Le LISA au 22ème Fespaco (Festival panafricain de Ouagadougou) publié le 15/05/2013

Le cinéma africain à travers le palmarès du Fespaco

affiche du 227me fespaco

De retour du festival panafricain de Ouagadougou , où nous étions pour le Lycée de l’Image et du Son d’Angoulême pour établir des contacts avec l’ISIS ( Institut Supérieur de l’Image et du Son) et avec le festival en vue d’organiser dans deux ans, la venue de lycéens à Ouagadougou pour le 23ème Fespaco, il me paraît opportun de parler de l’état du cinéma africain.

Le palmarès est très révélateur . En effet, la 22ème édition du Festival qui s’est refermée samedi 5 mars dans la capitale burkinabé, a consacré « Pégase » (2010, 72 mn), le film du Marocain Mohamed Mouftakir, Etalon d’or de Yennenga, la plus prestigieuse distinction cinématographique africaine. Le film raconte l’histoire d’un père qui rêve d’avoir un garçon et qui fait de sa fille Rihanna un garçon, en la cachant. Il veut qu’elle puisse chevaucher un étalon, un cheval mythique, d’où le titre du film « Pégase ». Ce long métrage nous entraine dans un univers psychanalytique où les images belles et planantes mélangent fable, illusion et réalité.

Au delà, de ce film marocain, il faut reconnaître la vitalité du cinéma du Maghreb, « La mosquée » (Daoud Aoulad-Syad – Maroc), Voyage à Alger (Abdelkrim Bahloul- Algérie) mais surtout « Essaha » (La place) (Dahmane Ouzid – Algérie) comédie musicale réjouissante, véritable métaphore des événements récents. Ayant comme thème central la jeunesse algérienne et par ricochet la société dans laquelle elle évolue, « Essaha » s’attaque à tous les maux qui rongent l’Algérie. La dénonciation si elle prend le détour de la chanson et de la danse colorée et fantasque, n’en concerne pas moins tour à tour la corruption, la politique, la condition féminine, la crise de logement, la liberté sexuelle (quoique timidement abordée).
Sinon le déjà très consacré « Un homme qui crie » (Haroun Mahamat Saleh- Tchad) a reçu l’Etalon d’argent .
Mais la surprise est venue de l’Etalon de bronze attribué à « Le mec idéal » (Owell Brown – Côte d’Ivoire) ; une fiction romantique , un exemple palpable de l’actualité thématique du cinéma africain de la jeune génération. Le film raconte l’histoire d’Estelle, une jeune fille émancipée qui rêve du prince charmant. Lors de la projection à laquelle j’ai assisté , le spectacle était aussi dans la salle, le public africain est visiblement friand de ces comédies à l’eau de rose. Il faut noter combien le Fespaco est un festival populaire, on vient aux séances en famille, les salles sont combles et l’ambiance bon enfant, ce qui peut surprendre le cinéphile occidental habitué aux festivals aux ambiances plus feutrées.
En tout cas, en récompensant des films aussi différents, le jury souligne la diversité du cinéma africain.

Quelques autres films ont retenu mon attention. Un long métrage malien « Da Monzon, la conquête de Samanyana » (Sidy F. Diabate - Mali) qui n’est pas sans rappeler les décors et la magie de Yeleen qui est au programme des terminales des options « cinéma-audiovisuel », deux documentaires : « Paris, mon paradis » (Eléonore Yameogo- Burkina Faso) où des africains immigrés évoquent leurs conditions précaires en France et « le dernier Safar » (Djarnel Azizi – Algérie) qui raconte l’histoire d’un vieux projectionniste qui silonne l’Agérie en camion pour projeter des films dans des villages démmunis et aussi un court métrage d’Ecole « L’or blanc » (Adama Sallé – Burkina Faso pour l’ESAV -école supérieure des arts visuels de Marrakech- ) qui montre le destin tragique de deux frères burkinabé qui errent dans le désert marocain pour atteindre un eldorado improbable, un mourra, l’autre se sentira dans l’obligation de l’enterrer dignement.