Corriger des copies, évaluer pour former, d'Odile et Jean Veslin publié le 27/11/2009  - mis à jour le 27/11/2021

Une lecture de Corriger des copies, évaluer pour former

Références
 Titre de l’ouvrage : Corriger des copies, évaluer pour former
 Auteur(s) : Odile et Jean Veslin
 Éditeur : Hachette Éducation, 151 pages

Brève présentation
Cet ouvrage, paru en 1992 mais qui n’est pas "démodé" pour autant, part du constat que les enseignants (de lettres notamment) considèrent les corrections comme des tâches certes obligatoires mais qui deviennent parfois de véritables corvées tant ils ont l’impression que cela leur prend beaucoup de temps pour un résultat moindre auprès des élèves que seule la note intéresse. De leur côté, les élèves semblent effrayés par des copies soigneusement corrigées où l’enseignant a pris soin de repérer toutes les erreurs mais qui se trouvent couvertes d’encre rouge !
Les auteurs ont le principal souci de démontrer dans cet ouvrage comment on peut corriger "utile" pour que cela devienne un moyen supplémentaire de former les élèves à partir de leurs propres erreurs.
Ils nous apportent un autre regard sur la façon de corriger les copies, nous amènent à nous interroger sur nos pratiques, nos annotations, à nous remettre parfois en question pour être plus efficaces auprès de ceux qui ont le plus besoin de nous, à savoir les élèves en difficultés.

Quelques points analysés

 La première question à se poser pour aider les élèves à progresser en corrigeant leurs copies est : que vais-je écrire sur la copie, quels types d’annotations, à quoi ces remarques vont-elles servir ? Les annotations doivent guider l’élève pour comprendre ce qu’il a réussi, là où il a échoué et pourquoi. Très vite il apparaît que sans critères clairement définis entre l’enseignant et les élèves, les annotations seront moins profitables.
 Utiliser des critères dans l’évaluation des copies semble indispensable pour pouvoir dialoguer avec l’élève sur ce qu’il a réussi ou n’est pas parvenu à faire. De plus, cela lui permet de reprendre ce qu’il n’a pas su faire pour progresser. Il faut lui donner la possibilité de s’améliorer à partir d’un contrôle (remédiation) et avant le prochain contrôle. Il a le droit de se tromper sans être noté.
 L’ouvrage s’interroge donc sur l’utilité des corrections collectives qui nous donnent bonne conscience mais sont souvent une perte de temps. Les auteurs proposent à la place des exercices individuels comme "Nomme une ou deux de tes réussites. Nomme une ou deux de tes erreurs et, pour chacune, propose une amélioration." En verbalisant ses réussites et ses échecs, l’élève prend davantage conscience de ce qu’il devra faire dans un prochain devoir pour ne pas renouveler ses erreurs. Il est amené à avoir un nouveau regard sur sa copie qui n’est plus une simple évaluation de ce qui a été fait mais qui devient une aide de ce qu’il lui reste à faire pour progresser. "L’évaluation passe du statut d’outil à la disposition de l’enseignant pour contrôler, au statut d’outil à la
disposition de l’élève pour apprendre."
 Autre point abordé : le désir fréquent chez l’enseignant d’ être exhaustif sous prétexte qu’il faut, par exemple, souligner absolument toutes les erreurs pour que les élèves et leurs parents aient le sentiment que la copie a été corrigée "avec sérieux". Avoir des objectifs de correction sans être trop ambitieux, cibler les priorités liées à chaque enfant est nécessaire.
 Enfin, les auteurs de cet ouvrage expliquent clairement la différence entre évaluation
formative et sommative, montrent que les deux types d’évaluations sont nécessaires. Ils exposent aussi pourquoi il est préférable de ne pas noter une évaluation formative pour qu’elle conserve toute son efficacité auprès des élèves : "le formatif a besoin de paroles et la note ne parle pas !" ; de plus la note a des représentations fortement connotées qui nuisent au bon apprentissage.

Cet ouvrage court, rempli d’exemples concrets et de tableaux récapitulatifs, se lit aisément et ne peut que nous amener à nous interroger sur nos pratiques quotidiennes…

Sylvie Boiton