Quand le théâtre peut sauver la vie : "Lever de rideau sur Terezin" de Christophe Lambert publié le 06/03/2017  - mis à jour le 23/12/2017

 Nous avions quitté Christophe Lambert en 2012 après "Swing à Berlin "(cf article de présentation sur ce site). Déjà, à l’époque, nous avions refermé ce livre à regret. Nous étions convaincus qu’il s’agissait là d’une œuvre magistrale qui allait faire couler beaucoup d’encre et conquérir de nombreux lecteurs. Et le succès fut bien au rendez-vous !

 Fort de cette expérience réussie, l’écrivain Christophe Lambert a décidé de tenter une nouvelle aventure littéraire en creusant la même veine historique. Il troque cette fois l’univers du jazz et du swing contre celui du théâtre. Et le résultat n’est pas pour nous déplaire, bien au contraire. Il faut bien reconnaître que si ce livre a retenu l’attention du jury du prix des incorruptibles 2016/2017 dans la sélection 3ème/2de, c’est qu’il doit bien y avoir matière à débat ! Et en effet, nous avons encore une fois affaire à un roman dense et haletant qui nous emporte dans son sillage. Il nous happe jusqu’à la dernière page en nous plongeant dans un univers concentrationnaire effroyable où sévit la loi du plus fort. Les ingrédients de la narration sont les mêmes. L’auteur réussit une fois de plus à harponner le lecteur qui n’a de cesse de tourner les pages pour connaître la fin de cette histoire tragique inspirée de faits réels.

 Le personnage principal, un certain Victor Steiner (héros fictif), n’est pas sans rappeler Viktor Ullmann, l’auteur de l’opéra "der Kaiser von Atlantis" (l’Empereur d’Atlantis) qui a récemment été redécouvert (cf article sur ce site). Ce compositeur était aussi enfermé dans le ghetto tchécoslovaque de Terezin. C’est là que les nazis regroupaient les artistes juifs de tous bords (et plus généralement les intellectuels). Victor Steiner atterrit dans cette antichambre de la mort en novembre 1943 après s’être terré pendant des mois à Paris. A sa grande surprise, il se découvre un fervent admirateur en la personne d’un officier SS haut placé, un certain Waltz. Ce dernier connaît son répertoire sur le bout des doigts et lui promet un traitement spécial s’il coopère. Les nazis ont en effet besoin de son talent de dramaturge pour impressionner une délégation de la Croix Rouge internationale envoyée par le Danemark le 23 juin 1944 (fait historique avéré). Victor Steiner dispose donc de six mois pour écrire une pièce de commande sur un sujet imposé : l’action devra se dérouler à la cour de Louis XIV. Steiner est également chargé de superviser le projet. Ainsi, le lecteur suit le montage de la pièce, de la rédaction aux auditions, d’auditions en répétitions jusqu’à la représentation finale au théâtre de Prague. Bien évidemment, le livre n’aurait pas la même saveur si la Résistance ne s’en mêlait. Le spectacle serait l’occasion de faire évader 13 prisonniers. Ce livre qui commençait comme un bon roman culmine en apothéose : vont-ils réussir ce pari fou ?

Lever de rideau sur Terezin (2015), Christophe LAMBERT, bayard, ISBN 9782747056830, 14,90 euros