Enseignement de l'anglais en SEGPA et continuité pédagogique publié le 12/05/2020

Témoignages et exemples de travaux d'enseignantes d'anglais exerçant en SEGPA

Les élèves de SEGPA présentent des besoins renforcés d’accompagnement. Ces besoins se font ressentir de manière plus aigüe pendant cette période de confinement car l’enseignement à distance fait souvent appel à l’autonomie des élèves. Les élèves de SEGPA manquent souvent d’autonomie que ce soit dans la réalisation des tâches ou dans l’utilisation du numérique. Des difficultés auxquelles peuvent se rajouter des problèmes d’accès aux outils numériques et un accompagnement familial inégal.

Quels sont les points de vigilance ?

  • Utiliser des moyens de communication simples (et de préférence connus des élèves), éviter de multiplier ces canaux de communication.
  • Chercher, dans la mesure du possible, à intégrer le travail demandé en anglais, dans un plan de travail global. S’adapter au fonctionnement existant de l’équipe de SEGPA. La concertation est primordiale. Les enseignants sont spécialisés dans la prise en charge de ces élèves et connaissent bien le fonctionnement de chaque élève.
  • Veiller à adopter un enseignement explicite. La compréhension des consignes constitue souvent une barrière à la réalisation des tâches scolaires. Utiliser une formulation simple et fractionner le travail en étapes avec une consigne claire pour chaque étape. Des repères visuels (code couleur, symboles) guident les élèves.
  • Adopter une approche « en spirale » : revenir souvent sur ce qui a déjà été vu, tout en avançant petit à petit.
  • Faire des activités simples, ludiques et motivantes : des jeux lexicaux, un travail d’enrichissement des connaissances culturelles des élèves, par exemple.
  • Garder un lien fort avec les élèves, tout en acceptant que les apprentissages en anglais ne fassent pas partie des priorités des élèves pour qui il est parfois difficile de tout mener de front….
  • Il peut être utile d’établir des liens avec les enseignements professionnels dispensés dans votre établissement parmi les champs suivants :
    • habitat (construction aménagement de bâtiments)
    • hygiène - alimentation - services
    • espace rural et environnement (dont fleurs, fruits et légumes, jardinage et aménagement de l’espace)
    • vente - distribution - magasinage (commerce et transports)
    • production industrielle

Trois enseignantes de l’académie, Mmes Afonso, Le Quilliec et Puaud ont accepté de faire un retour par rapport à leur expérience d’enseignement en SEGPA pendant le confinement. Leurs témoignages contiennent des pistes de réflexion qui resteront valables au-delà de cette période.

 

NB : Les supports présentés dans les annexes ne prétendent pas être des modèles parfaits mais sont des exemples de pratique tout à fait intéressants. Nous remercions les trois enseignantes pour ce partage.


Témoignage de Mme Jennifer Le Quilliec, enseignante d’anglais au collège Georges Clémenceau à Cerizay intervenant en 6ème, 5ème, 4ème et 6ème SEGPA

« La continuité pédagogique représente un défi pour toutes les classes et d’autant plus avec des élèves relevant de la SEGPA, car ce sont des élèves qui ont besoin d’être rassurés, accompagnés et guidés dans leurs apprentissages, or le confinement « entrave » quelque peu ce besoin en raison de la distance…

  • 1. Rassurer mes élèves de SEGPA, a donc été ma première priorité. En classe, cela passe habituellement par les rituels et la répétition. Les deux premières semaines du confinement, ont été consacrées à des révisions pour répéter ce qui avait été vu juste avant. Nous avions travaillé l’alphabet depuis plusieurs séances et le fait de continuer sur ce thème était rassurant, je leur ai proposé un menu de plusieurs activités au choix (déjà faites en classe et des nouvelles), des vidéos, des chansons et des jeux à faire en famille (pendu en anglais ou concours d’orthographe). J’appelle cela un menu car chaque élève choisit ce qu’il veut / peut faire en fonction de ses capacités et du contexte dans lequel il travaille : les plus faibles pouvant refaire les activités / exercices déjà faits et corrigés en classe et les plus à l’aise pouvant aller plus loin et s’initier à de nouvelles activités.
    A l’issue de ces deux semaines, tout le monde (élèves, professeurs et parents) semblait un peu plus à l’aise et rassuré avec le travail à distance et les outils numériques mis à disposition. Pour ma part, j’ai fait le choix de ne pas multiplier les outils pour ne pas les perturber. Je suis restée sur ce qu’ils connaissent déjà et utilisent régulièrement (pronote, I cart) et des fichiers simples à ouvrir avec des activités proposées. Les fichiers audios sont déposés sur Pronote également afin de limiter les manipulations vers divers sites internet.
  • 2. Le confinement étant appelé à durer, j’ai décidé de commencer une nouvelle séquence à distance mais très guidée en les accompagnant pas à pas avec des consignes les plus claires et précises possibles en français pour que le travail leur semble toujours rassurant et surtout faisable !
    La nouvelle séquence concernait la météo (thème généralement vu en primaire). Toujours pour rassurer, j’ai envoyé aux élèves le plan de séquence habituel avec les objectifs et les trois tâches proposées (apprendre un poème, découvrir les Iles Britanniques et présenter un bulletin météo).

Mise en œuvre des activités proposées chaque semaine :

Tout d’abord je les ai informés que je ne leur donnerai du travail qu’une fois par semaine, chaque vendredi, afin qu’ils disposent d’une semaine complète pour faire leur fiche. Le but : limiter le stress en leur laissant assez de temps pour rendre leur travail puisque l’échéance est assez longue et donc plus flexible pour gérer le travail en même temps dans les autres matières. Cela ne les contraint pas non plus à devoir se connecter tous les jours ou presque pour voir quand le travail « tombe ».

Ensuite la fiche d’activité est toujours présentée de la même manière et adaptée aux dyslexiques (mise en forme, police, taille, repères visuels mais pas trop …), les activités sont variées et de difficulté croissante. Lorsque la fiche est un peu plus longue avec plusieurs activités, les dernières sont optionnelles. Chacun choisit et est encouragé à aller le plus loin possible en fonction de ses capacités. Les consignes sont en français pour assurer un maximum de compréhension de la part de l’élève mais aussi d’un proche amené à l’aider. Celles-ci commencent par une image représentant l’action attendue (lire, écrire, écouter), un doigt qui pointe la consigne puis le verbe à l’impératif en rouge, gras et surligné.

Je favorise souvent les activités les invitant à relier des mots à des images pour assurer un maximum de compréhension tout en limitant l’écriture (difficile pour eux). Toutefois, l’expression écrite est proposée ponctuellement, pour les rassurer en recopiant et en réutilisant les structures vues juste avant.

Les images et autres pictogrammes sont indispensables : ils facilitent l’accès au sens et rendent les documents plus vivants et attrayants pour les élèves. Les couleurs permettent aussi de mieux organiser les activités en rangeant les mots. Par exemple, tous les pays écrits en rouge, tous les adjectifs en vert …

Le recours à l’exemple est intéressant car c’est une explicitation de la consigne. C’est une illustration de ce qui est attendu car elle permet aussi au professeur de montrer (à distance) à ses élèves comment présenter et organiser les réponses de son exercice (méthodologie). En effet, le recours aux couleurs et fluos est utile pour les consignes mais les élèves ont aussi tout à gagner en reproduisant des codes couleurs dans leurs réponses, cela les guide et les aide à mieux construire et organiser leur pensée et leurs phrases et à mieux se repérer et s’orienter dans la phrase, le texte, le document.

Pour aller plus loin et rendre les activités encore plus accessibles aux élèves de SEGPA, il serait intéressant d’enregistrer les consignes avec un dictaphone afin de varier les supports de réception et donc de compréhension. En effet même s’il y a des pictogrammes, les consignes sont toutes écrites, ce qui peut constituer un obstacle pour un élève souffrant de troubles dyslexiques et se retrouvant peut-être face à sa fiche d’activité tout seul chez lui… J’avoue ne pas avoir été jusque-là par manque de temps car je tiens aussi à fournir ce type de fiche à tous mes autres niveaux du général dans lesquels les élèves à besoins éducatifs particuliers sont aussi présents et ont aussi besoin de ces adaptations.

Les retours de travaux hebdomadaires montrent que les élèves parviennent à travailler à distance et à aller souvent jusqu’au bout des fiches, ce qui est assez positif et encourageant. »

Ressources :

  • Livre servant de guide pour enseigner l’anglais aux DYS.
    L’Anglais pour les dyslexiques - Tome 2 (PDF de 4.1 Mo)

    Pour parents, professeurs et accompagnants des élèves dyslexiques - Auteur : Odile Golliet.

  • Travaux de Natacha Gousserey-Bénard (enseignante d’anglais et formatrice dans l’académie de Poitiers)

Vous trouverez des exemples de plans de travail proposés par Mme Le-Quilliec en annexe.


Témoignage de Mme Bernadete Afonso, Collège Hélène de Fonsèque, Surgères. Quelques pistes pour enseigner l’anglais en 6ème et 5ème SEGPA

Ces pistes sont transférables en 3ème et 4ème.

« Pendant le confinement, mon objectif n’était pas de faire un cours tel que l’on pourrait le faire en classe. Les élèves devaient pouvoir travailler à leur rythme, quasiment en autonomie grâce au guidage de l’enseignant à distance, apprendre des choses nouvelles, consolider ou réactiver des notions déjà vues en classe et surtout prendre un peu de plaisir.

Conseils

  • 1) Faire un état des lieux, un point TICE
    Avant toute chose il faut sonder les élèves et les familles afin de savoir qui peut avoir accès ou non aux documents sur Pronote. Le professeur principal, l’équipe enseignante ainsi que notre directrice de SEGPA ont su me renseigner rapidement.
  • 2) Proposer des activités sous deux formes : papier et numérique
    • a) Proposer des activités papier pour les élèves n’ayant aucune connexion qui leur seront envoyées par courrier. C’est notre directrice de SEGPA qui se charge de les photocopier et de leur faire parvenir.
    • b) Proposer des activités réalisables sur un ordinateur, smartphone ou tablette, pour leur permettre de compléter le document en ligne

Il est important de créer des documents qui soient transférables sous forme numérique pour éviter une surcharge de travail. On peut prendre des images sur internet et les utiliser dans un quiz papier ou numérique. Il est possible de créer des quiz soit sur Pronote soit sur le site la Quizinière. L’avantage est que l’on peut entrer la bonne réponse dans ces logiciels et ils corrigent le travail à votre place. Il ne vous reste plus qu’à scanner le document et rédiger quelques commentaires sur la copie de l’élève avant de lui mettre à disposition pour consultation.

  • 3) Choisir un thème nouveau chaque semaine : choisir des thèmes assez généraux
    Exemple 1 : vous souhaitez travailler sur la nourriture (tâche finale : réaliser une recette)
    Voir dans l’article joint le tableau présentant le travail réalisé sur 3 séances, avec indication des attendus pour les élèves disposant d’une connexion Internet d’une part et ceux qui n’en disposent pas d’autre part .
  • 4) Proposer des activités courtes
    Les élèves ne sont pas tous très à l’aise avec la langue. Les parents se sentent parfois dans l’incapacité d’aider leurs enfants pour faire un devoir d’anglais. Il ne faut donc pas les rebuter en proposant des activités longues. Il faudra reprendre en classe ce qui aura été fait à la maison et ce n’est pas le moment de proposer une séquence sur deux semaines car les élèves s’essoufflent rapidement.
  • 5) Varier les supports
    • a) ressources pour créer ses propres activités
      • pour les exercices interactifs : learning apps, quizlet, la quinizière (pour créer QCM/ textes à trous), pronote (Quiz)
      • pour des exercices version papier : puzzle-maker.com (par exemple)
    • b) Ressources (activités prêtes à l’emploi)
      • learning apps
      • iSLCOLLECTIVE
      • site de l’académie de Poitiers
      • RESCOL 1 (site de Michèle Henry, académie de Nancy-Metz)
  • 6) Garder le même déroulé
    Cela peut paraître monotone mais peut être sécurisant pour les élèves.
    Toujours proposer une tâche finale qui pourrait avoir un lien avec leurs intérêts d’adolescent (faire des vidéos, des photos, du scrap, chanter en karaoké...) »

Témoignage de Mme Carole Puaud, collège Denfert Rochereau, Saint Maixent

  • « L’équipe de SEGPA du collège Denfert Rochereau a décidé d’utiliser l’application Klassroom afin de permettre un suivi plus personnalisé avec les élèves. Ainsi, chaque classe de SEGPA a été créée sur cette application. Les élèves, les professeurs et les parents ont tous reçu une invitation pour s’inscrire. En tant que professeur, je peux poster le travail à faire et communiquer avec mes élèves de manière collective ou individuelle.
  • En termes d’activités, je leur propose sous format PDF des activités rebrassant des outils et structures déjà étudiés en classe, afin de ne pas les "perdre" davantage. Par contre du nouveau vocabulaire est introduit régulièrement.
  • Ils ont une semaine pour faire les activités. A eux de s’organiser comme ils le souhaitent ensuite, du moment que le travail est fait pour la date indiquée. Cela leur permet de travailler chacun à leur rythme, et de me poser des questions s’ils rencontrent des difficultés.
    Ce procédé est en lien avec la nouvelle méthode que je teste au collège depuis septembre 2019 (aménagement flexible de la classe et activités en autonomie selon le rythme et les besoins des élèves).
  • Une correction commune du PDF est proposée après la date butoir pour rendre le devoir.

Enfin, pour proposer des activités interactives, l’outil Genial.ly que j’ai découvert cette année me semble tout à fait propice à cette période d’enseignement à distance. »

Documents joints

Anglais 6ème - Semaine 4.

Anglais 6ème - Semaine 3.

Anglais 6ème - Semaine 5.

Anglais 6ème - Semaine 6.

Anglais SEGPA 4ème - Auteur : Carole Puaud.

version complète de l’article