésie ont toujours été dans la ligne de mire des dictatures (...) car la parole a une force redoutable que toutes les dictatures craignent. (...)
Beaucoup pensent que la poésie est une affaire d’imagination et que décrire des images du monde réel est un exercice banal. Me revient à l’esprit ce qu’avait fait Bertold Brecht pendant la guerre, en écrivant le ""Manuel de guerre allemande", où chaque quatrain commente une photographie d’actualité découpée dans la presse. Non pour glorifier la guerre mais pour monter, à ses contemporains et pour les temps à venir, que la guerre est la plus horrible des réalités.

Maram al-Masri n’a eu connaissance de cette anecdote qu’après avoir écrit ce recueil mais ce sont bien ces mêmes impressions que l’on ressent : la lecture de ses poèmes donne l’effet de photographies de presse et de reportages télévisés.

Les descriptions ne sont pas pléthores, pourtant par le choix des mots elle donne à voir et à comprendre le mal-être de ceux qui sont partis, les rêves écrasés, la douleur des mères qui perdent leurs enfants.

Extraits, p.37 :

Elle :
Maman, c’est quoi la liberté ?
Sa mère :
Quelque chose de très cher.
Elle :
Alors, nous, on ne peut pas l’acheter ?
Sa mère :
C’est pour cela qu’ils nous la font payer
de notre vie.

Extrait p.59 :

Nous, les exilés
qui vivons à coups de calmants.
Notre patrie est devenue Facebook
cela nous ouvre le ciel
fermé devant nos visages
aux frontières.

Extraits p. 77

Etudie bien, ma fille,
ton pays a besoin de celui qui va le construire.
(...)
Elle est partie au sein de l’université
chargée de stylos et de rêves.

Une de ses chaussures


est revenue dans les mains de sa mère.