Un "Phoenix" allemand renaît de ses cendres. A voir actuellement au cinéma publié le 04/02/2015
Il est des circonstances qu’on ne maîtrise pas. On a beau aspirer à plus de légèreté intérieure, comme le revendique si bien le philosophe Gilles Lipovetsky dans son dernier essai ("De la légèreté, vers une civilisation du léger"), des vents contraires s’y opposent et en décident autrement sans qu’on sache vraiment pourquoi. Après avoir lu le roman grave et ô combien dérangeant de Valentine Goby, "Kinderzimmer", couronné par le prix des Libraires 2014, on peut légitimement penser qu’on ne peut pas tomber psychologiquement plus bas. Cette lecture est en effet à cet égard une bonne préparation au film "Phoenix".
"Phoenix", c’est le nom d’un cabaret qui renaît à la fin de la guerre, à Berlin. Un lieu de vie en somme où s’encanaillent les hommes qui viennent écouter les airs à la mode. C’est là que travaille un certain Johnny qui se fait appeler à présent Johannes. De prime abord, il s’agit d’un homme brutal, grossier et mauvais.
Le film raconte l’histoire de Nelly (incarnée par la stupéfiante Nina Hoss), une Juive berlinoise survivante de l’Holocauste. De retour d’Auschwitz, Nelly a un visage détruit, ravagé par la guerre. Elle reprend pied dans la vie grâce au nouveau visage que lui a modelé un chirurgien et au soutien indéfectible de son amie Lene. Cette dernière propose au reste à Nelly de quitter l’Allemagne pour la Palestine, mais son amie n’a de cesse de retrouver son mari, Johnny, qu’elle idéalise (joué à l’écran par le remarquable Ronald Zehrfeld). Quand elle le revoit, il ne la reconnaît pas. Individu pervers et manipulateur, mu par l’appât du gain, il lui propose de se faire passer pour son épouse car sa femme, qu’il croit morte, est l’héritière d’une grande fortune. Nelly accepte de jouer le rôle de son propre double.
Un film pour quelle exploitation ?
La thématique du double est très intéressante et particulièrement adaptée au programme de littérature de première et terminale. On peut très bien s’imaginer présenter certaines scènes aux élèves car le niveau de langue est vraiment accessible à des lycéens. Petzold réussit par ailleurs parfaitement à recréer l’ambiance du Berlin dévasté de l’après-guerre. Le texte de Kurt Weill "Speak low" (1943) est mis à l’honneur et joue un rôle déterminant dans ce thriller psychologique de haute volée.
Pour aller plus loin :
— Voir la bande annonce du film sorti le 26 janvier en France.
— Lire l’interview de Nina Hoss ("Mal etwas wieder empfinden") dans le Vocable n°695 du 22 janvier 2015 p.6
— Lire la présentation du film sur le site de la Deutsche Welle
— Voir le reportage que lui a consacré la chaîne ARTE
Livret pédagogique en allemand
Présentation du film